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Ainsi va le monde! Et la France?
Hier des salariés étaient dans la rue parce qu’on veut les rendre de plus en plus flexibles pour qu’ils courbent le dos devant les patrons. Chez ces derniers, on dénombre 200 milliardaires de plus dans le monde. Ils sont 1.426 au total et parmi eux, deux Français sont montés à la 9e et 10e places de ce classement. Le record est battu avec une fortune cumulée de 5.400 milliards de dollars, soit 800 milliards de plus que l’an dernier. Dans le monde, les riches sont devenus plus riches pendant que les autres paient la crise financière par des politiques d’austérité et des reculs sociaux sans précédent.
Liliane Bettencourt est sacrée la femme la plus riche au monde. Elle occupe la neuvième place avec ses trente milliards de dollars. Elle a devancé, cette année, l'Américaine Christy Walton, héritière de la chaîne d'hyper-marchés WalMart, qui était depuis sept ans la femme la plus riche au monde (11e, 28,2 milliards). Derrière la Bettencourt, Bernard Arnault, propriétaire du groupe de luxe LVMH, suit à la dixième place, avec une fortune estimée à 29 milliards de dollars.
Les Suisses, par référendum, ont clamé leur raz le bol. Ils ont largement approuvé ce dimanche 3 mars 2013 la mise en place d’un système de contrôle sur les rémunérations des patrons des grandes entreprises. L’initiative, lancée par Thomas Minder, chef d’entreprise et sénateur, a recueilli 68% de votes favorables.
Hollande avait lancé, pendant la campagne, l’imposition à 75% des grandes fortunes. On peut penser aujourd’hui qu’il savait cette promesse intenable et la Cour de cassation a retoqué la loi faite rapidement et évacuée aussi rapidement. Depuis son élection, il n’a cessé de donner des signes approbateurs à la droite et au patronat. L’accord ANI signé par le Medef avec trois syndicats minoritaires est une atteinte grave au droit du travail. Lui et son gouvernement l’approuvent. Parmi les syndicats signataires, on peut s’interroger sur la direction de la CFDT qui, depuis Nicole Notat, accompagne des reculs sociaux. Son successeur François Chérèque a poursuivi cette collaboration avec le patronat. Si on suit la carrière des secrétaires généraux de ce syndicat, il y a de quoi rester dubitatif.Depuis 2003, ces deux dirigeants de la CFDT ont fait des concessions étonnantes et accepté des reformes antisociales. En auraient-ils été récompensés après leur départ ?
Nicole Notat, en quittant son premier rôle syndical, crée Vigeo, société européenne d'évaluation des performances sociales et environnementales des entreprises RSE. En tant que présidente de Vigeo, elle a repris l'agence ARESE, fondée par Geneviève Ferone, première agence de notation sociale en France. Elle est membre du conseil d'orientation du think tank « En Temps Réel ». Elle a aussi participé à quelques travaux de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde). Elle est membre du club Le Siècle dont elle assure la présidence depuis le 1er janvier 2011. Elle a été désignée par le Conseil européen membre du Groupe de Réflexion sur l'avenir de l'Europe présidé par Felipe Gonzalez et rattaché au Conseil européen. Le groupe a pour mission de proposer au Conseil européen de mars 2010 une feuille de route stratégique pour l'Europe à l'horizon 2020-2030. Elle est membre du conseil d'administration de la Coface (Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur) et du conseil de surveillance du Monde S.A.. Depuis novembre 2011, elle est médiatrice dans le cadre de la mise en place des nouveaux horaires par la SNCF et RFF. En janvier 2013, elle devient la chef de file du groupe de travail « Promouvoir et valoriser l'entrepreneuriat responsable » des futures assises de l'entrepreneuriat, sous l'égide de la ministre Fleur Pellerin.
François Chérèque vient de quitter, fin 2012, le secrétariat général de la CFDT. Le 3 janvier 2013, il est nommé inspecteur général des Affaires sociales en conseil des ministres à compter du 7 janvier 2013, avec le statut de haut-fonctionnaire. Il est également élu Président du think-tank « Terra Nova » le 12 janvier 2013.
Avant de partir pour une carrière de haut fonctionnaire et présider un laboratoire d'idées progressistes (quel progrès?) indépendant fondé en février 2008 ayant pour but de produire et diffuser des solutions politiques innovantes, en France et en Europe. Il a mis sur les rails de la social-démocratie son successeur.
Le libéralisme économique a progressé dans la parti socialiste et à la CFDT. Ils s’associent avec la droite pour entériner un recul social qui a mis des milliers de travailleurs dans la rue hier.
C’est le moment que choisit Sarkozy pour dire qu’il se fera un devoir de revenir en politique pour ne pas laisser la France aux mains des extrémismes de droite et de gauche. Il pourra compter sur Liliane Bettencourt pour financer une nouvelle campagne si on en croit une affaire judiciaire en cours qui traîne du côté de Bordeaux.
Loin de la France, Hugo Chavez est mort. La presse et les politiciens de droite se déchaînent contre lui et les sociaux démocrates de gauche se démarquent du défunt. Aucun ne revient sur la situation des Vénézuéliens avant Chavez. On critique son humour trop provocateur et ses visites amicales chez des dictateurs comme s’il avait été le seul à le faire. On lui reproche d’avoir alimenté le culte de sa personnalité sans prendre en compte le contexte sud-américain. Chavez a eu un seul vrai tort aux yeux de ses détracteurs, c’est celui d’avoir nationalisé la production pétrolière pour sortir son peuple de la misère et d’afficher son opposition à l’impérialisme capitaliste des USA. On ne lui pardonne pas sa politique sociale contre l’ultralibéralisme qui réalisait d’énormes profits sur le dos des Vénézuéliens.
Elu avec 56% des voix en 1998, il a été réélu avec 60% en 2000. Le 12 avril 2002, après le lancement d'une grève générale illimitée, Hugo Chavez est évincé du pouvoir par un bref coup d'Etat mené par une frange de la hiérarchie militaire, et le pouvoir est confié à un éphémère "gouvernement intérimaire" dirigé par le chef de la confédération patronale, Pedro Carmona (entrepreneur). Moins de quarante-huit heures plus tard, M. Chavez, soutenu par des manifestants et une partie de l'armée, regagne triomphalement son palais présidentiel de Miraflores, à Caracas. Le coup d’état fomenté par le patronat vénézuélien et peut-être aidé par les Américains a échoué face à la volonté populaire. Il a obtenu 60% des suffrages à tous les votes qui ont suivi. Lui, au moins, il avait le soutien de son peuple.
Il n’est pas question de faire d’Hugo Chavez un dieu mais de dénoncer un lynchage médiatique dont la mauvaise foi est dictée par l’ultralibéralisme répandu, en France, chez tous les nantis de la presse et de la politique. L’homme est mort. Ils veulent tuer ses idées et son action politique. Nous avons bien compris que François Hollande n’est pas Hugo Chavez et qu’il est de plus en plus proche de Sarkozy.
Revenons à l’accord signé en janvier dernier par le patronat et trois syndicats minoritaires. Emmanuel Maurel, secrétaire national socialiste, dit ouvertement que l'ANI "reprend les fameux accords compétitivité-emploi de Sarkozy, que François Hollande avait condamnés il y a un an avec beaucoup de force". Sur la gauche du PS, on s'inquiète en constatant le "virage libéral" de François Hollande et de son gouvernement. Alors, l'accord sur l'emploi a-t-il copié les propositions de Sarkozy ?
Que proposait Nicolas Sarkozy ?Permettre aux entreprises de négocier le temps de travail de leurs salariés en fonction de l'activité économique. En cas de charge de travail forte, les salariés pourraient travailler plus, et ils travailleraient moins lors des périodes difficiles, en échange de garanties concernant les emplois. Aux salariés et à l'entreprise de négocier les autres conséquences possibles, maintien ou non du salaire notamment.
Qui réclamait cet accord ? Le Medef.
Qui la signait avec le patronat : la direction de la CFDT convertie à la social-démocratie depuis plusieurs années, la CFTC et la CFE-CGC. La CFTC est un syndicat qui dit s’inspirer de la morale chrétienne. Par scission, il a donné naissance à la CFDT. Le syndicat des cadres CFE-CGC a toujours été marqué à droite. Un trio de dirigeants socio-libéraux.
Le gouvernement est à la manœuvre. Le texte sera présenté aujourd'hui en Conseil des ministres pour un examen, ensuite début avril à l'Assemblée et fin avril au Sénat. «Début mai, il sera applicable», s'engage Michel Sapin. Il appelle déjà à ne «pas trop» modifier le projet de loi. Olivier Faure, ancien collaborateur de Jean-Marc Ayrault à Matignon, saluent «une nouvelle ère pour le dialogue social». Ils pourront compter sur la droite qui n'entend pas faire barrage.
La loi ira en avril devant le parlement. Florence Parisot a demandé à la droite de voter. Ce succès affiché lui vaudra de retrouver son fauteuil de présidente du Medef. En revanche, le parti socialiste risque de se prendre un revers électoral dès 2014. Hollande est au plus bas dans les sondages, ce qui donne de l’espoir à Sarkozy, qui reste à l’affut. A la gauche du PS, on réclame «Maintenant la gauche», mais le capitaine de pédalo a mis résolument le cap à droite.
Avec leur 1.400 milliards de dollars, les riches capitalistes peuvent rester assis sur le Monde. Avec Hollande et Sarkozy en France, Liliane Bettencourt et Bernard Arnault pourront grimper au hit parade des riches.
Les milliardaires ont leur classement Forbes. Plus ils montent haut, plus ils montrent leur derrière. Eux et leurs chiens de garde pourraient un jour se le faire botter.
Pidone
Tags : Chavez, Vénézuela, ANI, Hollande, Sarkozy, Chérèque, Notat, PS, Bettencourt, Arnaud
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