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Attaque à mots armés!
Attaques cinglantes contre la justice, appels à la démission du préfet de police, du ministre de l'Intérieur, soutiens implicites aux éléments les plus radicaux présents dans la manifestation contre le mariage gay… la droite sarkozyste s'est lancée dans une stratégie de surenchère qui recueille la bienveillance de la plupart des médias comme si Sarkozy était encore président de la république. Ce sont les mêmes médias qui sautent sur le poil de Jean-Luc Mélenchon et de tous ceux qui sont classés à l’extrême-gauche (comme si une Gauche existait encore en France avec le Parti social-démocrate qu’est devenu le PS) dès que les rédactions pensent pouvoir casser les leaders. Lorsque des dirigeants du Parti de gauche, dans leur congrès, parlent des 17 salopards qui ont voulu imposer à Chypre une taxe sur les dépôts bancaires sans épargner les petits revenus et que parmi ces salopards il y a notre ministre des Finance, les journalistes demandent à Jean-Luc Mélenchon de s’expliquer sur le terme de salopard employé par François Delapierre et sur la description qu’il a faite lui-même de Moscovici. Aucune question n’est posée sur les propositions portées par Jean-Luc Mélenchon sur le congrès et son contenu politique. Aucun compte rendu de ce congrès n’est fait en dehors des « mots » qui choquent et qui en définitive sont nécessaires pour se faire entendre. Il faut piéger les rédactions pour avoir la parole. Elles dévoilent alors pour qui et contre qui elles roulent. L’objectivité n’est pas la qualité la plus partagée par certains journalistes qui ont surtout le souci de préserver leurs postes et leurs revenus. Et puis il y a les mercenaires dont la mission est de démolir les personnalités du Front de gauche. Ce sont tous ces journalistes-ventouses qui servent le système dont ils sont issus. Ils forment la caste préférant banaliser le Front national et diaboliser le Front de gauche que donner une information impartiale.
Que ces journalistes et la droite jouent ce jeu, il n’y a rien de surprenant mais que François Hollande se mêle à la controverse en restant au premier degré des «invectives » relevées, cela montre son autisme politique. Des "visiteurs du week-end" auraient ainsi entendu et raconté au Canard enchaîné les propos du Chef de l’état : « Mélenchon ne se contrôle plus. Ce qu'il a dit sur Moscovici est scandaleux. Il ne faut rien laisser passer à ses insultes. C'est un homme exalté qui s'est laissé prendre par l'exaltation de la campagne présidentielle et qui a tout perdu aux législatives. Il a un ego totalement exacerbé. Il joue la provoc pour se remettre au milieu du jeu”. Jean-Marc Ayrault serait allé plus loin et aurait demandé au patron du PS de ne rien laisser passer avec cet argument : « Le discours de Mélenchon, c'est du Déat et du Doriot réunis. Mélenchon parle comme Le Pen. Il excite tout le monde, c'est dangereux”. Harlem Désir a ainsi vu chez Jean-Luc Mélenchon "des thèmes et une rhétorique de l'extrême droite des années 30". Manuel Valls a fait du Jean-Marc Ayrault dans le texte le 25 mars sur RTL : « Les propos de Jean-Luc Mélenchon participent de cela. Ils sont inacceptables. Il ne sert à rien de courir derrière l'extrême droite dans son langage”. C’est Valls qui ose dire cela, alors que lui-même ne court pas uniquement dans le langage après l’Ump qui court après le FN.
Le Chef de l’Etat et les socialistes ont servi du pain béni à des médias qui n’en attendaient pas autant. Dans leurs réactions disproportionnées, on peut voir une déclaration de guerre politique mais on ne trouve aucune ouverture sur une politique résolument à gauche. Que l’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas Mélenchon qui est à abattre mais les idées qu’il porte haut et fort chaque fois qu’il arrache des interviewes en semant quelques appâts verbaux. Ce sont ces attaques à mots armés qui lui permettent de parler des Chypriotes, du système capitaliste mondial, du chômage, de la montée du Front national…etc.
Tags : Mélenchon, Hollande, Ayrault, Valls, Canard enchaîné, France-inter, salopard, FN, UMP, PS
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