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Du gouvernement Fillon au secrétariat Hollande...
Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations depuis le 19 juillet 2012, Jean-Pierre Jouyet a été nommé à la tête du secrétariat général de l’Elysée. Il était précédemment président de l'Autorité des marchés financiers après avoir été secrétaire d'État chargé des Affaires européennes des gouvernements François Fillon. Le 17 octobre 2012, il est nommé à la présidence de la banque publique d'investissement (BPI).
Ce catholique pratiquant est marié avec Brigitte Taittinger, une des petites-filles de Pierre Taittinger, PDG des parfums Annick Goutal jusqu’en décembre 2012. Il a écrit ou coécrit plusieurs ouvrages :
- N'enterrez pas la France, avec Philippe Mabille, Paris, Robert Laffont, 2007. Dans la présentation qui en est faite par l’éditeur nous avons relevé que cet ouvrage… « est né de l'ambition commune d'un acteur et d'un observateur de la vie politique des vingt dernières années qui ont cherché, en ce moment si important pour notre vie démocratique, quelles réformes vont permettre à la France d'éviter le décrochage promis par les Cassandre. Jean-Pierre Jouyet et Philippe Mabille disent, preuves à l'appui, que ce pays va mieux que les Français ne le pensent généralement car nous vivons une période de mutation plus qu'un déclassement. Malgré des poches profondes de précarité, la France reste un pays riche ; sa démographie est la plus élevée d'Europe ; en économie, le secteur privé s'est adapté de façon brillante et depuis dix ans, la gestion des entreprises publiques s'est rénovée ; elle reste la sixième puissance économique mondiale... Sans afficher un optimisme naïf ni sous-estimer les réformes à accomplir, considérons les faits, sachons que l'avenir n'est pas si noir et que la France peut nous étonner ».
- Une présidence de crises, avec Sophie Coignard, Paris, Albin Michel, 2009. Cet ouvrage raconte les six mois de présidence française du Conseil de l'Union européenne. Dans la présentation faite par l’éditeur nous avons noté : « Entre les susceptibilités d'Angela Merkel, la fronde permanente de beaucoup d'anciens pays de l'Est, les réactions souvent imprévisibles du président Sarkozy, Jean-Pierre Jouyet a du déployer des trésors de diplomatie. Soulignant la complexité des mécanismes européens, le dogmatisme de la Commission à Bruxelles, il dévoile la face cachée de cette Europe qui, en pleine panique boursière, a pourtant su se rassembler et, en sauvant in extremis le système bancaire, éviter un vrai krach suivi d'une interminable crise économique comme en 1929… »
- Nous les avons tant aimés, ou la chanson d'une génération, Paris, Robert Laffont, 2010. Ce livre a reçu le Prix du livre politique décerné par les Députés, le 2 avril 2011. Parce qu'il a travaillé auprès de toutes les têtes politiques françaises, entre deux chansons l’auteur brosse de grands portraits personnels et originaux de chacun d'eux. On rencontre Laurent Fabius, Jacques Delors, Nicolas Sarkozy ou Martine Aubry.
Encore un énarque de la promotion Voltaire comme François Hollande et Pierre-René Lemas[1] qu’il remplace à l’Elysée. Il s’agit de l’un de ces hauts fonctionnaires libéraux que l’on retrouve toujours dans les sphères du pouvoir ou des affaires et par lesquels rien ne peut changer. Il suffit de lire quelques renseignements sur sa carrière…
Nommé à l'Inspection générale des financesà la sortie de l'ENA, il occupe ensuite le poste de chef de bureau au service de la législation fiscale au sein du ministère des Finances. Il est, de 1988 à 1991, le directeur de cabinet de Roger Fauroux, ministre de l'Industrie et de l'Aménagement du territoire.
En 1991, il devient chef adjoint du cabinet de Jacques Delors, président de la Commission européenne, puis chef de cabinet de 1994 à 1995.
De 1995 à 1997 il est avocat associé au cabinet Jeantet Associés.
En 1997, il est appelé dans l'équipe de Lionel Jospin, Premier ministre, dont il sera le directeur adjoint de cabinetjusqu'en 2000. À ce titre, il contribue à la préparation de l'entrée de la France dans la zone euro.
En 2000, il occupe ensuite le poste de directeur du Trésor, jusqu'à l'arrivée de Nicolas Sarkozy, ministre de l'Économie et des Finances en 2004. Celui-ci le fait nommer ambassadeur chargé des questions économiques internationales.
Brièvement président de Barclays France en 2005, il est ensuite nommé chef du Service de l'Inspection générale des finances, poste qu'il occupe jusqu'en 2007.
Président d'honneur du club Témoin, où il avait succédé à François Hollande, depuis 1999 et président du club Démocratie en 2000, il est l'un des initiateurs et signataires de l’appel « des Gracques » à une alliance PS-UDF pendant la campagne présidentielle de 2007.
Le 18 mai 2007, il devient secrétaire d'État chargé des affaires européennes auprès du ministre des Affaires étrangères et européennes, Bernard Kouchner, dans le gouvernement de François Fillon. Il a pour mission la préparation et le bon déroulement des négociations de la présidence française du Conseil de l'Union européenne, au deuxième semestre 2008.
À la fin de cette échéance, il est choisi par le président de la République Nicolas Sarkozy pour prendre la tête de l'Autorité des marchés financiers(AMF). Il est nommé par décret du 12 décembre 2008 pour remplacer Michel Prada. Dans le cadre de ses fonctions, il travaille à l'adoption de la loi du 22 octobre 2010 sur la régulation bancaire et financière qui lui confère, ainsi qu'à l'institution qu'il préside, de nouvelles prérogatives et missions. Plusieurs réformes au sein de l'autorité sont mises en application au niveau des sanctions: publicité des sanctions, relèvement du plafond des amendes, mise en place du principe de transaction, droit du collège à faire appel des décisions de la commission des sanctions et au niveau de la défense: davantage de place laissée au contradictoire. Dans la foulée, il demande au législateur l'augmentation des ressources de l'AMF afin qu'elle puisse assurer les nouvelles missions qui lui sont conférées par la loi de régulation bancaire et financière et qu'elle puisse s'adapter aux nouvelles technologies utilisées sur les marchés financiers. Au contraire de son prédécesseur plus technicien, il donne à son mandat une dimension très politique.
Le 19 juillet 2012, il est nommé directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, après avoir obtenu les 3/5es des voix de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale et du Sénat le 10 juillet.
Le 9 avril 2014, M. Jean-Pierre Jouyet vient d’être nommé secrétaire général de l'Elysée et quitte ses fonctions à la Caisse des dépôts et consignations.
En marge de cette nomination, on peut s’interroger sur la suite qui sera donné au dossier de la SNCM qui vient de perdre coup sur coup deux personnalités engagés dans les discussions puisque, à Monsieur Jean-Pierre Jouyet, il faut ajouter que le ministre délégué des transports du gouvernement Ayrault, Frédéric Cuvillier, n’a pas été reconduit par Manuel Valls comme ministre délégué mais comme secrétaire d'Etat sous la houlette de Ségolène Royal avec laquelle les relations s'annonceraient difficiles. Le nouveau secrétaire général de l’Elysée a quitté la CDC en disant : « Concernant la SNCM, je rappelle qu'il y a eu un accord entre l'Etat et Veolia. La Caisse des dépôts n'a, pour ce qui la concerne, aucune responsabilité dans l'origine de cet actionnariat", avant d’ajouter : "Il est hors de question que la Caisse des dépôts en supporte le moindre centime d'euro", en allusion au remboursement des 440 millions d'aides d'Etat réclamé par Bruxelles.
François Hollande a justifié le choix de Jean-Pierre Jouyet en déclarant dans la presse: « L'idée est de faire un changement qui s'inscrit dans le changement. Dès lors qu'une nouvelle équipe s'installait à Matignon, je souhaitais qu'il y ait une nouvelle équipe à l'Elysée ». Jean-Pierre Jouyet est proche du Président de la république et du nouveau Premier Ministre. Quel changement à attendre? Voilà un mot que François Hollande ne devrait plus utiliser tant il est dans la continuité de la politique libérale de Nicolas Sarkozy. Il s’agit d’un resserrement de l’Exécutif pour accélérer la politique libérale de pacte en pacte, de compromis en compromis, de compromission en compromission avec le patronat.
Retenons que Monsieur Jean-Pierre Jouyet, figure de plusieurs cabinets solfériniens, avait créé la surprise en devenant, en 2007, secrétaire d'Etat aux affaires européennes de François Fillon sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il ne reste plus qu’à faire revenir Eric Besson pour s’occuper du nucléaire.
U barbutu
[1] ancien préfet de Corse avent d’être secrétaire général à l’Elysée, Pierre-René Lemas, avait vécu le détournement du Pascal-Paoli, et s'était pris une roquette sous les fenêtres de son bureau ajaccien.
Tags : Jouyet, Elysée, secrétariat, général, Hollande, énarchie, Valls, Fillon, CDC, SNCM
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