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Hollande contre Sarkozy...
L'abstention ne sera pas neutre...
Aujourd’hui entre le Sarkozy plaintif et Hollande prudent, c’est la prudence qui a relevé le débat. Sarkozy s’est voulu combattif et s’est montré inutilement agressif dans tout son discours. Hollande n’est pas tombé dans le piège des insultes. Il a développé une fois encore son programme avant de répondre avec ironie aux basses et mensongères attaques de son adversaire qui a voulu durcir le ton.
Sarkozy a fait son numéro de matamore devant un public acquis et rassemblé à grand renfort de financement de campagne. Il s’est évertué à fustiger ses adversaires par des contre-vérités et des interprétations personnelles avec toute la mauvaise foi qu’on lui connaît. Que retient-on de son programme ? Rien. Il dit simplement que les idées qu’il a développées au premier tour seront les mêmes pour le deuxième tour. Quelles idées en dehors de celles trouvées dans le programme du Front national ? On lui interdirait de parler aux électeurs de Marine Le Pen. Il ne parle pas seulement aux électeurs mais reprend des pans entiers des idées de l’extrême-droite. Sur le plan social, on en reste à l’austérité, à la division des Français, à la casse de ceux qu’il appelle les corps intermédiaires. Il refuse d’être taxé de raciste tout en accusant l’immigration cherchant à profiter de façon éhontée du pays le plus généreux du monde. Il dit qu’il aime ce qui rassemble alors qu’il s’évertue à diviser. Il s’offusque d’une campagne qui tourne à l’affrontement des égos alors qu’il n’a cherché que cela par ses rodomontades et ses mensonges. Il lance l’anathème sur le journal L’Humanité désigné avec mépris comme communiste pour l’avoir comparé à Pétain alors que l’on retrouve dans ses discours et ce qu’il appelle ses convictions des similitudes avec les discours et les slogans des pétainistes. Il suffit de relire des discours de Pétain notamment sur le travail et les corps intermédiaires pour s’en apercevoir. Pétain lui-même avait récupéré le Premier Mai. Bien sûr nous ne sommes pas en 1939 et le quinquennat n’est pas celui de Pétain sous l’occupation. Il ne s’agit pas de collaboration pendant la guerre même si Sarkozy a montré une certaine soumission à la politique de Merkel. Il s’agit de dénoncer un extrême-droitisation de Sarkozy avec les dangers que cela peut comporter.
Il se dit victime d’un procès stalinien en ajourant « on prend des mots et on les sort du contexte ». Curieux retournement de ce qu’il pratique depuis longtemps et dont il vient de faire encore la démonstration par un discours de victimisation qui lui a permis d’éluder encore son bilan et son projet ultralibéral. Il a encore ressorti l’appel des 700 mosquées parmi ses bassesses. Il retourne même son attaque en disant qu’il s’agit d’une manipulation d’un journal de gauche et que, heureusement, les autorités françaises du culte musulman ont démenti les soutiens religieux. Il est revenu sur Tarik Ramadan en affirmant que l’appel de ce dernier à voter contre Sarkozy était un appel à voter Hollande. Il a reproché à Jean-Luc Mélenchon d’être l’ami de Fidel Castro et de considérer ce dernier comme un démocrate alors que le candidat du Front de gauche dit que Cuba n’est pas une dictature au regard du Chili, de la Lybie et autres pays africains dont Sarkozy et d’autres étaient les amis et à qui des armes ont été vendues. C’est oublier ce qu’était Cuba avant Castro. C’est oublier que cette petite île est maintenue sous embargo par les Etats-Unis. Ensuite il reprenait une boutade de Mélenchon en affirmant qu’il incitait les jeunes à faire les poches aux riches, là où il n’y avait qu’un effet oratoire pour fustiger une autre violence faite par les amis de Sarkozy aux jeunes, nous voulons parler de la violence économique.
Une fois de plus, Sarkozy a fait des Musulmans un objet de polémique et de stigmatisation. Son discours mériterait une analyse poussée pour mettre en évidence toute sa mauvaise foi et toute la perversité de son argumentation qui ne cherche que la polémique pour focaliser le débat sur l’immigration et la victimisation de ce Président-candidat qui tente de faire oublier pour qui il a gouverné pendant cinq ans et le sort qu’il réserve au plus grand nombre si, par malheur, il était réélu. En fin de discours, il a fait assaut de démagogie et a réitéré son intention de fermer la frontière aux pays n’appliquant pas la réciprocité économique, chose qu’il n’a pas faite pendant son quinquennat. Il a encore instrumentalisé l’affaire du policier mis en examen pour homicide volontaire et s’est posé en protecteur des policiers, rappelant les blessés et les morts. Il oublie qu’il a diminué les effectifs et rendu plus pénible et plus dangereux le travail des mêmes policiers. Il préfère donner aux policiers un droit de tirer en cas de dangerosité supposée plutôt que de leur donner les moyens humains de faire leur travail avec plus de sécurité pour eux-mêmes et pour autrui.
Sarkozy, après avoir vomi toute son agressivité stérile faute de programme social, a fini dans un excès de lyrisme, visiblement satisfait de lui-même. Il ajoute « On est à fond aujourd’hui et chaque jours on accélère jusqu’au 6 mai ». Sarkozy a donné le ton. Hollande a eu raison de refuser trois débats à celui qui place le débat politique uniquement dans la polémique et la manipulation. Sarkozy n’a rien à proposer en dehors d’un bilan catastrophique et d’une volonté de continuer la casse sociale jusqu’à s’en prendre aux syndicats et à tous les « corps intermédiaires ».
Ce n’est pas un discours de Président de la république mais celui d’un conseiller municipal. Que peut-on retenir ? Rien en dehors de ses thèmes favoris : l’immigration et la sécurité. Le Président sortant a un passif mais n’a toujours pas de programme en dehors d’une ligne de conduite ultralibérale et de son intention de s’en prendre aux syndicats et aux fonctionnaires.
A Limoges, François Hollande a mené une offensive finale qui a démontré la différence de ton et d’intelligence avec un Sarkozy qui venait de mettre le débat au raz des pâquerettes au risque d’aller mordre la poussière. François Hollande a défendu son programme en argumentant là où son outsider n’a plus rien à dire. Même si nous n’adhérons pas à ce programme pas assez ambitieux dans son orientation sociale, Nicolas Sarkozy nous a renforcé dans la nécessité de son départ pour que le débat politique s’apaise et que la France retrouve une meilleure image dans la communauté européenne et au delà. Bien sûr, François Hollande a répondu aux attaques « comiques » de Sarkozy et à son florilège de mensonges. Il a fait valoir que si lui-même s’était adressé aux électeurs du Front national, il l’avait fait sans concession et n’avait repris aucune idée d’extrême-droite contrairement à son adversaire. Il a utilisé le terme de « transgression » pour la droite décomplexé que Sarkozy rapproche de l’idéologie du FN.
Sarkozy a donc une fois encore fait la démonstration que son discours n’apportait aucune solution à la crise économique et aucune perspective au « vivre ensemble » dans une France juste. Là où il divise les Français en contradiction avec ses élans lyriques (plus électoralistes que sincères), François Hollande a montré son désir de rassembler par un discours s’adressant à tous sans stigmatiser quiconque.
Ne ratez pas le 6 mai l’occasion de remettre la France à la hauteur de son histoire sociale et sur le chemin retrouvé de la justice sociale! Ne laissez pas Sarkozy enfoncer ce vieux pays dans la médiocrité culturelle et politique ! Lui donner cinq années de plus, c’est lui permettre de continuer la casse sociale et d’amener au pouvoir l’extrême-droite, héritière d’un passé que d’aucuns veulent taire.
Le 6 Mai, l’abstention sera un vote pour Nicolas Sarkozy si c’est lui qui est élu. Un vote pour Hollande n’est pas un blanc seing donné. Suivront les législatives qui permettront de peser sur sa politique.
Voter Hollande le 6 mai est un vote citoyen et non pas un soutien inconditionnel.
Ne pas voter, c’est prendre le risque de le regretter et la responsabilité de laisser le pouvoir à Sarkozy et ses amis. C’est prendre le risque d’un déclin irréversible de la France sur tous les plans.
Le 6 mai, l’abstention sera un vote responsable et non le simple refus d’un choix. Le rejet des deux candidats favorise forcément un candidat. Ne pas voter à Gauche, lorsqu’on se dit de gauche, c’est voter à droite si la droite l’emporte. Ne pas voter, c’est voter contre le perdant et pour le gagnant. Ce n’est donc pas neutre comme certains le pensent.
Signé: Battone
Tags : Sarkozy, Hollande, PS, UMP, FN, Front de gauche, Mélenchon, extrême-droite
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Commentaires
1BrutusVendredi 4 Mai 2012 à 22:19Ne pas voter c'est refuser tout simplement l'un et l'autre...Répondre-
Manca alternativaSamedi 5 Mai 2012 à 13:33C'est un choix respectable mais qui n'est pas neutre dans la mesure où "ne pas voter" participe à l'élection de celui qui sort en tête. "Ne pas voter", c'est dire que les deux candidats se valent mais, dans les faits, c'est en laisser un arriver en tête. Ce "non choix" n'est pas pris en compte et c'est cela qui ne le rend pas neutre. Si les votes blancs étaient des votes de blocage à partir d'un certain pourcentage, ils auraient leur propre signification. Ce nest pas le cas. On ne peut pas dire que ne pas voter c'est refuser simplement l'un et l'autre car cet aspect du vote n'apparaît pas dans l'élection. Dans ce type d'élection, le seul vote simple est celui pour un candidat. Si on ne vote pas, on est pour celui qui arrive en tête que ce soit l'un ou l'autre. Le choix qui reste le plus logique et le moins simple est de voter dabord pour des idées et cela laisse libre de critiquer son propre choix de personne. On peut aussi voter contre des idées sans donner son adhésion inconditionnelle à une personne qui les combat comme nous... Il n'y a pas un réel non choix dans cette élection. Même Bayrou est arrivé à cette conclusion.
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