• La mauvaise soupe électorale

    100525234_oLes sondages se multiplient à deux ans des présidentielles et les candidats putatifs en ont fait leur boussole électorale. Quarante pour cent des Français voudraient un pouvoir autoritaire. Immédiatement Nicolas Sarkozy accuse Hollande de laxisme et dégaine des propositions dignes de figurer dans le programme du Front national. Selon lui, François Hollande, est désormais "au niveau du gaz de schiste" dans les sondages. Il n’y aurait qu’une alternative au Front National : Sarkozy-bis. Avec lui, on est assuré que le gaz de schiste sera exploité. Comme à son habitude, il drague large tout en faisant des œillades aux électeurs du FN. Sarkozy est un contorsionniste de la politique. Pour se désolidariser des propos de Nadine Morano, il annonce : « Vous êtes les bienvenus chez Les Républicains si vous aimez la France, vous croyez en la France, si vous parlez français, vous aimez la culture française, le mode de vie français. Vous êtes les bienvenus quels que soient votre couleur de peau, votre origine, votre religion, votre vote lors des dernières élections ». Il n’oublie pas qu’il doit aussi plaire aux centristes de l’UDI et du Modem. Il espère même convaincre des admirateurs de Macron. Le président-des-Républicains-anciennement-de-la-République, toujours en représentation, pratique le paraître « façon Photoshop » sans rien changer de ses rapports avec l’argent : conférences rémunérées, Jet privé, grands hôtels, meetings coûteux…  Il vient proposer sa soupe dans son vieux pot de 2007 avec deux ingrédients : sa victimisation et la sécurité mieux que le FN. Bilan de sa présidence entre 2007 et 2012 : un million de chômeurs en plus, 600 milliards de dette publique, 75 milliards de cadeaux fiscaux, 350.000 emplois industriels détruits, 337.000 pauvres en plus au dessous du seuil de pauvreté. Quel sera le bilan de Hollande, trop occupé à vouloir se donner une stature internationale ?

    Valls, trop obsédé par le Medef, a dû revenir sur des mesures touchant les retraités et les handicapés. La politique qui consiste à prendre aux pauvres pour donner aux riches a des limites alors que la campagne des présidentielles a officieusement débuté. En ce qui concerne les retraités, ils seront remboursés mais l'on ne sait pas comment et la mesure qui les touche n'est que suspendue jusqu'en 2017. Cette mesure remonte à Sarkozy mais n'avait pas été remise en cause par Hollande et Valls, peu soucieux de ses effets sur la paupérisation des retraités déjà mis à contribution avec la CSG et le blocage des retraites qui leur fait perdre du pouvoir d’achat. On sait qu'un énarque n'est pas un Robin des bois, sauf lorsqu'il est en campagne électorale.

    104660253Contre le Front national en 2017, va-t-on retrouver Sarkozy et Hollande dans la polarisation médiatique ? Hollande et Sarkozy sont les meilleurs candidats pour le FN et non contre le FN. Ces deux menteurs professionnels veulent se présenter à nouveau devant les électeurs. Sarkozy, déjà en campagne, dégaine des solutions à tous les problèmes. De son côté, Hollande rend visite à Lucette, citoyenne lorraine, dans une mise en scène affligeante : une image d'Epinal montrant l'exécutif faussement disponible et faussement accessible pour les citoyens. Ce n'est pas sans rappeler la proximité volontiers affichée en son temps par Valéry Giscard D'Estaing, si loin du peuple dans ses actes et ses pensées. Dans le même temps médiatique, Manuel Valls fait écho à Emmanuel Macron et promet une réforme du code du travail confiée à une ministre qui ne connaît pas la durée légale d’un CDD.  De son côté, Pierre Gattaz, né le cul dans le gâteau du Medef, trouve le CDI « très inquiétant et très anxiogène », entendez pour les patrons. Et le chômage ? Il est inquiétant et anxiogène pour qui ? Et la précarité ? Elle est inquiétante et anxiogène pour qui ? Et les parachutes dorés, que Sarkozy devait interdire, ils sont toujours inquiétants et anxiogènes pour qui ? Hollande se contente lui aussi de les déplorer, sans rien faire. Ce serait aux patrons à faire preuve de retenue et de sagesse… comme ils ne l’ont jamais fait et continuent à ne pas le faire.

    Quoi de nouveau du côté de la politique écologique de Monsieur « Moi, Président » ? Les fermetures de centrales nucléaires sont au point mort. Sarkozy propose de transformer la plus  vieille centrale en prison. Heureusement que la durée des peines ne peut atteindre celle de la radioactivité qui pourrait raccourcir l’incarcération des prisonniers contaminés. Point besoin de rétablir la peine de mort ! Grande nouvelle ! Hollande s’occupe du réchauffement climatique et reçoit en décembre vingt et un pollueurs pour la COP21. Cela permettra de fermer nos frontières pendant un mois et de régler provisoirement le problème des migrants qui viennent transformer notre oxygène en CO2.  Manuel Valls en profite pour relancer le chantier de l’aéroport des Landes comme un projet qui s’inscrit dans la philosophie de la COP21, dit-il. Pour lui, il s’agit donc d’un projet écologique qui consiste à transformer des espaces de pâturage et d’agriculture en un vaste aéroport au dessus duquel les avions remplaceront les oiseaux. Apparemment, les Verts, sauf quelques dissidents en quête de portefeuilles ministériels, n’ont pas apprécié cette hypocrisie de plus.

    Elle est longue la liste des raisons pour lesquelles des électeurs vont encore grossir le nombre des abstentionnistes, de celles et ceux qui refuseront le choix entre Nicolas Sarkozy, François Hollande et Marine Le Pen. Nous faisons appel à tous ces électeurs déboussolés, à celles ou ceux qui seraient tentés par le vote FN mais aussi par le vote dit « républicain » contre le FN. Ne vous laissez plus abuser par les uns et les autres. La lutte contre le racisme et la xénophobie ne se limite pas à un bulletin dans une urne sans choix politique autre qu’éviter le pire.  Le racisme et le fascisme, il faut marcher dessus tous les jours pour deux raisons. La première est que c’est la seule chose que comprennent les fascistes et les racistes. La deuxième est que cela porte chance. Le choix politique est celui de l’égalité, de la liberté et de la fraternité. C’est la devise de la république, lorsqu’on se dit républicain. Ce n’est pas réduit à un slogan de deuxième tour d’élection. Etre républicain, ce n’est pas adhérer à un patri politique de droite,  c’est adhérer à la devise républicaine. C’est vouloir l’égalité des droits et notamment ceux liés aux élections et à la justice sociale.

    Les diverses affaires de financements illicites des élections montrent le rapport du pouvoir et de l’argent. Actuellement, ces affaires touchent Sarkozy et Marine Le Pen. La fraude fiscale s’est installée jusqu’au sein de l’Assemblée nationale avec les affaires Cahuzac et Balkany. Ce dernier aurait bénéficié d’une ristourne de 180.000 € en 2008. A cette même époque, Sarkozy avait installé le bouclier fiscal et le Fisc avait reversé de gros montants à des milliardaires comme Mme Liliane Bettencourt. Jean-Marie Le Pen est soupçonné d’avoir dissimulé plus de deux millions d’euros sur un compte suisse. Des élus condamnés ou mis en examen siègent toujours dans nos assemblées.

    Le parti socialiste a fait son virage libéral et quitté la gauche. L’autre gauche dite « ouverte » de Hollande, Valls et Macron, n’existe pas. Cette expression est faite pour tromper les électeurs de gauche. Ceux qui s’y réfèrent ne sont plus socialistes. Ils font partie de la doxa libérale et ont participé à une droitisation du discours politique au sein du PS. En poursuivant la même politique que la droite et en étant touché par des scandales comme la droite, Hollande, Valls and Co sont responsables du « tous pourris » et de l’UMPS. Ils ont ainsi créé les conditions de la montée du FN et des abstentionnistes. Ils n’appellent à l’union de la gauche qu’au moment des élections. La gauche, ils veulent la tuer. Aujourd’hui, Hollande, Sarkozy et Le Pen, c’est une vieille cuisine électorale servie par la presse libérale… de la mauvaise soupe !

    Pour changer les choses, il faudrait sortir des sentiers battus, de la pensée unique, des compromissions politiques entretenues par des avocats d’affaires et des énarques. Il faudrait aussi sortir d’un régime présidentiel qui fige le paysage politique et qui fait d’un homme de parti un monarque républicain. Sur le plan national, il faudrait aller vers celles et ceux qui proposent une sixième république et une politique sociale libérée de la férule financière. Sur le plan local, il faudrait aller vers celles et ceux qui refusent le clanisme et le clientélisme qui empêchent tout progrès et créent des fiefs politiques sur lesquelles s’appuient les grands partie politiques qui monopolisent le débat politique.

    Pour les départementales, un mouvement de la société civile prône en Corse le vote blanc. Une pétition circule sur les réseaux sociaux dans ce sens. La campagne n’est pas encore ouverte et certains pensent qu’il n’y aura aucune liste indépendante des partis en place et des clans. La montée de l’abstentionnisme est le signe d’un vide politique en Corse. Ce vide est dû à tous ces chefs de clans et à ceux qui acceptent des strapontins dans des mésalliances. Ce vide jette une grande partie de l’électorat dans l’abstention, le vote sanction ou le vote utile. La démocratie implique pourtant un vote-adhésion sans lequel toute légitimité est illusoire.  « Etre élu avec des suffrages exprimés qui ne représentent que la moitié d’un électorat » ne constitue pas l’adhésion de la majorité des électeurs inscrits mais d’une petite partie seulement. C’est l’échec de la démocratie confisquée par les dominants, les protagonistes d’une même politique qui vise à détricoter tous les acquis sociaux, une politique au service des nantis.

    Dans les copropriétés, il existe un quorum de votants obligatoire à atteindre pour certains votes, alors que, pour un mandat électif, les abstentionnistes et les votes blancs ne sont jamais pris en compte. Devant l’évolution des mœurs politiques et les risques de dérives autoritaires, il serait temps d’établir ce quorum, pour qu’une élection soit légitime, et de passer à la proportionnelle dans tous les scrutins locaux. Tous les électorats ont le droit d’être représentés.

    La démocratie n’a jamais été autant en danger qu’aujourd’hui depuis la constitution de 1958. La France a besoin d’une réforme constitutionnelle. Le système électoral et les grands médias laissent peu de place aux mouvements qui ont émergé depuis 2012. C’est le cas en ce qui concerne ENSEMBLE sur le plan national et Manca alternativa, sur notre île. Toutefois Manca alternativa creuse son sillon pour y semer plus de social et plus de démocratie. Allez à la rencontre des militants de ce collectif ! Ils sont proches de vous et de vos préoccupations. Il s’agit de bâtir un avenir meilleur pour tous.

    Battone

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