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Le totem de Gattaz
A constater la succession des provocations de Pierre Gattaz, on se demande si la sortie de crise n’est pas loin. Il ressort tous les fantasmes du Medef en matière de politique antisociale et de droit du travail. Le CDI et les 35 heures sont dans le collimateur. Il veut brusquer les politiques en s’appuyant sur le chômage. Il promène avec lui une « promesse sans engagement », la création d’un million d’emplois si le Medef obtient tout ce qu’il demande.
Après s’être réjoui du CICE (tout en demandant des allègements de charges) et avoir applaudi le pacte de responsabilité qui n’engage les patrons à rien, il s’attaque à l’ISF. "Si on est le dernier pays d'Europe ou du monde à avoir l'ISF, il faut le supprimer", a-t-il lancé au cours de la Conférence annuelle des entrepreneurs, organisée au ministère de l’Economie et des Finances. L’ISF détruirait des emplois et il a demandé sa suppression devant un auditoire acquis à la défense des privilèges.
L’ISF serait la cause de la disparition ou la vente à l'étranger d'entreprises industrielles patrimoniales françaises. Il semble ignorer le rôle joué par les paradis fiscaux. Selon lui, "Le mot dividende est interdit en France. C’est un totem… Si on diabolise le mot dividende c'est mort. C'est la rémunération d'un risque, le dividende. » Le mot « dividende » est un totem. On le savait mais il faut oser le dire. Rappelons qu’un totem est un être mythique (généralement d'espèce animale, parfois végétale) considéré dans les sociétés traditionnelles ou dites primitives comme l'ancêtre éponyme d'un clan, selon un système appelé totémisme. Gattaz se comporte bien en chef de clan, celui des patrons et des actionnaires. Leur mythe est celui de l’argent, de l’accumulation des richesses de génération en génération. C’est le totémisme patronal qui a choisi ses tabous et ses totems, sans qu’il y ait d’analyse freudienne à en tirer. Pour reprendre quelques paroles d’une chanson de Jacques Brel…
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n´vit pas, Monsieur
On n´vit pas, on triche…
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n´cause pas, Monsieur
On n´cause pas, on compte…
Pierre Gattaz a qualifié « d'énorme, indécente » la fiscalité de l'épargne et du capital. Et il ajoutait :"On a besoin de financements pour nos gamins, nos gamines qui créent des startups et veulent se développer dans la durée". Il ne manquait que le paternalisme et le rêve informatique.
Fin août 2013, Pierre Gattaz avait demandé la suppression de l'ISF. Le PDG du géant pétrolier Total, Christophe de Margerie avait répliqué : "Ne demandons pas des choses qu'on ne peut pas obtenir"… "Ne faisons pas non plus de surenchère". Cela avait sans doute calmé les ardeurs du président du Medef. Christophe de Margerie est décédé dans un accident d’avion en Russie. Le provocateur en chef du Medef revient à la charge, avec, pour argument, le chantage au chômage et le totem des dividendes. On vient d'apprendre ce que Dassault faisait d'une partie de ses dividendes dans des malettes remplies d'espèces servant à financer des campagnes électorales.
Battone
Tags : Gattaz, Medef, ISF, dividendes, fraude fiscale, Dassault
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