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Le vague bleu Marine...
Dans un livre écrit par François Ruffin, « Pauvres actionnaires ! », l’auteur analyse « quarante ans de discours économique du Front national » et met en évidence le faux virage à gauche qui n’est qu’un argumentaire électoral pour faire passer son éternel discours xénophobe. L’héritière n’est pas en rupture avec l’idéologie de son père. Elle prend le contre-pied de son discours et va puiser dans le programme de la vraie gauche des idées qu’elle sait populaires. Ce n’est qu’une utilisation populiste et trompeuse.
Si Marine le Pen était sincère, elle virerait son père du Front national et voguerait sans lui sur sa vague marine qu’elle pense être le tsunami qui la portera au pouvoir.
Son grand virage à 180% est un désaveu des campagnes menées par son géniteur. C’est trop gros pour être vrai, lorsque l’on constate que ce dernier ne défend pas sa gestion passée. Qui ne dit mot, consent… ou est complice d’une grande tartufferie électorale. Cette dernière hypothèse nous paraît plus crédible.
L’héritière en appelle à rebâtir l’Etat, pire à restaurer les services publics, quand le patriarche, anticommuniste primaire, ne cessait de dénoncer « l’étatisme économique » de ces grosses feignasses de fonctionnaires
L’héritière veut en finir avec « l’Europe de Bruxelles », quand son géniteur réclamait de ses vœux plus d’« Europe politique » pour contenir la barbarie aux portes de l’Occident civilisé. Cela dit, tous les deux se sont confortablement installés dans l’assemblée européenne et Marine Le Pen a pris comme assistant rémunéré son compagnon. Elle sillonne l’Europe d’extrême-droite dans l’espoir d’y créer un groupe parlementaire d’ultranationalistes parfois fascistes ou néo-nazis.
L’héritière entend relocaliser le travail et l’économie « grâce au protectionnisme social et territorial ». Elle promet même de lutter contre la précarité, quand son riche papa se rebiffait à la moindre évocation d’une régulation sociale.
L’héritière, comme François Hollande, désigne l’ennemi : la finance. Elle stigmatise les marchés financiers et les milliardaires-voyous, quand son père et ses amis plaignaient ces « pauvres actionnaires » tracassés par une administration socialo-bolchévique.
Marine Le Pen a hérité du Front national par filiation. Elle voudrait faire croire qu’elle renie l’héritage politique de son père avec toute la généalogie et l’idéologie qu’il contient. Pour revenir à l’ouvrage de François Rufin, l’auteur explique qu’elle est allée chercher les idées qui font leur chemin dans la conscience des Français. Ces idées, elles ne sont pas à droite ni chez les Solfériniens, elles sont dans les programmes des partis de la « vraie gauche ».
L’héritière joue la Jeanne d’Arc de la cause ouvrière sans risque d’être brûlée par les caciques de la flamme FN. Son armure sociale est en papier électoral et disparaîtra après les élections avec ses affiches. Elle chevauche un cheval de Troie contenant l’idéologie de l’extrême-droite européenne avec toutes ses composantes fascistes et néo-nazies. Elle n’est pas un cryptonyme de Mélenchon, comme veut le faire croire la presse de la propagande néolibérale. Elle a trouvé une opportunité d’être élue en se servant des thèmes habituels de la vraie gauche. Ce n’est pas la vraie gauche qui parle comme le FN mais l’inverse. Marine le Pen est aidée par l’UMP et le PS qui veulent faire passer la « vraie gauche » pour un repaire d’extrémistes dangereux. Alors que l’UMP et le PS appliquent une politique d’émigration influencée par la montée de l’extrême-droite, ils mettent le Front national et le Front de gauche dans le même sac populiste. Quelle hypocrisie ! Quel mensonge outrancier ! Quel déni historique sur le passé du Front national ! Marine le Pen n’en attendait pas tant avant les dernières élections présidentielles. Elle peut surfer sur l’amalgame UMPS et usurper sans vergogne les thèmes de la « vraie gauche », pendant que le PS et l’UMP tablent sur le vote utile.
L’héritière n’est pas plus crédible que le candidat François Hollande et son prédécesseur à l’Elysée. Elle cherche en sa faveur un vote compulsif. Ceux qui seraient sous sa néfaste influence et celle d’une partie des média, devraient lire l’ouvrage de François Ruffin pour réfléchir à deux fois avant de regretter d’avoir été manipulés comme des gogos. Une manipulation qui en dit long sur le mépris envers l’électorat de gauche. Nous conseillons aussi cet ouvrage salutaire aux partisans de la (vraie) Gauche trompés par François Hollande et les Solfériniens.
Une version FN républicaine de gauche façon Marine Le Pen contre Jean-Marie Le Pen ? Est-ce crédible ? Il ne faut pas déconner ! Les chiens ne font pas des chats. C’est le bon sens populaire qui le dit. Marine Le Pen n’a jamais dit que son père avait la rage. Elle ne veut pas le tuer en elle.
En Corse, le Front national a fait une percée selon les résultats des dernières élections. A Ajaccio, le candidat, tête de liste aux Municipales, a publié sa feuille de route dans laquelle on trouve la banalité des promesses habituelles, c’est-à-dire sans imagination. Il a découvert que Napoléon était une « image de marketing prestigieuse et internationale » pas suffisamment exploitée à son goût. Un gros clin d’œil aux Bonapartistes. Il propose la création d’un Institut d’Etudes et de Recherches Napoléoniennes. Il est temps, dit-il. C’est sans aucun doute une urgence à Ajaccio.Un passage est édifiant sur la xénophobie du discours : « La dégradation des conditions de vie dans notre ville est évidente dans le quotidien de ses habitants. Elle est le résultat de choix politiques s’appuyant sur des conceptions idéologiques dépassées et bannies par les peuples libres. Conformément à ses fantasmes mondialistes, la municipalité considère Ajaccio comme un vaste champ d’expérimentation et les Ajacciens comme autant de cobayes. Elle n’a cessé de gommer les particularités ajacciennes qui perpétuaient une douceur de vivre et un vrai bonheur auxquels adhéraient immanquablement celles et ceux qui choisissaient de vivre dans notre cité. Sous l’actuelle municipalité et en accord avec les critères idéologiques de ses représentants, les avertissements illustrant cette crainte se sont multipliés. Chacun peut, par exemple, constater la « ghettoïsation » volontaire de certains quartiers et les signes visibles d’un fort communautarisme qui témoignent de la lente division du territoire communal en zones d’influences communautaires. L’actuelle municipalité a fait en sorte que le modèle d’intégration ajaccien lié à l’ouverture d’esprit de sa population et à son mode de vie ne fonctionne plus. Si un changement radical ne s’opère pas à la faveur des prochaines élections municipales, il est à craindre qu’Ajaccio ne soit définitivement vidée de l’âme et de l’esprit de sa population. Si vous ne voulez pas que notre ville devienne une commune de sous banlieue à problèmes, vous avez, grâce à votre vote, la possibilité d’enrayer le processus de déclin et de donner l’élan nécessaire à un nouveau départ ».
Cette phraséologie volontairement elliptique fait appel au souvenir du passé comme un bonheur perdu et, paradoxalement, le candidat se dit novateur. Il fustige une idéologie qu’il ne nomme pas mais se garde de parler de celle du Front national. Il assure que sa ligne d’action est pragmatique et concrète en l’expliquant par des propositions vagues et consternantes de banalité. Plus inquiétant ! Il promet de renouveler profondément le modèle de gouvernance municipale et de mettre en place des formes nouvelles de démocratie locale. Cette promesse a déjà été entendue lors de campagnes anciennes dans d’autres communes de France, comme Vitrolles ou Marignane. Leurs habitants ne sont pas encore remis des éphémères municipalités FN qui y ont renouvelé le modèle de gouvernance.
Marine Le Pen est venue en personne soutenir ses troupes poujadistes sur l’île. Elle a fait de la Corse un objectif. Si un mot corse l’a attirée chez nous, c’est sans doute celui de « Fora ! », mais il pourrait se retourner contre elle et sa vague bleu Marine pourrait connaître un reflux électoral.
Battone
Tags : FN, Le Pen, Ruffin, Corse, Ajaccio, PS, UMP, Front, Gauche, National
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