-
Le zèbre et le riquiqui
Dans un livre de 271 pages publié mercredi et intitulé "Ça reste entre nous, hein ?" (Flammarion), Nathalie Schuck et Frédéric Gerschel rapportent un florilège de propos prononcés par Nicolas Sarkozy, qui n'épargne pas François Hollande, mais guère davantage ses camarades de l'UMP (tous des cons !), avec des attentions particulières pour François Fillon (loser), Xavier Bertrand ("petit assureur", "médiocre" et "bon à rien") et Bruno Le maire (un bac+18, quand les gens le voient, ils zappent)
L’ancien Président déchu, lorsqu’il sort de sa boîte comme un pantin monté sur ressort, flingue à la kalachnikov. Si l’on devait lui donner un rôle de composition au théâtre, ce serait celui d’un Cassandre qui se prive des bienfaits de l’autocritique. Sarkozy aime se moquer des autres du haut de son mètre-soixante-cinq monté sur des talonnettes. Sa chanteuse d’épouse a déjà ânonné sa composition musicale sur le pingouin dont tout le monde a compris, malgré ses démentis, qu’elle visait François Hollande. Sarko en a remis plusieurs couches, selon les auteurs du livre… "C'est les Bidochon en vacances", "La seule chose que Hollande sait faire, c'est prendre les ministres dans sa main et les tuer" (janvier 2014), "Il est mal fagoté, il mange des frites, quand on fait un métier public, il faut faire attention", "Hollande, c'est le président ridicule"… Sarkozy n’a pas oublié Valls : "Valls candidat? N'importe quoi... A la limite, Taubira aurait plus de chances que lui à gauche" (janvier 2014), "Il devrait porter des lunettes, il a le regard fuyant", "il fait un peu illuminé" (avril 2014)
Voici un florilège des confidences fielleuses relatées par les deux journalistes.
- Si la vidéo ne s'affiche pas , cliquer ICI------------------------------------------------
Nicolas Sarkozy se compare à un zèbre ("On ne change pas les rayures du zèbre, mais on s'améliore")… Un drôle de zèbre qui aime mettre les autres en boîte et ferait mieux de rester dans la sienne pour ne pas ouvrir de nouvelles boîtes à pandore d’où sortiraient d’autres affaires judiciaires. D’après la presse, ses conférences à huis clos lui auraient rapporté prés de deux millions d’euros. Il a l’arrogance des gens friqués et la vulgarité qui l’accompagne.
Quant à François Hollande, il a fait une piètre prestation hier. Aucun changement de cap. Des échanges avec des quidams qui, pour reprendre l’expression du jour sortie par Jean-Luc Mélenchon, ont complété la « riquiquisation » de la fonction présidentielle dès la première partie réservée à la personne du chef de l’Etat, à sa vie privée et à son impopularité. Parmi les invités, une femme chef d’entreprise a gardé un air souffreteux pendant son temps d’antenne. Cette patronne modèle souhaite ni plus ni moins que la suppression des syndicats dans le dialogue social. Sans aucun doute une fan de Pierre Gattaz. Bien évidemment, François Hollande a expliqué, de façon pédagogique, le rôle essentiel des syndicats, y compris patronaux, dans les accords nationaux, tout en mettant en avant des réformes notamment sur les seuils sociaux et les simplifications administratives. Il n’a fait qu’une seule annonce sociale : de nouveaux contrats aidés pour des chômeurs proches de l’âge de la retraite et le retour à l’allocation de fin de droits. Il s’est fendu d’une annonce pour les contribuables de toutes les catégories sociales : pas d’augmentation en 2015. Il a parlé des mesures envisagées pour les emplois pénibles et les retraites, notamment la mise en place d’un compte personnel de prévention de la pénibilité que le patronat critique. Curieusement la réforme prévoit la possibilité pour ceux qui ont leur retraite à 55 ans (pour raison de pénibilité dans les services actifs) de prolonger leur activité jusqu’à 65 ans sur la base du volontariat. C’est ce qui est prévu pour les agents de la fonction publique territoriale. De son côte l’ineffable Pierre Gattaz, gonflé à bloc par Manuel Valls, demande l’abandon du compte de pénibilité. Tout laisse à penser que sa mise en place prévue le 1er janvier 2015 réserve des surprises et pas forcément des bonnes. François Hollande a promis une mission sur la mise en œuvre de cette mesure-phare faite pour faire avaler le reste de la reforme des retraites. Qui seront les membres et quelle seront les conclusions de cette mission ? Attendons de voir.
François Hollande ressort à chaque fois sa boîte à outils avec son marteau social et son tournevis budgétaire. Il répète comme une incantation « plan de responsabilité ». Il attend la croissance comme on attend le messie. Il compte sur un « choc de simplification », c’est-à-dire la simplification de toutes les procédures administratives et principalement celles auxquelles sont soumises les entreprises. Le CICE va se muer en « cotisations sociales pérennes »… Le chef de l’Etat aime aussi le choc des mots qu’il manipule comme tous les énarques. Enfin, nous avons relevé son engouement pour le numérique dans l’Education nationale. Il mise gros sur l'équipement des écoliers et des collégiens en PC et tablettes. Ce plan « e-éducation » s'insère en réalité dans les « 34 plans de la nouvelle France industrielle » présentés pour la première fois en septembre 2013 et validés courant juillet. Valls aurait dû confier l’éducation nationale à Fleur Pellerin qui, pour reprendre une formule journalistique dans le journal en ligne « Regards » achève le ministère de la Culture à coups d’algorithmes. (l’article ICI). Et Naja Vallaud-Belkacem alors ? Nous nous attendions à cette question. Elle a été ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports dans le premier gouvernement Valls. On aurait pu lui donner en plus le « temps libre » , la « culture » et la « Météo ».
Jouer l Cassandre, ça fait du bien finalement ! De l’apparition télévisée de François Hollande sur TF1, il n’y a rien de nouveau, rien à espérer. Comme Sarkozy, il est content de lui-même. Sarkozy pensait aux élections présidentielles en se rasant devant sa glace. Marine Le Pen dont il aurait dit qu’elle a l’allure d’un déménageur n’a pas tardé à le renvoyer devant son miroir. Elle é répliqué : « Quant aux analyses sur le physique, très modestement je n’y réponds pas, car venant d’un tel Apollon…» et, en parlant de l’ancien Président, elle a ajouté : face à « l’absence de qualités humaines du personnage, il faut d’urgence que Nicolas Sarkozy se regarde dans un miroir. Dans un miroir, il verra le seul responsable de son échec, de l’échec d’hier, et probablement de demain ». Hollande affirme qu’il agit pour pouvoir se regarder dans sa glace à la fin de son quinquennat. Ils ont tous besoins d’un miroir.
Miroir, O beau miroir…dis-leur la vérité sur eux-mêmes ! Dis à Nicolas Sarkozy de ne plus se présenter à quelque élection que ce soit. Dis à François Hollande qu’il a trahi la gauche. Dis à Marine Le Pen qu’elle déménage.
Décidément, le président déchu et le président en exercice n’ont pas grandi les fonctions présidentielles. La cinquième république est en fin de vie. Vivement une sixième république pour éviter de nouvelles désillusions et la montée de l’extrême-droite.
U spechjone
Tags : Sarkozy, Hollande, Valls, Fillon, Juppé, Le maire, Bertrand, Marine, Le pen
-
Commentaires