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Les affaires acadabrantesques feront-elles pshitt ?
Qu’est-ce qui est le plus grave ? Le mensonge ou le délit commis ? Le délit commis ou tout ce qu’il y a derrière un tel agissement ? Pour les hommes politiques, Jérôme Cahuzac est impardonnable parce qu’il a menti au Président de la République, au premier ministre, aux ministres et à l’assemblée nationale. Le comble des politiques est de condamner le mensonge qui fait pourtant partie de leur dialectique éristique. Ils condamnent unanimement le mensonge mais ne disent rien du délit.
Qui était dupe de son mensonge ? On se pose la question. Le bon sens nous fait penser que tous savaient, la majorité comme l’opposition. Comment pourrait-on expliquer que les éléments sortis par Médiapart n’aient convaincu personne ? Comment se fait-il que Jérôme Cahuzac, après avoir menti pendant des mois parce qu’il avait le soutien de son entourage politique, ait fait volte-face en demandant lui-même de s’expliquer rapidement ? Quel élément l’a mis dans l’urgence de passer à des aveux sur l’existence des comptes offshores et du montant de 600.000 € en dépôt ? Il ne dit rien de l’origine des fonds. Il s’agit d’une fraude fiscale et, si ses aveux sont sincères, elle est prescrite car les derniers mouvements de fonds remonteraient à douze ans en arrière. La justice ira-t-elle jusqu’au bout de la vérité de cette affaire qui a débuté sur le mensonge ?
Edwy Plenel et Jean-Luc Mélenchon, s’étonnent de l’ignorance dans laquelle le chef de l’état et le chef du gouvernement auraient été tenus. François Hollande condamne avec « une grande sévérité » le mensonge. Jean-Claude Ayrault se dit trahi et met en avant que la justice et la presse sont indépendantes, sous-entendant que ce n’était pas le cas sous Sarkozy. Là il n’a pas tort. David Pujadas devrait en témoigner, lui qui a trouvé son indépendance contre un pouvoir socialiste qu’on ne lui connaissait pas face à Sarkozy et Fillon. La presse libérale est enfin libre. Elle peut continuer son travail de propagande libérale. Ayrault a fait remarquer que les Socialistes n’ont pas mis en cause la Justice et que Jérôme Cahuzac devra répondre seul de ses actes. On lui concède que la mise en examen de Nicolas Sarkozy a été l’occasion de démasquer les méthodes de sa garde prétorienne. Les Sarkozistes ont montré ce dont ils sont capables pour faire pression sur la justice quand ils n’ont plus le pouvoir. Avec les menaces reçues par le juge Gentil et l’affaire Cahuzac, les va-t-en-guerre du clan sarkoziste ont bonne mine maintenant. Alors c’est Copé et Fillon qui ont donné le ton umpiste en faisant les premières déclarations sur les aveux de l’ancien ministre mis en examen. Sur la deuxième chaîne, un journaliste a bien tenté d’interroger Eric Woerth mais il est sans doute mal placé pour ouvrir sa gueule. Courage fuyons ! Nous avons vu rapidement le dos de l’ancien ministre du budget sarkoziste et trésorier de l’Ump, lui-même mis en examen. Je n’ai pas encore entendu Guéant, Guaino, Balkany (jadis mis en examen) et autres ténors umpistes... Peuple caméléon, peuple singe du maître,On dirait qu'un esprit anime mille corps ;C'est bien là que les gens sont de simples ressorts.( Jean de la Fontaine)
Que dit la droite ? Elle reproche aux socialistes d’avoir jouer les moralistes. Ils ne l’ont pas dit mais l’on peut-être pensé… et, arrivés au pouvoir, de faire comme eux. Il aurait été amusant qu’ils le disent clairement. C’est pourtant ce qui ressort des premiers commentaires de Fillon et Copé. On se souvient de quelques menteurs et menteuses dans leur rang. Nous verrons si Nicolas Sarkozy a lui-même menti puisqu’il est mis en examen et cité dans plusieurs affaires. On se souvient de Jacques Chirac sauvé par son immunité, la prescription et un certificat médical. Nous ne dresserons pas la longue liste des politiciens menteurs car une vie ne suffirait pas pour le faire.
Non, messieurs les Umpistes, l’affaire Cahuzac ne fera pas oublier celle de Sarkozy et consorts. Toutes ces affaires seraient-elles « acadabrantesques » ? Feront-elles « pshitt » ? Le premier ministre nous a assuré de l’indépendance de la Justice et de la presse. C’est fini la « Courroye » de transmission entre la Justice et le président de la République. Heureusement Sarkozy n’a pas réussi à supprimer les juges d’instruction et a créer une seule Magistrature couchée à la place de celle debout et de celle assise. Pour autant, on se demande où en sont les instructions en cours. Nous avons une pensée particulière pour Chirac, Pasqua et Balladur. Il paraît qu’il faut environ huit ans pour en arriver à un jugement. Dans huit ans, nous seront en 2021. Il y aura eu plusieurs élections et donc peu de chances pour que les mœurs changent, à moins que les Français en décident autrement.
En attendant Marine Le Pen se frotte les mains car le « tous pourris » est un des arguments du Front national. N’ayant jamais été au pouvoir, Les extrême-droitistes n’ont pas encore profité du système mais ils sauront comme les autres en tirer profit si, par malheur, ils y accédaient. On sait que le mensonge est leur seul vérité. L’indépendance de la justice et celle de la presse seront alors de l’histoire ancienne, même si tout n’est pas encore parfait aujourd’hui après cinq ans de Sarkozisme, cinq années de recul social et démocratique..
L’Ump et le PS peuvent encore penser que, aux élections, le vote utile les sauvera. Ils se trompent et vont droit dans le brouillard de l’abstention qui cache le mur du FN. La droite est moribonde et le FN est prêt à jouer les croquemorts. Le PS s’enlise dans une politique libérale et n’a pas su se séparer de quelques politicards qui auraient pu faire carrière à droite. Il en reste encore même au gouvernement. Hollande est un social-libéral qui était au côté de Jospin dont la cuisante défaite n’a pas servi de leçon. C’est eux qui ont conduit le PS vers le modèle social-démocrate allemand. On se souvient de quelques trahisons obtenues par Sarkozy.
Les électeurs de droite déçus voteront FN et les électeurs de gauche déçus ne voteront plus pour être à nouveau trahis. Si Hollande continue à ignorer le Front de gauche et à mener sa politique libérale d’austérité, on peut déjà se demander s’il terminera son mandat. L’avenir politique de la France est plus incertain que jamais. A qui la faute ?
Le Front de gauche continuera à proposer une gauche alternative et non dévoyée. Nombreux sont ceux qui se reconnaissent déjà dans son projet de société et son aspiration à constituer une sixième république. La Cinquième fabrique des autocrates et pourraient sombrer ouvertement dans la dictature politique après avoir soumis ses citoyens à celle de l’argent. « L’humain d’abord ! » est la prémisse essentielle au respect de la devise : « liberté, égalité, fraternité ».
Fucone
Tags : Cahuzac, Sarkozy, Copé, Fillon, Hollande, UMP, FN, PS, Front de gauche, abstention, démocratie, presse, justice
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