On se souvient du racisme imbécile d’un Chirac lorsqu’il avait parlé des bruits et des odeurs. Sur France Info le 26 mars dernier Nicolas Sarkozy a dérapé à nouveau lorsqu’il a dit sans rire, que deux de nos soldats victimes de Mohamed Merah « étaient... comment dire... musulmans, en tout cas d'apparence…puisque l’un était catholique. D’apparence… Comme on dit, de la diversité visible.» Avec cela, on pourrait dire que le parachutiste laïc ne doit pas payer de mine pour apparaître catholique et qu’il existe un délit du faciès musulman même chez les victimes.

On connaissait déjà une série de qualificatifs que l'on accole, à tort ou à raison, au terme musulman: "musulman fanatique, musulman intégriste, musulman modéré, musulman moderne, musulman archaïque". Sarkozy a ajouté le sien: le "musulman d'apparence". Pour lui, un individu issu de la diversité est présumé être un "musulman d'apparence", réduisant ainsi ce dernier à une apparence religieuse. Cela fait penser à Obama qui a été carrément « accusé » par ses adversaires d’être musulman pour le relier aux attentats terroristes. Cette attaque ne l’a toutefois pas empêché d’être le premier président noir des USA, tout en démontrant jusqu’où peut aller l’abjection raciste. L’élimination de Ben Laden sous sa présidence a fait rendre gorge aux délateurs de la droite américaine qui, un temps, s’était servi du même Ben Laden contre les Russes en l’Afghanistan.

C’est dit ! Pour notre Président-candidat, un Musulman se reconnaît à son faciès. Il ne peut être que basané ou noir. On sait qu’il préférait Bush à Obama. Sarkozy affiche ainsi non seulement ses préjugés racistes mais aussi une fois de plus son inculture. Il semble ignorer que l’Islam est une religion et non pas une race. En Chine les bouddhistes, les catholiques, les juifs et les Musulmans ne se différencient pas sur leurs mines. On ne reconnaît pas dans la rue les Ouïghours chinois, en majorité musulmans ou alors peut-être que seul Sarkozy en est capable. Sans aucun doute ce dernier pensait aux Musulmans français et non pas aux indonésiens pour prendre un autre exemple. De quoi rassurer à contrario les Musulmans aux allures catholiques, c’est-à-dire pour lui à la peau bien blanche et aux cheveux raides. Toutefois pas de quoi faire rire les Catholiques, les Juifs et autres croyants lorsqu’ils sont basanés, noirs, jaunes ou métissés.

Sarkozy n'aime pas l'Islam. Contrairement à ce qu’il a dit, les militaires auraient été tués parce qu’ils étaient des militaires. Leur faciès ne les a pas mis à l’abri et il ne fait aucun doute que l’assassin pouvait tuer d’autres Musulmans comme lui. Par contre, il a tué un professeur et des enfants parce qu’ils étaient juifs, semble-t-il. Il a choisi une école confessionnelle et non pas des faciès. Lui savait qu'un juif n'a pas un faciès, contrairement à ce que répandait la propagande nazie.

Par ses propos qui traduisent sa pensée, Sarkozy démontre qu’il ne connaît pas l’Islam et son histoire. Comme Le Pen, il ramène une tragédie à sa politique d’immigration et exploite la peur. D’aucuns auraient pu croire qu’il cherche seulement à récupérer les voix du Front national alors qu’il a épousé depuis longtemps les thèses racistes de l’extrême-droite. Nous l’avons relevé dans d’autres déclarations. Son ministre Guéant porte sa parole lorsqu’il s’agit des immigrés musulmans. Ses slogans rappellent trop le Pétainisme pour qu’il n’y ait pas trouvé le ferment de son idéologie droitière. Les mots disent les choses, leur histoire ne se sépare pas de celle des hommes. Leur rencontre n‘est pas le fruit du hasard. A force de vouloir exploiter la tragédie et diaboliser l’assassin, un leader politique ne fait que renforcer l’intégrisme. Mohamed Merah est un tueur en série qui a eu besoin d’une justification céleste pour passer à l’acte. Vous trouverez ce scénario dans de nombreux thrillers. L’intégrisme est apparu chez lui comme une posture religieuse mais sa vraie motivation ne serait-elle pas la haine? Une enquête est en cours. Laissons travailler la justice en sachant que si la barbarie fait basculer la démocratie française dans la xénophobie et la haine, elle aura atteint son but. Il ne faudrait pas que l’affaire Mohamed Merah donne libre cours à des préjugés dont le Président-candidat sortant semble imprégné.

La crise économique et financière réunit les conditions d’un renouvellement des sombres moments de l’Histoire. Le dérapage verbal de Sarkozy est plus insidieux que les propos ouvertement racistes de la candidate du Front National qui voit dans tous les immigrés arabes un assassin qui se pointe. Chez le Président candidat  s’agit-il vraiment d’un dérapage? On peut en douter lorsque l’on connaît la constance de ses propos sur les immigrés.

Signé: Battone

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