• Piqûre de rappel contre la peste brune

    popu_février6

    Aujourd’hui 6 février est le jour d’un anniversaire à ne pas oublier comme une piqûre de rappel contre la peste brune ! Le 6 février 1934, eut lieu la plus grande crise politique de la 3ème république. Les ligues fascistes se déchaînèrent dans  les rues aux cris de "Juifs dehors, députés à la Seine, italiens à la mer, communistes à l'échafaud" et voulurent envahir l’assemblée nationale pour renverser un gouvernement de centre gauche. Les fascistes comptaient profiter de la crise et du chômage pour prendre le pouvoir par la force. Dans la société, les inégalités sociales restent importantes et alors que la bourgeoisie, enrichie par la guerre, s'étourdit dans le Paris des « années folles», les ouvriers, mal payés, sans protection sociale, s'entassent dans les banlieues ouvrières. Entre ces deux extrêmes, petits commerçants et artisans, petits paysans, sont attachés à leur propriété, mais menacés par la modernisation. Les gouvernements en place étaient accusés d'immobilisme contre les difficultés économiques et le chômage, le système parlementaire était de plus en plus présenté comme un système inefficace, incapable par ses lenteurs d'apporter une réponse adaptée à la crise. Cet antiparlementarisme trouvait également un terreau important dans les différents scandales politico-financiers (Marthe Hanau et la Gazette du Franc, Krach de la banque Oustric, affaire Stavisky...) révélant les liens existants entre certains escrocs et des hommes politiques en vue et donnant l'image d'un régime entièrement corrompu.

    Rapidement, les 9 et le 12 février, des manifestants de gauche se mobilisèrent  et s'unirent aux cris de "fascisme dehors.  On veut du pain, la paix et la liberté".   Les ligues d'extrême droite seront dissoutes et les manifestations de gauche  ouvrirent la voie au Front populaire qui, sous la pression des travailleurs, prenait des mesures sociales jamais vues: les 40 heures, les congés payés, des augmentations de salaires.

    Les ligues factieuses de l’extrême droite  avaient déjà mené des manifestations violentes en janvier 1934. Elles bénéficiaient de la bienveillance du Préfet Chiappe, connu pour ses opinions d’extrême-droite, ce qui entraîna son limogeage. Son départ forcé n’a fait qu’exciter davantage les extrémistes qu’il protégeait. Le 6 février, c’est un véritable coup d’état qui était projeté par l’Action française, parti organisateur des manifestations. Pour Léon BLUM, "L'insurrection avait, à l'intérieur de la Chambre, des représentants et des chefs". Parmi les slogans entendus, on trouve la promesse "d'étrangler la gueuze", "d’en finir avec le régime abject" et "donner à la nation des chefs dignes d'elles". Il s’agissait bien d’un complot politique.

    Le 4 février dernier, des fascistes sont descendus dans la rue criant "juifs et communistes, arabes dehors!". Tout ce que la France a de réactionnaires, de conservateurs et de fascisants manifestent à nouveau allant jusqu’à demander le départ de François hollande. Loin de nous l’idée de défendre sa politique libérale mais il faut dénoncer ceux qui veulent tuer la démocratie, tous les xénophobes et tous les racistes, tous ces militants et ces clients de l’extrême-droite. Ils ne contestent pas la politique antisociale de François Hollande mais se servent hypocritement de la crise qui, comme au début des années 30, engendre le chômage. Bien sûr, les énergumènes de la « journée en colère » qui ont crié « Hollande, dégage ! » et des injures racistes n’ont pas marché sur l’Assemblée nationale ou l’Elysée. Les violences ont été moins importantes et il n’y a pas eu de morts. Si aucun complot ne semble se tramer, les discours et les vindictes sont les mêmes. 80 ans sont passés, l’idéologie est la même que celle qui a conduit au fascisme et au nazisme. N’oublions pas qu’Hitler et Mussolini sont arrivés sans réel coup de force au pouvoir mais leurs sbires commettaient des violences ciblées contre les Juifs et les communistes notamment. Ils utilisaient des nervis. Hitler avait ses S.A et ses SS ; Mussolini ses squadristi. Ce dernier  n’a eu qu’à organiser une marche sur Rome et ensuite, après des élections contestées, à faire assassiner le député socialiste Giacomo Matteotti. Comme Hitler, dans le contexte de forte instabilité politique et sociale qui suit la Grande Guerre,  il est arrivé au pouvoir avec l’argent et la complicité d’une droite préoccupée par ses privilèges et inquiétée par la colère populaire.

    Nous sommes en France. Cet anniversaire du 6 février 1934 ouvre une espérance, celle qui s’était déjà concrétisée en 1936 avec l’arrivée du Front populaire. Toutefois, il ne faut pas laisser seules la droite et l’extrême-droite manifester. Le peuple de gauche doit être plus que jamais présent dans les débats publics.

    Battone

    Google Bookmarks

    Tags Tags : , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :