• Politicaillerie pré-électorale

    référendum_unité

    « Face à la droite et à l'extrême droite, souhaitez-vous l'unité de la gauche et des écologistes aux élections régionales ? » C'est la question posée par le PS à l'occasion d'un « référendum-pétition »,  ouvert à tous, qui a débuté vendredi et qui s’est terminé Dimanche.

    Les Solfériniens n’ont pas attendu le second tour des élections régionales pour soumettre au chantage le peuple de gauche. Cette manœuvre tordue leur permettra d’accuser le Front de gauche et les Verts d’un échec annoncé. Hollande et ses collaborateurs ont la fâcheuse manie de se prévaloir de leur propre turpitude. L’unité de la gauche, ils l’ont déjà rompue après s’en être servi. Qui sont les responsables d’une politique droitière et antisociale ? C’est cette politique qui va être sanctionnée. Les élections ne sont pas des récréations de gauche. Les électeurs ne sont pas des élèves de maternelle. Il ne suffit pas d’aller vendre le vieux produit moisi du « vote républicain » pour éviter un désastre qui a débuté dès le lendemain des élections présidentielles et n’a fait que se confirmer avec la nomination de Manuel Valls à Matignon. Emmanuel Macron n’a fait qu’enfoncer le coin dans la fissure idéologique. On ne peut pas tuer la gauche et vouloir que les survivants viennent voter pour ses bourreaux.

    L’idée pernicieuse de cette manipulation de l’opinion serait venue à Cambadélis après la décision des écologistes du Nord-Pas-de-Calais-Picardie de faire alliance avec le Parti de gauche. Ne nous laissons pas abuser ! Le but de l’unité n’est pas de faire gagner la gauche mais de conserver au Parti socialiste un maximum de sièges malgré la débâcle annoncée. Cambadélis se félicite d’avoir déjà des « bougés »…

    « Il y a des +bougés+. Le fait que (le patron du PCF) Pierre Laurent ait indiqué, alors qu’il est allié avec Jean-Luc Mélenchon, qu’il serait favorable à l’unité au deuxième tour des élections régionales, est déjà un élément important pour moi", a-t-il déclaré samedi sur Europe 1. "Le fait qu’Emmanuelle Cosse (la secrétaire nationale d'EELV,) ait décidé de m’écrire une lettre en disant qu’elle serait au rendez-vous du deuxième tour des élections régionales, c’est important pour moi. Mme Duflot a fait la même chose. Ce n'était pas le cas au point de départ, parce que l’alliance entre les écologistes, les communistes et Jean-Luc Mélenchon, c’était sur le thème +pas d’alliance au second tour+. Donc il y a un point de marqué dans cette campagne", a-t-il poursuivi.

    D’aucune prônent une alliance avec le PS au premier tour, d’autres au second tour. Sont-ils contents d’être traités de « bougés » ?

    Dans sa forme intransitive, le verbe « bouger » est synonyme de « s’agiter » lorsqu’il s’agit du peuple. Il signifie aussi « partir » lorsqu’il s’agit d’une défaite électorale. On croyait, avec Hollande, qu’il voulait aussi  dire « changer » mais il lui a donné le sens « évoluer » et pas dans la bonne direction, celle promise à ses électeurs de gauche.

    Les Solfériniens préfèrent regarder les sondages, faire campagne uniquement sur le vote utile, faire imprimer des affiches, récolter des financements, offrir des strapontins pour obtenir des alliances… Seul le débat d’idées est oublié.

    Il apparaît que les « bougés » électoraux seront un grand nombre de conseillers régionaux socialistes sortants et non pas les électeurs de gauche. Il se pourrait que le peuple de gauche bouge si les mesures antisociales continuent à se succéder sans résoudre le problème du chômage tout en détricotant le code du travail. Bon nombre d’électeurs ne seront pas des « bougés » comme Cabandélis les aiment. Celles et ceux qui pensent le contraire vont se fourvoyer dans une alliance hypocrite faite pour les politiciens professionnels et ceux qui veulent un siège ou un strapontin mais risque de tomber le cul par terre, assis sur de fausses promesses.

    Référendum ? Le terme employé par Cambadélis est un outrage à ce mot qui n’a plus cours lorsqu’il s’agit de consulter le peuple sur les grandes questions qui mettent en jeu l’avenir du plus grand nombre.

    Des journalistes ont assuré avoir pu voter plusieurs fois par Internet via plusieurs adresses mail au "référendum". Cambadélis a fait savoir que le PS allait déposer plainte et qu’il ne sera retenu qu’une adresse email par vote, sachant que l’on peut ouvrir une adresse email en quelques clics. Le « bougé » Emmanuelle Cosse a tweeté avoir reçu un message de remerciement pour leur vote alors qu'elles n'avaient pas pris part à cette consultation. D’autres disent avoir pu voter plusieurs fois sous des identités d’emprunt. Du côté de la Droite, on parle de pantalonnade. Les écologistes n'auraient guère apprécié d'être "stigmatisés" et accusés par avance d'une – probable – déroute aux régionales des 6 et 13 décembre. "Le chantage au rassemblement crée de la division", avait prévenu Mme Cosse dans une lettre ouverte à M. Cambadélis.

    Une fois encore, le pouvoir socialiste se ridiculise avec cette politicaillerie, cette commedia dell'arte, ce coup tordu pour rien, cette mauvaise campagne de communication dont il faudrait chiffrer le coût alors que nous ne sommes pas encore entrés dans le temps de la campagne électorale.

    En Corse, on ne lutte pas contre la montée de l’extrême-droite par un vote utile (pour qui ?) au moment des élections. Actuellement, à l’initiative d’un écrivain corse, un recueil est en train d’être réalisé pour dénoncer la montée du racisme et du fascisme. Des mouvements qualifiés de gauche radicale (à ne pas confondre avec les radicaux de gauche du clan Giacobbi) ou de gauchisme, voire d’extrême-gauche dénoncent sans cesse l’idéologie véhiculée par toute l’extrême-droite et une partie de la Droite, alors que la grande presse lui donne des tribunes. La seule action utile est de soutenir ceux qui s’engagent tous les jours contre la peste brune mais de refuser de céder au chantage électoral.

    La politique menée par la Droite, qui se dit républicaine, et poursuivie par une gauche canada-dry, qui renie le socialisme, est responsable de la montée du Front national grâce à la montée de l’abstentionnisme. Ce sont les mêmes qui se servent de cette montée pour poursuivre une politique antisociale dictée par le patronat et les spéculateurs. En Corse, ce sont les mêmes qui sont représentés par des chefs de clan qui maintiennent le clientélisme.

    Les résultats de ce pseudo-référendum ne nous intéressent pas. Il est à la démocratie ce que le mensonge est à la vérité.

    Battone

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