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Sarko rassemble son clan!
La nouvelle appellation de l’UMP a fuité, histoire de la tester. Ce n’est plus une union mais un « rassemblement » tout court et en anglais cela se dit « union ». En français la nuance est complexe entre « union » et « rassemblement ». Nicolas Sarkozy veut ressembler, accumuler, agglomérer, amasser, regrouper, rallier… Il veut voir affluer. Il veut réunir pour unir.
Mais qui donc ? En premier lieu les Umpéistes et, parmi eux, les jupéistes. Il veut affilier Fillon dont il se méfie. Quant à Copé, il se rassemble avec qui veut encore de lui après s’être éparpillé un peu avec tout le monde.
Nicolas Sarkozy aime les grands rassemblements autour de lui-même monté sur une estrade. Ses meetings sont entre le show business et la prêche. Le mot « rassemblement » lui plaît à condition d’en être le sommet. Il veut donc provoquer un rassemblement centrifuge autour de lui.
Le 19 septembre dernier, Sarkozy publiait le message suivant : « Je suis candidat à la présidence de ma famille politique. Je proposerai de la transformer de fond en comble, de façon à créer, dans un délai de trois mois, les conditions d’un nouveau et vaste rassemblement qui s’adressera à tous les Français, sans aucun esprit partisan, dépassant les clivages traditionnels qui ne correspondent plus aujourd’hui à la moindre réalité ».
Comme à son habitude, il drague large avec la même niaiserie fourbe « ni droite ni gauche » alors que son rassemblement est celui de la droite, même s’il arrive à débaucher quelques mercenaires politiques au sein du parti de Solferino. On connaît l’esprit non partisan de Sarkozy lorsqu’il a installé dès son arrivée à l’Elysée le « bouclier fiscal » pour les plus riches obligeant le fisc a rembourser des contribuables comme Liliane Bettencourt.
Lorsque Sarkozy rassemble, il le fait autour d’un système clanique. Il reproduit ce qu’il a appris dans sa carrière politique débuté dans le fauteuil d’Achille Peretti, maire de Neuilly et ancien Président de l’assemblée nationale sous la présidence du général de Gaulle. Il a fait ses classes dans un clan de l’ouest parisien. Quel est son discours d’entrée en campagne ? Il n’a fait que reprendre l’appel de Cochin lancé par Jacques Chirac le 6 décembre 1978 : « Avec gravité et résolution, je vous appelle dans un grand rassemblement de l'espérance, à un nouveau combat, celui pour la France de toujours et l'Europe de demain ».
Dans un discours prononcé le 13 mars 2007, Sarkozy disait : « Je n'aime pas les mots qu'on jette à la figure qui sont si violents alors que la France a besoin d'apaisement et de rassemblement »… A la même époque il avait dit son intention de pendre Dominique de Villepin à un croc de boucher… et puis, élu président, on se souvient de « casse-toi, pauvre con ! » aux intonations d’un Jean-Marie Le Pen, ou bien encore la « racaille » des cités à passer au « Karcher ». L’apaisement ? Sans doute le sien qui semble avoir besoin de ses diatribes violentes qu’il lance les dents serrées.
Rassemblement ? Le mot n’est pas nouveau du côté du bleu Marine mais aussi du côté de l’Ump. On se souvient du RPR, Rassemblement pour la République... Il croit qu’en prononçant quelques mots-clés dans des discours préparés par une équipe de conseillers et de plumes occultes (Cette contrepèterie vaut bien un cocorico), il va apparaître tout beau tout nouveau, comme relooké, paré d’un plumage qui se rapporte à son ramage. En 2017, il aura pris dix ans de plus et il sera toujours le même qu’en 2007 en moins jeune, en plus vieux, en plus ringard, en plus conservateur, en plus réactionnaire…
Personne ne peut s’y tromper : derrière ses faux discours, il reste le bourge de Neuilly, le mec bling bling qui se complaît dans le luxe, l’ami politique des très riches… Après son élection en 2007, il a instauré le bouclier fiscal. Il a déjà annoncé qu’il supprimera l’ISF s’il est élu à nouveau président.
Nous verrons si le mot « rassemblement » sera retenu pour remplacer l’acronyme UMP. Il paraît que Sarkozy n’aime plus les acronymes. Pourtant, il a été souvent vu en train d’écrire et de lire des SMS. Alors pour son « rassemblement », nous lui, écrivons un sms ainsi formulé : talc[1], osef[2], roflmao[3].
Nous participerons à quelques rassemblements en 2015 pour manifester contre l’austérité, mais des rassemblements syndicaux et de gauche, ne serait-ce que pour montrer qu’un clivage politique existe et qu’il est nécessaire. Le général de Gaulle l’a suggéré lui-même le 25 novembre 1941 dans un discours prononcé à l'université d'Oxford ou il est l'hôte du Cercle Français. : « Dès lors que les humains se trouvent soumis, pour leur travail, leurs plaisirs, leurs pensées, leurs intérêts, à une sorte de rassemblement perpétuel, dès lors que leur logement, leurs habits, leur nourriture, sont progressivement amenés à des types identiques, dès lors que tous lisent en même temps la même chose dans les mêmes journaux, voient, d'un bout à l'autre du monde, passer sous leurs yeux les mêmes films, entendent simultanément les mêmes informations, les mêmes suggestions, la même musique, radiodiffusées, dès lors qu'aux mêmes heures, les mêmes moyens de transport mènent aux mêmes ateliers ou bureaux, aux mêmes restaurants ou cantines, aux mêmes terrains de sport ou salles de spectacle, aux mêmes buildings, blocks ou courts, pour y travailler, s'y nourrir, s'y distraire ou s'y reposer, des hommes et des femmes pareillement instruits, informés, pressés, préoccupés, vêtus, la personnalité propre à chacun, le quant à soi, le libre choix n'y trouvent plus du tout leur compte. Il se produit une sorte de mécanisation générale, dans laquelle, sans un grand effort de sauvegarde, l'individu ne peut manquer d'être écrasé ». C’est ce type de rassemblement qu’espère Nicolas Sarkozy. Sa refonte de l’UMP en revenant au RPR sans le « pour la république » exprime le déclin de la droite qui n’est plus qu’un conglomérat d’idées politiques décadentes, d’ambitions qui se pressent autour d’un leader has been.
Ce mot « rassemblement » est l’occasion de rappeler un extrait des « Mémoires interrompues » de François Mitterrand (Entretiens avec Georges-Marc Benamou) : « Je crois pour demain comme hier à la victoire de la gauche, à condition qu’elle reste elle-même. Qu’elle n’oublie pas que sa famille, c’est toute la gauche. Hors du rassemblement des forces populaires, il n’y a pas de salut »…. Avant, François Mitterrand était socialiste. Mais, ça c’était avant 1983, avant Jospin, avant Hollande ! C’était avant que Georges-marc Benamou, proche de François Mitterrand, ne devienne le conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée entre mai 2007 et mars 2008.
« Ni gauche, ni droire » est le « ni, ni » des politicards pour enterrer les valeurs de la gauche. Paradoxalement, Sarkozy se dit « sans esprit partisan » tout en se réclamant d’une famille politique. Dans la mafia, lorsqu’un chef de famille rassemble plusieurs familles, il crée un clan qui œuvre pour des intérêts communs. « L’esprit de clan » est pire et plus sectaire que l’esprit partisan. Le joli mot de « Partisan » nous l’aimons sans la connotation péjorative que Sarkozy veut lui donner. Il nous renvoie aux paroles de l’l’hymne de la Résistance française durant l’occupation par l’Allemagne nazie, pendant la Seconde Guerre mondiale. La musique fut composée en 1941 par Anna Marly, d'origine russe réfugiée à Londres. Les paroles ont été écrites en 1943 par Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon qui venaient tous deux de rejoindre les Forces françaises libres. Le partisan est un combattant luttant pour un idéal national et politique dans la seconde guerre mondiale. Plus généralement ce mot de lutte désigne une personne qui est attachée à une cause, à un parti, à une doctrine, etc… partisan de la république, partisan des valeurs de gauche, partisan de la liberté, partisan de l’égalité et de la fraternité… C’est cet esprit partisan qui a permis les progrès démocratiques et sociaux. Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ? Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne ? Ohé ! Partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme !... Comment ne pas penser à René Char lorsqu’il dit : « Du jour où je suis devenu partisan, je n’ai plus été malheureux ni déçu ». Le terme « partisan » réfère au contexte historique (Le chant des partisans) et, par métonymie, désigne le membre actif d’un groupe résistant. Rassembler sans cet esprit partisan n’a aucun sens politique. Ce n’est qu’une fourberie qui ne trompe personne même pas les membres d’un clan ou d’une famille politique, les corbeaux toujours prêts à s’entre-déchirer dans des guerres d’ambitions personnelles.
Battone
Tags : Sarkozy, Rassemblement, UMP, Elysée, Mitterrand, de Gaulle, Jospin, Hollande, partisan
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