• Sarkozy cherche la bagarre...

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    Nicolas Sarkozy a adopté une stratégie agressive : harceler le candidat socialiste et pécher les voix du Front national. Le pirate de la république garde le cap de sa campagne du premier tour : diviser les Français en jouant le faux humaniste. Sarkozy a beau répéter qu'il veut s'adresser à "tous les Français", ce sont bien les électeurs de la candidate du FN, Marine Le Pen, auxquels il ‘adresse lorsqu’il déclare : "Les électeurs du Front national doivent être respectés. Ils ont fait un choix (...) C'est un vote de souffrance, un vote de crise… Moi je leur dis, je vous ai entendus, j'en tirerai toutes les conséquences."

    Son conseiller Patrick Buisson est un transfuge de l’extrême droite et l’inspirateur écouté de la campagne de Sarkozy. Récupérer les électeurs du Front national est -une stratégie qui lui avait réussi en 2007 dès le premier tour. Aujourd’hui il a échoué et c’est Marine Le Pen (qui officiellement ne se prénomme pas Marine mais Marion) qui est la bénéficiaire de l’affaire

    Une analyse des résultats du premier tour au regard du taux important de participation met Sarkozy dans la situation de donner encore plus de gages au Front national où se trouve l’essentiel des réserves de voix à convaincre. Les instituts de sondage n’avaient prévu ni la mobilisation des électeurs ni le résultat du FN. C’est sur ce constat que s’appuie Sarkozy pour décrédibiliser les sondages qui donnent Hollande vainqueur au deuxième tour. Il donne alors son analyse partisane : "Il n'y a aucune poussée de la gauche et il y a ce vote de crise qui a doublé d'une élection à l'autre. C'est à ce vote de crise qu'il faut apporter une réponse". Cet argument fait écho chez ses partisans pour éviter encore et toujours de parler du quinquennat qui se termine sur un constat d’échec.

    On a pu constater que, faute d’argument, Sarkozy et sa clique vont jouer les outsiders sans le reconnaître  en harcelant  un François Hollande accusé de "fuir le débat" pour mieux cacher les faiblesses présumées de son projet. Le but est d’inverser les rôles. On demande à Hollande de défendre un projet attaqué avec toute la mauvaise foi possible alors que Sarkozy a éludé pendant toute la campagne son propre bilan justifié par la crise économique et financière. Les griefs pourtant ne manquent pas. On se souvient d’un Sarkozy ventant les surprimes peu de temps avant la crise due aux surprimes. On se souvient de ses débuts bling bling, de son slogan trompeur «travailler plus pour gagner plus ». On se souvient des cadeaux fiscaux aux riches…

    Sarkozy est un vaniteux. Il pense être meilleur débatteur que François Hollande. Il voulait d’abord deux débats au second tour, il en demande maintenant trois en rupture avec la tradition d’un seul débat entre le premier et le deuxième tour. Il pense ainsi démolir François Hollande par quelques formules du style « Vous n’avez pas le monopole du cœur ». En attendant il multiplie les coups bas et est allé jusqu’à reprocher Strauss Kahn aux socialistes, oubliant qu’il l'avait nommé  par calcul politique à la tête du FMI. Il n’est pas non plus interdit de penser que, informé des travers du directeur du FMI, il espérait sans doute l’avoir comme adversaire pour le descendre dés le premier round. L’actualité en a décidé autrement trop tôt. Il accuse Hollande de chercher le vote communautariste alors que demain 24 avril, il prononcera un discours devant la communauté arménienne. Sous une fausse motivation humanitaire, il se sert du génocide arménien à des fins électoralistes et, par là, dessert la cause arménienne. Nombre d’Arméniens heureusement ne sont pas dupes. 

    Pour revenir sur son offre perverse de trois débats, le but de Sarkozy est d'accuser son rival socialiste de se dérober. Cela transparaît par ses trop promptes déclarations qui anticipaient sur un refus de son adversaire, lorsque qu’il dit et redit son incompréhension devant le fait que M. Hollande fuie les débats. Il se joue des électeurs lorsqu’il ajoute. "Les Français doivent avoir les éléments du choix et je ne fuirai pas (...) Et si M. Hollande se dérobe, ça sera sa responsabilité." Le candidat de gauche a développé son programme pendant toute la campagne du premier tour alors que Sarkozy multipliaient les improvisations et les appels aux voix du Front national après chaque sondage.

    Sarkozy et ses relais dans la presse ont décidé de mener une véritable guerre médiatique contre le candidat socialiste. Les menaces se sont rapidement multipliées…

    "Il y aura des temps forts tous les jours, le débat va être créé tous les jours. M. Hollande doit se préparer à une campagne très active et interactive", avertit Jean-Pierre Raffarin, qui juge cette phase "difficile" mais "très ouverte".

    "C'est un grand test comparatif pour les Français qui va s'engager", ajoute l'ancien Premier ministre. "Et si François Hollande ne veut pas d'un débat organisé, nous lui poserons des questions quotidiennement."

    Par ailleurs, Sarkozy courtise ouvertement le Front national et certaines de ses déclarations montrent qu’il compte poursuive son œuvre. Pour le Premier mai, il annonce : "Nous allons organiser (...) la fête du vrai travail, de ceux qui travaillent dur, qui sont exposés, qui souffrent et qui ne veulent plus que quand on ne travaille pas on puisse gagner plus que quand on travaille ». Il a même ajouté qu’il était le protecteur du travailleur mais pas du statut du travailleur. Il continue à stigmatiser les chômeurs sans les nommer. Il défie les "corps intermédiaires" que sont les syndicats, qui organisent traditionnellement ce jour-là de grandes manifestations et qu'il n'a de cesse de critiquer. Il fait d’une fête populaire un jour de convergence de l’UMP avec le Front national.

    Contrairement à ce qu’il veut faire croire et à ce que distillent certains commentateurs de son entourage, Sarkozy n’a pas changé. Il a empiré. Il va continuer la déréglementation du travail et la casse sociale. Il avait déjà réussi à s’approprier 90% des chaînes télévisées et des journaux d’information. Pendant les élections, des chaînes n’ont recours qu’à des journalistes et experts connus pour leurs accointances à droite.

    Il est temps de reprendre le pouvoir et de ne pas se laisser soumettre par la peur. La société que nous promet Sarkozy et le Front national est la société des invisibles pendant cinq ans jusqu’à ce qu’ils daignent porter leur regard sur des électeurs en les divisant et en les culpabilisant pour garder la main mise sur nos institutions et imposer l’austérité pendant qu’eux-mêmes et  d’autres continuent à s’enrichir.

    Même si Hollande ne représente pas la garantie d’un politique résolument à gauche avec une ferme intention de s’attaquer à la Finance, il faut battre Nicolas Sarkozy pour l’empêcher de durcir encore sa politique antisociale et de faire allégeance au Front national. Il faut aussi sanctionner sa conception américaine du débat politique dans ce qu’elle a de plus affligeant en prenant l’élection présidentielle pour  un concours de mensonges, d’insultes, de contre-vérités et d’agressions verbales. Sarkozy a dit qu’il n’avait aucune leçon de morale à recevoir et nous pouvons lui rétorquer que nous n’avions pas besoin de recevoir depuis 5 ans ses leçons de morale sociale et ses explications simplistes destinées à des enfants de maternelle. Le ton de maître d’école qu’il a réservé si souvent aux Français pour leur raconter des sornettes a toujours été une insulte permanente à leur intelligence.  

    Signé: Battone

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