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Sincèrement contre cette politique
Après l’entrée solennelle du Président de l’Assemblée nationale, avec roulement de tambours et la garde républicaine sabres au clair, la séance de l’Assemblée nationale s’est ouverte sur le discours de politique générale de Manuel Valls en application de l’article 49 alinéas 1 de la Constitution. Nous passerons sur les attitudes de potaches de quelques élus de la droite et en tête le chef du groupe UMP. D’abord nous avons relevé l’hommage marqué fait à Jean-Louis Borloo qui, malade, é renoncé à tous ses mandats, par le Président de l’Assemblée et le Premier ministre. Cela n’a pas adouci les mœurs chahuteuses de la Droite. Manuel Valls a prononcé son discours à large spectre en s’enflammant parfois et mettant même en avant son cas personnel d’Espagnol naturalisé français à qui notre république a permis d’accéder à des hautes fonctions. Il a même donné ses grands noms de valeurs dont il se réclame: Jaurès, Clémenceau et de Gaulle.
D’abord Manuel Valls a joué le « Je vous ai compris ». Trop de souffrance et pas assez de confiance, lance-t-il. Il analyse les abstentions aux élections municipales comme la manifestation de la déception, du doute, du mécontentement, parfois de la colère mais aussi de la peur de l’avenir, des feuilles de salaires insuffisants et des impôts trop lourds. Il dit avoir entendu les voix des électeurs et leur silence. Tout cela serait le résultat de l’impuissance politique, de l’absence de résultats et en particulier pour créer de l’emploi. Sa nomination en remplacement de Jean-Marc Ayrault ouvrirait une nouvelle étape et en disant cela, Manuel Valls rend hommage à son prédécesseur pour sa droiture, son sens politique. Il se dit fier d’avoir été son ministre de l’Intérieur avant de citer Mendes France : « dire la vérité– m'oblige, nous oblige. La vérité, c'est le premier principe de la démocratie. ...». Sans vérité, la parole publique est lettre morte. Le présent reste instable et l’avenir illisible Donc pour dire la vérité, il veut dire la réalité de la situation de la France à « ses retraités avec leurs maigres pensions », à ses ouvriers au chômage, à ses salariés précarisés, à ses petits patrons de PME, ses artisans et commerçants… Dans le constat qu’il fait ensuite sur la sécurité et le chômage, il implique aussi la gestion de Nicolas Sarkozy. En ce qui le concerne, il promet deux choses : l’efficacité et la sincérité.
Il a rassuré les Verts en annonçant qu’un texte sur la transition énergétique sera bien présenté avant l'été et que la prochaine conférence sur le climat se tiendrait en France où l’objectif serait de réduite de 30% la consommation d’énergie fossile et de 40% l’émission de gaz toxique.
Là où il faut bien tendre l’oreille, c’est à partir du moment où il proclame qu’il est attaché à la Cinquième république et qu’il n’a pas d’adversaires à gauche et que tous pourraient avancer ensemble sur beaucoup de dossiers. Il promet aussi de gouverner en écoutant l’opposition de Droite. Et puis enfin, il veut poursuivre le dialogue social…Pour Valls, baisser le coût du travail est "un des leviers de la compétitivité". Dès 2015, les cotisations patronales à l'Urssaf seraient "entièrement supprimées" pour un salaire au Smic. Les cotisations familiales seront aussi abaissées en 2016 pour les salaires "jusqu'à 3 fois et demi le Smic". Les cotisations famille des travailleurs indépendants baisseront aussi.
« Soutenir les entreprises, c’est soutenir les emplois » lance-t-il. Pour lui, chacun a sa part de responsabilité dans le redressement de la France et chacun doit s’engager pour l’emploi mais lorsqu’il développe les mesures envisagées, il revient sur le CICE qui se chiffre à un cadeau fiscal de 12 milliards d’euros en 2012, puis 20 milliards en 2013 pour annoncer le chiffre d’un crédit d’impôt de 30 milliards d’ici 2016. Ce n’est pas tout. Le coût du travail doit diminuer et ce sera 30 milliards de plus en allégements de charges. Voilà les données chiffrées auxquelles s’ajoutera le pacte de responsabilité auquel Hollande a greffé le mot « solidarité ». Ainsi avec une dérèglementation du travail qui n’est pas évoqué clairement, la France devrait retrouver la croissance. Il n’y a pas de croissance sans confiance et pas de confiance sans croissance » est un autre slogan de Manuel Valls.
De la confiance du peuple évoquée au début du discours, nous sommes passés à la confiance des financiers avant que ne suivent les grandes lignes pour sortir de l’endettement dont Manuel Valls rappelle les responsabilités de Jacques Chirac (67% du PIB) et Nicolas Sarkozy (90% avec un déficit de 5,2% en 2012, ramené à 4,3% en 2013)). Si vous ne le saviez pas, chaque Français est redevable de 30.000€ envers les banquiers de l’Etat. L’urgence est de trouver 50 milliards. Avant d’expliquer le financement prévu, Manuel Valls promet une série trompeuse d’allégements fiscaux pour les petits revenus (un effort de 5 milliards d'euros "à l'horizon 2017" contre 60 Milliards pour les entreprises évoqués plus loin) mais aucune augmentation fiscale pour les autres. L’équilibre budgétaire se fera par des économies dont il communique la répartition prévisionnelle : l’Etat et ses agences 19 milliards, l’assurance maladie 10 milliards et les collectivités locales 10 milliards. On ne sait pas où Valls va trouver les 11 milliards qui manquent.
En ce qui concerne les collectivités locales, une réforme structurelle est envisagée en quatre points : réduire de moitié le nombre des régions par fusions volontaires ou imposées d’ici janvier 2017– développement de l’intercommunalité qui devient la règle d’ici janvier 2018 – clarification des compétences (suppression de la clause de compétences générales pour déterminer les compétences de chaque collectivité) – et enfin suppression des conseils départementaux d’ici 2021. Sur ces réformes structurelles, Manuel Valls prévoit un débat national. Le maillage de l’Etat (Préfectures et sous-préfectures) devra se calquer sur le nouveau zonage des régions.
Manuel Valls refuse hypocritement d’assumer le titre de premier ministre de l’austérité. Du bout des lèvres, il a affirmé que la monnaie européenne (l’euro) était trop forte, 10% de plus qu’à l’été 2012. Cela sous-entend que la France demandera que la BCE révise sa politique monétaire. Toutefois Manuel Valls n'est pas allé jusqu'à s'y engager.
Le Premier ministre s'est aussi saisi du dossier sensible des rythmes scolaires, "une bonne réforme grâce à laquelle beaucoup plus d'enfants ont accès à des activités périscolaires". "Cependant, j'ai entendu les remarques de bonnes foi venant des élus". Le "cadre réglementaire" sera ainsi "assoupli" après une série de concertations.
Autre sujet qui touche de près les Français: le logement. M. Valls a promis une simplification administrative. En la matière le slogan est « construire moins cher et plus vite ».
Nous n’avons rien entendu de nouveau sur le nucléaire, pas grand chose sur l’école, sur la famille, la réforme pénale… Il y a de nombreux points qui sont restés dans le flou. Il a rendu hommage à l'armée française pour ses actions au Mali et en Centre Afrique et s'est élevé contre les accusations portées ses derniers jours par le Président du Rwanda.
Manuel Valls a prononcé plusieurs fois le mot essentiel dans son discours. En ce qui nous concerne, l’essentiel de son discours est la poursuite et l’accélération de la politique libérale dans le droit fil du CICE et de l’accord ANI. Il recevra les partenaires sociaux vendredi, a-t-il annoncé. Il aura un autre vote dans les rues de Paris le lendemain 12 avril. Si l’assemblée lui donne sa confiance, la rue lui rappellera sa contestation d’une politique d’austérité même s’il n’en assume pas le nom et d’un pacte de responsabilité qui poursuit le saccage social.
Manuel Valls a enrobé sa politique économique et sociale dans quelques encolées lyriques. Il a dit aux députés Front de gauche qu’ils pouvaient faire un bout de chemin ensemble sur beaucoup de dossiers, oubliant que les mêmes députés ont voté des textes lorsqu’ils étaient justes ou nécessaires. Ils n’ont jamais pratiqué une opposition systématique comme le font la Droite et l’extrême-droite. Peut-être a-t-il voulu le faire croire? Le Front de gauche n’aura pas eu l’attitude des députés EELV qui votent la confiance sans l’accorder puisqu’ils annoncent leur entière liberté de vote sur chaque texte qui sera proposé. L'aile gauche de parti socialiste est une fois encore entrée dans les rangs. Le Front de gauche a une attitude constante et cohérente. Comment accorder la confiance à un pouvoir socialiste qui aura fait des cadeaux au patronat pour un montant global de 60 Milliards alors que le déficit à combler est de 50 milliards ? Comment le Front de gauche aurait-il pu donner sa confiance alors que le service public va subir une cure d’austérité drastique de 19 milliards d’euros ? Où l’assurance maladie va-t-elle économiser 10 milliards ? Ne serait-ce que pour ces points, la sincérité du Front de gauche est de combattre cette politique et cette efficacité irresponsable proposée par le nouveau Premier ministre.
Pidone
Tags : Valls, discours, politique, générale, assemblée, vote, confiance
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