• SNCM: Montebourg en marinière!

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    On se souvient encore de ce vendredi-matin de novembre 2012 ! Arnaud de Montebourg était allé à la rencontre des salariés de Florange qui espéraient une nationalisation du site mosellan. Il s’était montré favorable à cette nationalisation tout en ajoutant : "C'est le président de la République qui décidera" en faveur ou non d'une telle option. C’était  à la sortie d'un café du quartier où il a pris le petit déjeuner avec une dizaine de métallos. Il ajoutait : "ce n'est pas un faux espoir, c'est une solution. C'est une solution qui est sérieuse, crédible, durable ». Il ne tarissait pas d’explications pour rassurer se interlocuteurs : "Je crois que Barack Obama a nationalisé, les Allemands nationalisent, tous les pays nationalisent... je ne vois pas où est le problème" et il en faisait des tonnes : "C'est un très bon signal aux investisseurs, c'est très moderne de nationaliser".  Le résultat, nous le connaissons. Comment faire confiance à cette grande gueule qui disparaît lorsque rien ne va plus. Le mot « nationalisation », il ne le prononce plus depuis Florange. Il a trouvé des formules comme « patriotisme économique » et le « made in France ».

    Le ministre des transports Frédéric Cuvellier étant hors jeu, Les syndicats CGT - SAMMM - FO - CFECGC - CFDT - CFTC de la SNCM ont demandé à être reçus demain lundi par le ministre de l’Economie et du Redressement productif. C’est le « fou du roi » qui reprend donc la main. Il ne le fait pas spontanément puisqu’il a fallu que les syndicats le sollicitent.  Montebourg rencontrera lundi 2 juin  les syndicalistes de la SNCM à Marseille. Viendra-t-il en marinière, les bras chargés de croissants et le dossier rempli de nouveaux mensonges mais vide de solutions ? Il aura du mal à mener en bateau ceux qui ont l’habitude de naviguer.

    Malheureusement les derniers rebondissements à la SNCM sont de mauvais signes adressés aux personnels. L’Etat s’est placé du côté de Transdev/Veolia en laissant limoger l’ancienne direction de la SNCM pour la remplacer par une direction choisie par l’associé majoritaire qui ne veut pas du plan de redressement pourtant signé. Transdev/Veolia refuse l’acquisition des nouveaux navires promis. Tout laisse présager un démantèlement de la SNCM et un plan social qui va avoir de graves conséquences puisqu’il concerne les 2600 employés de la compagnie (Au moins 2000 emplois en CDI  plus 600 intérimaires pendant la période estivale) mais aussi les emplois chez les sous-traitants qui, ajoutés, porte le nombre à  4000 emplois répartis entre la Corse et le continent. Au train où continuent les plans sociaux, la courbe du chômage n’est pas prête à s’infléchir.

    Le nouveau Président du directoire de la SNCM, Olivier Diehl, sera-t-il  le liquidateur désigné par Transdev/Véolia et accepté par l’Etat ?  Nul n’ignore l’intention de conduire la SNCM à une procédure collective devant le Tribunal de commerce, ce qui signifierait à terme la liquidation judiciaire sous la menace de la commission européenne exigeant que la SNCM rembourse plusieurs millions d’euros de subventions perçues.

    L’Etat a hypocritement demandé à la nouvelle direction d’étudier «la faisabilité financière de l’acquisition de nouveaux navires», alors que le futur président du conseil de surveillance de la compagnie a refusé par avance en déclarant : «Ce ne sont pas de nouveaux bateaux qui sauveront la SNCM». En laissant la Transdev prendre le contrôle du Directoire et du Conseil de Surveillance, Manuel Valls et François Hollande ont joué un mauvais tour aux personnels de la SNCM. Il faut rappeler que si l’état n’a pas la majorité dans le capital de la SNCM, il détient la moitié du capital de l’actionnaire majoritaire Transdev, ce qui en a fait le principal financier de la SNCM sans compter les subventions accordés. En laissant Transdev/Véolia aux commandes, l’Etat a fait le choix de fuir ses responsabilités alors que la position de principal actionnaire de Véolia repose sur un montage financier derrière lequel l’Etat est le principal financier puisqu’il détient 25% du capital de la compagnie et 50% du capital de Transdev à parts égales avec Véolia. Nous sommes dans un système où l’argent de l’Etat est passé dans  une société de droit privé alors que la SNCM était une compagnie nationale aux finances équilibrées. La privatisation a fait passer l’argent de l’Etat et les actifs de la SNCM dans l’escarcelle privée tout en conduisant la SNCM à la déconfiture pour mettre en place le low-cost.

     «Nous voulons dénoncer les mensonges de l’Etat qui s’était engagé, à l’achat de quatre nouveaux navires», a précisé à l’AFP le secrétaire général des marins CGT, Frédéric Alpozzo selon lequel MM. Narty et Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l’Elysée avaient pris cet engagement en recevant les syndicats il y a quelques mois. Ce représentant syndical, très actif dans le combat syndical mené depuis la scandaleuse privatisation de la SNCM,  n’a pas confirmé le dépôt d’un préavis de grève pour le 24 juin, jour de l’assemblée générale de la SNCM sans toutefois écarter cette possibilité

    Un journaliste corse a suivi le dossier SNCM auquel il a consacré son blog « péricoloso sporgersi ». Il y détaille le scandale du gâchis financier de la SNCM dont la responsabilité ne revient pas aux personnels mais d’abord à l’Etat (depuis la scandaleuse privatisation initiée d’abord au profit d’un fonds de placement par de Dominique de Villepin, premier ministre de Chirac), ensuite à la Corsica ferries et à la commission européenne. Aujourd’hui la responsabilité est celle de François Hollande et de Manuel Valls.

    Selon le journaliste Alain Verdi : « De sources concordantes, des forces manœuvrent pour qu’un conflit social « dur » se déclenche le plus rapidement possible. Pour des raisons de calendrier, le conflit pourrait débuter fin Juin et  les procédures judiciaires devant le tribunal de commerce de Marseille pourraient s’étaler de l’automne à la fin de l’année.  L’objectif recherché est double : couler la SNCM, définitivement, en empêchant toute solution de redressement et faire porter le chapeau aux organisations syndicales, en faisant oublier le rôle joué par « l’orchestre ».

    Si ce scénario s’avère, non seulement la saison touristique sera compromise en Corse mais rappelons que des milliers d’emplois sont en jeu et que la disparition de la SNCM aura des répercussions à long terme. Ce n’est pas la Corsica ferries qui compensera les emplois perdus si l’on en juge par sa politique salariale tournée vers les bas salaires, les fortes cadences de rotation des navires, le refus de se soumettre aux règles fiscales et sociales françaises. Il serait étonnant qu’une compagnie battant pavillon étranger et affrétant des navires appartenant à une holding italo-suisse change de politique salariale. Par contre, mise dans les conditions d’un monopole de fait, elle changera ses tarifs comme cela s’est déjà produit en Sardaigne dans les mêmes conditions.

    Nous ne pouvons espérer que Montebourg aura une quelconque action dans ce dossier car il n’en a eu aucune dans d’autres gros dossiers comme celui d’Acelor-Mittal. On voit bien que, dans celui d’Alstom, la partie qui se joue n’a rien à voir avec la sauvegarde des emplois. On connaît aussi les déboires de Peugeot et la liste est longue des gâchis industriels. On attend demain sans optimisme car, si la liquidation est la solution retenue et si l’on en croit Alain Verdi, le but serait de faire porter le chapeau aux Syndicats et en premier lieu à la CGT comme cela a toujours été fait depuis la privatisation avec des porte-voix en Corse qui se sont chargés et se chargent de dénigrer en permanence la SNCM et ses personnels pourtant en grande partie corses. Curieusement, les derniers sondages parmi la clientèle de la SNCM affichent des résultats positifs mais ni le personnel ni les clients de la compagnie n’ont droit au chapitre.

    On a l’impression que l’Etat a voulu mal attacher les amarres de la SNCM pendant la tempête pour lui faire subir le sort de Car ferries Napoléon Bonaparte. Si tel est le cas, le dossier SNCM n’a pas fini de faire des vagues.

    Matelone

     

    http://alainverdi.tumblr.com/post/86981735198/sncm-derniere-tempete-avant-naufrage

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