• Tout un Monde, François Hollande!

    Hollamlet

    Hollande est entré en campagne et s’est livré, dans son journal de propagande qu’est devenu Le Monde, à une plaidoirie pour l’Europe qui est devenue selon lui « le plus vaste ensemble d'Etats démocratiques et la plus grande économie du monde ». Et il ajoute : «  A quoi devons-nous cette résurrection inouïe, cette renaissance exceptionnelle ? A l'union ! A l'union des citoyens, à l'union des économies, à l'union des nations ». A l’écouter, on se demande si les crises financières et économiques ne sont que des mirages et on en oublie le référendum qui avait dit « non » à la constitution européenne. Pour lui « cette œuvre a été voulue par la grande majorité des Français et de nos forces politiques. Elle a été encouragée, développée, consolidée par plusieurs générations d'hommes d'Etat qui ont su réconcilier la France et l'Allemagne autour d'un projet capable de les dépasser. Cette amitié fonde encore notre avenir. Et tous les présidents de la Ve République s'y sont pleinement consacrés ».

    Bien que issu de la promotion « Voltaire » à l’ENA, Hollande a sans aucun doute fait sienne la devise de Descartes : « Je m’avance masqué ». Dans son discours écrit, il a, comme à son habitude, laissé croire qu’il est encore de gauche, en stigmatisant notamment le nationalisme et les « forces qui cherchent à défaire en spéculant sur la déception, en misant sur le découragement, en exhumant les peurs ». Il ne les nomme pas mais nous espérons qu’il ne vise que le Front national car il ajoute à leur égard : « … en désignant l'étranger comme un bouc émissaire. En misant sur la discorde religieuse. En opposant les identités nationales à l'engagement européen. Ces manœuvres pernicieuses prospèrent sur un terreau fertile ». Quel terreau, si ce n’est celui sans cesse enrichi par le fumier d’une presse manipulatrice de l’opinion publique, le journal « Le Monde » en tête. Quel terreau, si ce n’est celui du chômage et de la précarité.

    Ensuite, il essaie de faire oublier que, avec Manuel Valls, il a mis en œuvre le  « plus violent plan de coupes budgétaires et de démantèlement de l’Etat et des institutions démocratiques que notre pays ait jamais subi en temps de paix. 50 milliards de coupes, plus la suppression des départements et de la moitié des régions, sans oublier la destruction de fait de milliers de communes absorbées par les métropoles! » (Jean-Luc Mélenchon sur son blog).

    Notre président se gargarise de mots et de formules en parlant de l’Europe : « Elle est à la peine avec ses institutions et ses règles compliquées. Elle est décalée quand ses injonctions exigent des sacrifices au lieu de renforcer les protections. Les citoyens s'éloignent d'elle quand ils ne s'en séparent pas. Le doute nourrit l'indifférence. L'incompréhension alimente le rejet ».

    Il en remet une couche sur le Marine Le pen et le FN sans nommer personne : « Certains veulent abandonner l'euro. La dérive de la monnaie, pensent-ils, nous rendra compétitifs sans effort. Mais la dévaluation, c'est d'abord la hausse du prix de tous les produits importés, c'est le retour de l'inflation, c'est la baisse du pouvoir d'achat des plus modestes. La fin de l'euro, c'est une austérité implacable. La fin de l'euro, c'est la disparition de la solidarité financière, c'est une monnaie livrée à la merci des spéculateurs. Croit-on que la force se construit dans l'isolement ? C'est plus qu'une illusion, c'est un piège. Celui du déclin national ».

    La fin de l’euro serait la fin de la solidarité financière. Quelle solidarité ? Celle de maintenir un euro fort pour défendre le système de retraite libéral de l’Allemagne. Celle d’un euro voulu fort par les banquiers et les spéculateurs ?

    Il revient encore sur le FN non cité : « D'autres veulent tout simplement déconstruire l'Europe. Rompre tout ou partie des engagements, déchirer les traités, rétablir les droits de douane et les guérites de la police des frontières. Se couper non pas de l'Europe, mais du monde. Ceux-là, qui se prétendent patriotes, ne croient plus en la France. Sortir de l'Europe, c'est sortir de l'Histoire. »

    Des commentateurs mal intentionnés ont dit qu’il avait mis en garde contre les populismes, sous-entendu le FN, le Front de gauche et les gauchistes. Nous n’avons trouvé que des stigmatisations à attribuer au Front national. Comment aurait-il pu stigmatiser son opposition à gauche, en disant : « Oui, il faut réguler le commerce mondial. Oui, il faut défendre nos industries. Oui, il faut lutter contre le dumping social » ou encore : « Il y a en effet une vision minimale, commerciale, « apolitique » de l'Europe, qui ne voit en elle qu'un marché, qu'un espace monétaire sans gouvernance, qu'une somme de règles et fait de l'Union une entité sans âme et sans autre projet que celui d'accueillir les candidats qui frappent à sa porte. Ses promoteurs veulent bien de l'Europe à condition qu'elle rase les murs, réduise son budget, abaisse ses ambitions politiques. Compliquant ses institutions à force de les brider, ils rendent l'Union illisible et lointaine. Pour eux, l'abstention des citoyens n'est pas un problème, ce sera même une solution pour ne rien changer ! »

    Il ne faut cependant pas se leurrer.  Parole, parole ! Encore des mots, rien que des mots…  Pour lui, L'Europe est « le premier ensemble économique du monde ». Il est favorable au Grand marché transatlantique. Lorsqu’il dénonce ceux qui « exhument les peurs », il s’exonère du fait qu’il en fait de même en promettant la récession et une austérité plus dure hors le salut libéral qu’il préconise. Il s’inscrit dans la lignée des présidents de la Vème république. Comme si, par exemple le général de Gaulle avait vu, dans une boule de cristal, cet avenir européen qui s’installe sans véritable légitimité et sous l’influence des lobbies. Le premier à ouvrir cette voie libérale suivie depuis lors fut Valery Giscard d’Estaing. Les média l’ont sollicité aujourd’hui pour qu’il vienne dire que le 8 mai ne devait plus être chômé et qu’il faut que les Français travaillent plus au nom de la croissance et de son P.I.B. C’est ce même Giscard qui estimait qu’il était inutile de consulter les Français sur la procédure de constitution de l’Europe. C’est lui qui a accepté le système bancaire entre la BCI et les banquiers.

    La campagne des élections européennes est là. François Hollande et ses candidats socialistes adoubés vont tenir un faux discours de gauche  diamétralement  opposé à l’action droitière menée avec Manuel Valls au sein d’une Europe libérale dont on mesure l’absence de perspectives pour les peuples. Hollande déplore le doute qui nourrit l'indifférence et l'incompréhension alimente le rejet. Belles formules creuses dans la mesure où il refuse d’analyser les raisons qui vont jeter des électeurs dans le camp du Front national et d’autres dans l’abstention.

    En utilisant en partie le langage de la gauche et les griefs trouvés chez les électeurs contre « une vision minimale, commerciale, apolitique de l'Europe, qui ne voit en elle qu'un marché, qu'un espace monétaire sans gouvernance, qu'une somme de règles et fait de l'Union une entité sans âme et sans autre projet que celui d'accueillir les candidats qui frappent à sa porte », il trompe tout le monde et nuit à son opposition de gauche qui dénonce cela depuis toujours. Comme le Front de gauche il fustige ceux qui « veulent bien de l'Europe à condition qu'elle rase les murs, réduise son budget, abaisse ses ambitions politiques » et  « compliquent ses institutions à force de les brider en rendant l'Union illisible et lointaine ». Si pour eux, « l'abstention des citoyens n'est pas un problème, ce sera même une solution pour ne rien changer ! », comme le dit François Hollande, on se demande quel changement peuvent encore attendre ces mêmes citoyens. Ils n’ont pas encore digéré « mon ennemi, c’est la Finance ».

    François Hollande est à nouveau en campagne. On l’a déjà entendu en 2012. Il est venu en candidat. On l’a vu. Il a vaincu et nous a tourné le dos. Il sort son langage de gauche qui ne sert qu’à rassembler les électeurs de gauche pour les diviser ensuite en poursuivant sa politique antisociale et mercantile en osmose avec Angela Merkel  et Barak Obama. Cela ne marche pas à tous les coups. Il ne l’a pas compris aux élections municipales. Nous verrons si les Européennes lui montreront ce qui l’attend en 2017. Il dit qu’il veut être jugé sur ses résultats. Ce ne seront pas quelques allègements tardifs d’impôts aux ménages, des courbes ou des chiffrages d’énarque qui empêcheront qu’il soit jugé sur sa politique. Il l’est déjà si on en croit sa côte de popularité historiquement basse par rapport aux présidents précédents qui ont mis sur les rails la politique libérale qu’il suit à son tour. La droite ne lui donnera jamais la légitimité de faire une politique de droite et la gauche ne lui donnera plus de légitimité pour lui avoir tourné le dos.

    Paroles, paroles, des mots encore des mots… Hollande veut nous faire croire pour citer Voltaire que : « Un jour, tout sera bien, voilà notre espérance », en gardant pour lui seul la suite : « Tout est bien aujourd’hui, voilà l’illusion». Ce n’est pas avec des belles formules et des anaphores qu’il fera oublier sa politique et ses échecs. Des sondeurs annoncent le FN en tête à l’occasion des  élections européennes. Une fois encore, on agite l’épouvantail. Et puis, si  cela arrive, à qui la faute ? L’extrême-droite européenne profite de la politique libérale et de ses conséquences sociales en même temps que de la stigmatisation des oppositions de gauche. Ce n’est certainement pas la faute de ceux qui veulent une Europe sociale et pour qui les mots « liberté, égalité, fraternité » gardent tout leur sens. Ce n’est certainement pas la faute de ceux qui défendent la démocratie contre les autocrates et les oligarques. Une Europe certes économique mais, avant tout, libre et sociale. Voilà ce à quoi aspirent bon nombre des Français trompés par des jeux politiques et des intérêts financiers.

    Le Front de gauche est souvent écarté du débat médiatique qui n’est plus démocratique. Son programme est l’ultime recours pour refonder une Europe soucieuse du rôle qu’elle doit jouer dans le Monde. Réduire ce rôle à l’économie et à la géopolitique ne laisse entrevoir aucun avenir heureux pour les peuples. L’Europe doit mettre l’humain d’abord pour rétablir et maintenir la paix mondiale.

    Battone 

    Google Bookmarks

    Tags Tags : , , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :