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Une politique en trompe-l'oeil...
Quand Ayrault dit «nous ne toucherons pas à l'âge légal», il joue sur les mots car il prend la piste du rallongement de la durée des cotisations pour atteindre le même but : reculer l’âge du départ à la retraite.
Prenons des cas de figure pour un salarié du privé ou de la Fonction publique ayant 60 ans en 2013.S'il a travaillé avant 20 ans et cotisé 165 trimestres, il peut faire valoir ses droits. S'il a commencé à travailler à 24 ans, il devra attendre 2018, c'est-à-dire l'âge de 65 ans. S’il a commencé à 30 ans il devrait cotiser jusqu'à l'âge de 71 ans mais la loi Sarkozy lui permet d'avoir le taux plein à 67 ans (65 ans auparavant). Pour ceux qui ont fait de longues études, il leur faudra acheter les annuités manquantes pour partir plus tôt et en avoir les moyens. Par conséquent, le fait de cotiser plus longtemps et donc de rester plus longtemps a les mêmes effets que la fixation d’un âge légal, du moins pour les petits salaires car les gros pourront toujours racheter leurs années d'études ou se satisfaire de ne pas atteindre le taux plein, tout en continuant parfois à avoir des activités lucratives comme, par exemple, un mandat électif.
Alors cela nous amène à la loi sur le non cumul des mandats. François Hollande a annoncé qu’elle entrerait en vigueur avant la fin de son mandat sans préciser de date précise et sans motiver ce long délai. L’interdiction de cumuler un mandat parlementaire avec un exécutif local – mairie, quelle qu’en soit la taille, présidence de conseil départemental ou régional – fera l’objet d’une loi à la fin 2016. Mais le texte voté ne sera applicable pour les députés en juin 2017 et pour les sénateurs en septembre 2017 ! Soit après la prochaine élection présidentielle. Le candidat Hollande savait qu’il ne pourrait interrompre des mandats en cours contre l’avis de Conseil d’Etat. Cela l’arrange car il était politiquement hasardeux d’obliger les sénateurs à se plier à cette loi dès septembre 2014. C’est une façon de tenir sa parole tout en laissant un nouveau délai de grâce aux élus concernés. Comme les 75% de taxe sur les très riches, cette promesse électorale ne pouvait apporter un « changement maintenant », slogan de la campagne du candidat Hollande.
Voilà deux exemples d’une politique en trompe-l’œil. Le candidat avait aussi promis de tenir ses promesses. Tout dépend donc comment il les tient. Par exemple, on nous explique que l’on a mal compris son slogan « Le changement, c’est maintenant ». Dans son esprit, le changement maintenant évoquait seulement le départ de Nicolas Sarkozy… Donc, pas un changement de politique ! Comme dirait un pilier de bar plein de bon sens : « Avec lui, tous les couillons vont dans la lune ! » Un proverbe corse dit « Le chrétien pardonne, le couillon oublie. » Toutefois, un électeur de gauche ne pardonne pas et n’oublie pas.
Pendant qu’Hollande et son gouvernement divisent la Gauche, les deux rivaux de l’UMP ont - chose impensable il y a quelques semaines encore - fait une déclaration commune lors du comité politique de leur parti. Ils militent pour «une UMP rassemblée» face à «la gravité de la situation du pays et la politique désastreuse conduite par François Hollande». Faut-il y voir un simple hasard de calendrier ? Alors que deux journalistes, Bruno Jeudy et Carole Barjon, publient «Le coup monté», un livre-enquête dans lequel ils affirment que Jean-François Copé a truqué les résultats pour remporter la présidence de l'UMP, au détriment de François Fillon, les deux frères ennemis de l'ex-parti majoritaire ont affiché aujourd’hui leur volonté de rassemblement. Dans le clan Hollande, on fait de l’anti-Front de gauche et le parti socialiste a du plus en plus de mal à faire taire la contestation en son sein.
Pidone
Tags : Hollande, Ayrault, retraite, non cumul des mandats, Coipé, Juppé, UMP, PS, Front de gauche, politique, gauche
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