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A part peut-être Mme Thatcher...
Celle que l’on appelle la dame de fer est décédée sans se souvenir de tout le mal qu’elle a fait puisqu’elle était atteinte de la maladie d’Alzheimer depuis 2002. Si elle a tout oublié, les mineurs anglais en grève et leurs familles se souviennent d’elle et du bras de fer engagé au début des années 1980. Elle a démantelé les industries anglaises, sacrifié l’économie traditionnelle pour transformer son pays en place boursière et en pôle service. « Si tous les bijoux du royaume ont été un à un vendus aux capitaux étrangers, c'est grâce à madame Thatcher » rappelle Jean-Luc Mélenchon. Elle a inspiré la droite forte et décomplexée de Nicolas Sarkozy.
Sans surprise, l’UMP rend un vibrant hommage à la Dame de fer pour son libéralisme économique intransigeant. François Fillon loue « une femme d'ordre et de rigueur, une battante, qui imprima sur la Grande-Bretagne une marque qui, aujourd'hui encore, imprègne fortement l'économie et la société du Royaume-Uni. Sans elle, la puissance économique et financière de Londres ne serait pas ce qu'elle est ». Jean-François Copé, le président des décomplexés de l'UMP, salue "une dirigeante d'exception qui aura su, en toutes circonstances, défendre ses convictions et les faire gagner, sans préoccupation excessive pour les sondages ou les mouvements de balancier de l'opinion. Première femme à la tête d'une grande démocratie occidentale, Margaret Thatcher a (...) maintenu le cap et tenu bon face à tous les conservatismes, réussissant une modernisation spectaculaire de l'économie britannique ». Enfin, Alain Juppé lui rend hommage sur son blog : "D'une grande personnalité politique qui a marqué l'histoire de son pays et de l'Europe de façon définitive. (...) Même si nous ne partagions pas toujours les mêmes conceptions en matière européenne, l'histoire retiendra l'empreinte qu'elle a laissée sur notre continent et sur ses dirigeants, par sa ténacité et la force de ses convictions réformatrices."
L’empreinte qu’elle a laissée ! C’est l’ultralibéralisme responsable de la crise financière et économique. C’est une Droite européenne décomplexée qui fait supporter aux peuples la spéculation et ses crises. Elle a marqué une période forte dans les liens entre l'UE, le Royaume-Uni, et les Etats-Unis, en se rapprochant nettement de Washington. Elle était très proche des mesures appliquées par Ronald Reagan aux Etats-Unis : une tendance libérale lourde qui se caractérise par la déréglementation des services publics en général. C'est aussi la réduction des indemnités chômage. Les cas actuels de la Grèce, de l'Espagne et de l'Italie font penser à ce qu'a traversé la Grande-Bretagne sous Thatcher. Elle est une référence de l'austérité imposée aux Européens. Contrairement à ce que veulent faire croire Merkel et sa cour, la Grande-Bretagne n’a pas bénéficié de l’austérité imposée par Thatcher mais de la hausse des prix du pétrole et des opportunités de recherches de brut et de gaz en mer du Nord. Cette manne a duré 10-15 ans. L'embellie de la Grande-Bretagne est largement due à cela. En revanche, elle a aggravé de nombreux problèmes sociaux, comme l'accès aux soins et le fossé croissant entre les plus riches et les plus pauvres. Sous les années Thatcher, les inégalités sociales se sont fortement creusées.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a salué « une grande femme politique dont nous regardons l'œuvre accomplie les yeux remplis d'admiration ». « Elle a été un leader extraordinaire », a renchéri Angela Merkel qui l’a prise pour modèle et veut imposer l’austérité à toute l’Europe. La « fraulein de fer » ne renie certainement pas le passé de l'autre dame de fer, "miss maggie" devenue avec Ronald Reagan le "duo culte" de l'économie libérale. Toutefois « La raison est une arme plus pénétrante que le fer» nous rappelle le poète grec Philonide et il ajoute « Il faut couper le mal dans sa racine ».
Merkel n’est par une une "belle gretchen qui passait au carrefour du Château... ». Georges Brasens chantait une gretchen qu’il avait sans doute rencontrée lors de son passage — STO oblige — à Basdorf. Angela n’est pas une belle prussienne blonde, grande et mince comme Claudia Schiffer ou pulpeuses comme Veronica Ferres à ses débuts. Elle est par contre favorable au STO. Les femmes méchantes sont toujours moches. Elle a certainement ce point commun avec l’Anglaise Thatcher. Elles ont raté toutes les occasions d’être belles.
Si vous voulez vous souvenir de Margaret Thatcher, réécoutez Renaud ou allez voir un film de Ken Loach.
Mme Thatcher est partie de ce monde sans mémoire… Oublions-la ! Effaçons son empreinte ! Coupons cette racine ultraconservatrice ! Et, contrairement à ses émules, ne rouillons pas ! Donnons leur des dérouillées démocratiques.
Pidone
Tags : Thatcher, Merkel, Copé, Fillon, Juppé, Sarkozy, Droite, Europe, Renaud, Ken Loach, Front de gauche, Mélenchon
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