• Après la Grèce, la France aussi ?

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    « En France, le succès de la gauche radicale peut être renvoyé aux calendes grecques. Elle naufrage avec la gauche de pouvoir ». C’est le journaleux Hugo Domenach[1] qui l’écrit dans Le Point et il ajoute : « Le paradoxe, c'est que toutes les conditions sont réunies pour qu'elle soit forte. La crise économique n'en finit pas, le chômage s'aggrave, la consommation s'étiole. Et l'on désespère de l'austérité imposée par Bruxelles et Berlin. Les Français comme les Grecs tournent le dos aux partis de gouvernement, qu'ils jugent responsables de ce déclin. En Europe, certains partis d'extrême gauche en profitent. En Grèce, Syriza, le Front de gauche local, est favori pour emporter les élections anticipées. Alexis Tsipras, le Jean-Luc Mélenchon grec, a un mot d'ordre qui le porte : "À bas l'austérité." En Espagne, Podemos, mouvement anticorruption issu des Indignés, peut gagner les prochaines législatives. Mais, en France, la gauche radicale barbote dans les basses eaux électorales ».  Ce journaleux  va jusqu’à reprocher à « Meluche » (c’est comme cela qu’il nomme Mélenchon) d’avoir appelé à voter Hollande au second tour des élections présidentielles. C’est oublier sciemment que les électeurs du Front de gauche ont voté d’abord contre Nicolas Sarkozy et ensuite ont été bernés par François Hollande, ennemi du monde de la finance, le temps des derniers jours de sa campagne électorale.

    A qui la faute en France si la gauche radicale progresse peu ? Certainement pas à la plus grande partie du Front de gauche et, si responsabilité il y a, elle incombe à ceux qui font des alliances électorales avec le parti socialiste, après les élections présidentielles, sous le faux prétexte qu’une élection locale n’est pas conditionnée par la politique nationale du gouvernement. On ne peut pas être dans l’opposition et faire des alliances de circonstance avec les candidats socialistes qui ont voté les questions de confiance au gouvernement et les lois dénoncées par la gauche radicale. Une grande partie du Front de gauche récuse ces alliances et s’oppose fermement à l’austérité tout en soutenant les initiatives de Syriza en Grèce et de Podemos en Espagne.

    Les journalistes font, dans leurs analyses, preuve d’une grande mauvaise foi car les premiers à vouloir renvoyer aux calendes grecques  la gauche radicale qui n’a rien à voir avec le mal nommé parti radical de gauche affilié au Ps  et qui, pour les médias, va du Front de gauche jusqu’aux partis d’extrêmes gauches comme Lutte ouvrière ou bien le parti anticapitaliste pour citer les deux les plus connus. Pour s’en convaincre, il suffit de relever la constance que mettent les chiens de garde du libéralisme à marginaliser la gauche dite radicale et à la ranger dans la politique has been pour démontrer que c’est le conservatisme libéral qui est moderne. D'aucuns vont jusqu'à taxer de conservatismes la défense des acquis sociaux jusque dans les rangs du pouvoir actuel.

    Et cet acharnement contre le Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche au Présidentielles de 2012 ! D’aucuns s’évertuent à l’accuser de populisme partagé avec le Front national. Aucun véritable travail journalistique n’est fait sur le programme de Marine Le Pen, sur son hostilité aux droits des salariés, son parti pris pour les capitalistes et le patronat. Les acquis sociaux et l’augmentation du SMIC sont des « mesures bolcheviques » selon elle. Les syndicats et les grévistes sont traité de « preneurs d’otages » et d’ « émeutiers »,  les fonctionnaires  sont des« parasites »  et les chômeurs des « assistés »…etc.  Jamais un élu du Front national n’est venu soutenir la moindre grève contre les licenciements collectifs et les fermetures d’entreprises.

    Un grand nombre de journalistes passent sous silence que l’extrême droite, pour prospérer, feint d’être « sociale ». Ils vont jusqu’à assimiler le populisme électoral de l’extrême-droite à la gauche. Marine Le Pen serait-elle plus à gauche que Mélenchon, comme certain le suggèrent ? Bien sûr que non. Marine Le Pen est à la droite de la droite, c’est-à-dire à l’extrême droite même si elle récuse l’appellation en lui  préférant celle de « droite nationale ». Toutefois, si on lui ajoute « social » à « national », cela ramène aux idées basiques de l’extrême-droite.  Tout a été fait pour banaliser les idées du FN et drainer vers l’extrême-droite un électorat populaire manipulé par l’angoisse et la peur dans un contexte national et international propice à la xénophobie et au racisme. Le vrai fonds  de commerce de l’extrême-droite n’a pas varié : c’est la xénophobie, la peur de l’autre.  Ils ne sont pas sincèrement contre l’Europe de la Finance mais toujours contre l’Europe des peuples et pour le rétablissement des frontières. La sortie de  l’Euro n’est que le corollaire d’un projet ultranationaliste et identitaire.

    Ce 30 décembre, on peut lire dans L’Express : « Syriza: Jean-Luc Mélenchon applaudit la Grèce, Marine Le Pen aussi ».  Cette information fait penser à la chanson de Fernandel : « … J'pris un homard sauce tomates, Il avait du poil aux pattes Félicie aussi… » Voilà un exemple d’amalgame  avec la sournoiserie de l’ellipse « aussi » marrante dans la chanson et navrante dans l’information, petit mot qui insinue et remplace tout commentaire documenté et digne d’un journalisme d’information. Les journalistes savent pourtant que le Front national  est hostile à Syrisa et favorable à « Aube dorée » mouvement d’extrême-droite grec aux méthodes fascisantes. C’est la même presse qui n’emploie plus, à la demande de Marine Le Pen, les appellations d’extrême-droite et de Front national, lorsque cela les arrange. Ils préfèrent « rassemblement bleu Marine » qui renvoie aux embruns plutôt qu’à la peste brune. Ils veulent faire oublier l’histoire de la gauche et, aux antipodes de la gauche, celle de l’extrême-droite. A moins qu’ils soient nuls en Histoire, ce qui est incompatible avec le journalisme politique.

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    Le 25 janvier prochain, le peuple grec retourne aux urnes et, malgré une campagne de dénigrement à l’échelon européen, Syriza est annoncé comme le possible vainqueur. Alors, pour reprendre le mot « aussi », nous espérons que la gauche dite « radicale » remportera les prochaines élections en Grèce et en France aussi, malgré une presse de propagande libérale hostile et manipulatrice.  Il existe une alternative à gauche pour mettre fin à l’alternance libérale et éviter le piège du Front national. Il faudra en convaincre le premier parti de France qui est celui des abstentionnistes.  Les élections législatives grecques peuvent contribuer à faire renaître l’espérance en une Europe des peuples. Les peuples grec et chypriote peuvent être à l’origine d’une réaction de l’ensemble des peuples d’Europe contre les projets destructeurs des dirigeants européens, ouvrant la voie à une autre Europe : une Europe démocratique ; une Europe de la solidarité et de la cohésion sociale.

    N’oublions pas que la démocratie, qui renvoie étymologiquement à la Grèce,  est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Il est temps d’en redéfinir les contours en donnant la parole aux peuples européens auxquels elle a été confisquée et en constituant une Sixième république française plus démocratique et plus juste.

    Que vaut une union européenne construite  à huis-clos dans les arrière-salles des boutiquiers de la Finance ? N’est-ce pas encore le cas pour l’accord de marché transatlantique de libre-échange TAFTA ?

    Que vaut une démocratie sans référendum et dans laquelle on  ne consulte le peuple que pour des élections de personnes dans des campagnes mensongères ?

      Fucone



    [1] Hugo Domenach, fils de Nicolas Domenach,  directeur adjoint de rédaction au  journal Mariane, qui débattait volontiers avec Eric Zemmour sur ITV  en contribuant à la banalisation de l’extrême-droite.

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