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L'iFRAP a encore frappé...
L’iFRAP a encore frappé le 28 mars dernier. Avec le concours des journaux Challenges et Le Figaro, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation I’iFRAP, continue sa croisade contre la fonction publique en s’appuyant sur des évaluations fallacieuses pour faire ressortir que les agents de l’Etat sont des privilégiés. Ses évaluations mettent tout le monde dans le même sac pour tirer des moyennes qui ne veulent rien dire et sa fonction lui ouvre les tribunes des journaux de la droite dont elle fait partie. Elle vient encore de diffuser sa propagande dans les pages de Challenges dans un article « La vérité sur les privilèges des fonctionnaires » avec un tableau de deux colonnes, l’une intitulée « des salaires plus élevés » et l’autre « des retraités plus jeunes ». Elle compare des salaires nets mensuels moyens et des âges moyens de départ à la retraite. Il s’agit d’un article à charge digne d’un procès kafkaïen. Il ne s’agit pas pour nous de faire comme elle à rebours en relevant les privilèges du secteur privé mais de démontrer son évaluation trompeuse lorsqu’elle englobe notamment les agents de l’Etat sous une moyenne qui ne démontre rien, en ne tenant pas compte des niveaux d’étude et des concours nationaux obtenus. Il faut dénoncer un discours qui n’est pas fait pour que le secteur privé obtienne plus de droit mais pour discréditer le secteur public. « Diviser pour régner », on connaît la devise. Alors pour qui cette dame est-elle en croisade permanente contre les Infidèles du secteur public ? Il suffit de prendre connaissance de son parcours. « Directrice de la Fondation iFRAP depuis décembre 2009, Agnès Verdier-Molinié est diplômée d’Histoire économique contemporaine. Elle a rejoint l’iFRAP en 2002 en tant que chercheur puis en tant que Responsable des Relations Institutionnelles après un parcours dans les médias notamment au Figaro, L’Express et France Info. Elle a été membre du comité exécutif du Codice (Conseil pour la Diffusion de la Culture Économique) nommé en 2008 par la ministre des Finances Christine Lagarde (le Codice a été dissous en 2010). » Elle est l’auteur de cette phrase : « La plupart des défauts que l'on attribue au capitalisme financier sont imaginaires ou proviennent de règlementations inadaptées » et d’un opus intitulé : « Les fonctionnaires contre l’Etat ». Le 29 mars dernier, le Figaro faisait son portrait et la déclarer d’utilité publique : « « Elle a les yeux et le verbe clairs. Parfois tranchants, même. Cela la rend éminemment télégénique. Et explique qu’Agnès Verdier-Molinié soit devenue la nouvelle experte que l’on s’arrache, la spécialiste de la traque des dépenses publiques superflues qui a la cote. Pour les programmateurs de débats télévisés, amateurs de profils affirmés, la jeune femme est une bonne cliente qui campe avantageusement, même si elle récuse la qualification, la «pasionaria libérale» que l’on oppose souvent aux défenseurs du fameux modèle social français. » Elle contribue activement dans le webzine « Atlantico ». Il suffit de consulter les articles et la liste de ses actionnaires pour se faire une idée de son idéologie. Dans l’actionnariat d’Atlantico, on relève Jean-Sébastien Ferjou, Loïc Rouvin , Igor Daguier et la holding d'investisseurs Free Minds, parmi lesquels figurent Charles Beigbeder (Nicolas Sarkozy l'a nommé Chevalier de la Légion d'honneur), Marc Simoncini (fondateur de Meetic), Xavier Niel (fondateur de Free et actionnaire minoritaire du Monde) et Arnaud Dassier (fondateur de l'agence de communication L'Enchanteur des médias, qui a animé la campagne de Nicolas Sarkozy sur le Web en 2007). En septembre 2012, ce webzine a annoncé une levée de fonds d'un montant de 2,075 millions d'euros auprès notamment de Gérard Lignac, ancien président de France Est Média. Pierre Haski de Rue89 écrivait sur Atlantico : « « Atlantico.fr ressemble beaucoup à Slate.fr, non ? Un Slate de droite ? Mais Slate est déjà à droite ? Ah bon ? Je m'y perds... ». et dans Médiapart, on pouvait lire : « Mais surtout, ce qui saute aux yeux, c'est qu'Atlantico n'a pas pour ambition d'être un journal libéral, au sens anglo-saxon du terme. S'il occupeun créneau, c'est plutôt celui d'une vieille droite française, ultraconservatrice et réactionnaire... Dans l'index des contributeurs, on retrouve quelques personnalités qui ne laissent aucun doute à ce sujet. Il y a ainsi Gérard de Villiers, ancien de la presse d'extrême droite, auteur de romans policiers d'une rare vulgarité, qui oscille depuis longtemps entre le Front national et la droite de l'UMP. Il y a également Chantal Delsol, qui a fait du combat contre l'esprit de 1968 son principal cheval de bataille et qui est l'épouse de l'ex-ministre Charles Millon. Il y a aussi un dénommé Gaspard Koenig, qui fut pendant un temps la plume de Christine Lagarde au ministère des finances et qui officie désormais à la Berd, à Londres. Il est aussi l'auteur d'un essai Les Discrètes Vertus de la corruption (Grasset, octobre 2009) qui défendait exactement la thèse qui était affichée dans le titre : « La corruption est le processus même de la vie » (voir notre article La plume de Bercy fait l'éloge de la corruption) ». Mme Agnès Verdier-Molinié s’inscrit tout à fait dans cette ligne éditoriale. Elle affiche clairement où vont ses sympathies. Et où vont ses détestations. Elle déverse son mépris pour les fonctionnaires et les gens de gauche. Lorsqu’elle parle du chômage, elle s’attaque aux impôts : « Créer des emplois marchands ne se fera pas contre mais avec les entreprises. Et aussi avec les plus fortunés qui sont potentiellement, si la fiscalité les y incite, les investisseurs des start-up et des emplois de demain ». C’est ce que l’on peut lire dans un de ses articles parus sur le site Atlantico sous le titre évocateur : « le traitement social du chômage a-t-il encore une utilité ? » Elle vous démontrera que non. Elle a rapporté les dix propositions radicales de l’iFRAP pour le sommet social : un copié-collé de celles prônées par le Medef. Une révolution libérale, lit-on au dessus de l’article alors qu’il s’agit d’une régression sociale. Pour les consulter cliquer ICI.
Ce n'est pas avec elle et Atlantico qu'il faut attendre la dénonciation des patrons voyous et des révélations sur les affaires du moment, à commencer par celle de Karachi et ses rétro-commissions, les sondages de l’Elysée pendant le quinquennat de Sarkozy, les spéculations alimentaires des banques... etc. Le plus grave est qu’elle vient distiller sa propagande dans des émissions télévisées où les pseudo-experts ultralibéraux font la pluie et le beau temps.
Outre Atlantico, les Média préférés de l’iFrap visibles sur la page d’accueil de son site sont Challenge et Le Figaro.
L'Institut français pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques a été créé en 1985 par Bernard Zimmern (un entrepreneur et un militant libéral conservateur français) sur le modèle des think tanks anglo-saxons, et il a été dissout en 2010. Bernard Zimmer a commis plusieurs ouvrages : A tout fonctionnaire son chômeur, Les profiteurs de l'État, La dictature des syndicats et L'entreprise malade des fonctionnaires.
L’institut a été remplacé par la Fondation iFRAP, marquée à droite, qui publie la revue mensuelle Société civile.Le président de la Fondation iFRAP est Olivier Mitterrand et la directrice Agnès Verdier-Molinié. Sandrine Gorreri dirige la rédaction de Société civile.
A la tête du groupe des « Nouveaux constructeurs », Olivier Mitterand s’est enrichi dans les affaires immobilières. Il est le n° 466 au hit-parade 2012 des plus grandes fortunes avec ses 63 M€. Il est le frère de Frédéric Mitterand et donc le neveu de François. Il s’agit de la branche droitière de la famille même si son père a été candidat aux élections législatives de 1967 sous les couleurs de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste et a affronté en Corrèze Jacques Chirac, qui vise son premier mandat de député. Olivier est polytechnicien comme son père, Robert qui a dirigé plusieurs grandes entreprises. Il est de droite comme son frère Frédéric, ministre sarkoziste.
Le financement de la fondation est privé ; l'iFRAP dit ne pas chercher à bénéficier des subventions publiques. Elle a en revanche demandé et obtenu le caractère de fondation reconnue d'utilité publique en 2009, ce qui permet aux donateurs de bénéficier de déductions fiscales. L'iFRAP ne publie pas, sur son site internet, la liste des principaux donateurs. On ne sait rien de son financement privé. La Lettre du secteur public présente l'iFRAP comme « un réseau très militant très engagé pour la réduction de la sphère publique et des interventions de l'État »et l'Observatoire français des think tanks le qualifie de libéral.
Une visite de ce site de l’iFRAP ne laisse aucun doute sur la politique ultralibérale prônée par cette entité opaque qui pratique le lobbying politique. Les gens qui animent cette machine médiatique montrent une haine viscérale envers la fonction publique. Ils méprisent les salariés et sont partisans d’un capitalisme ultralibéral tout puissant. Derrière leurs attaques répétées contre la fonction publique, on trouve leur souhait d’une défiscalisation car ils sont contre toute forme de solidarité. Tout naturellement, ils soutiennent la grande finance et demandent une austérité encore plus grande. La seule égalité qu’ils défendent est celle des allocations familiales. Les riches ne veulent rien lâcher même pas l’argent de poche public pour leurs enfants.
Il est inadmissible qu’aucun média, lorsque la « passionaria libérale » de l’iFRAP s’exprime, ne présente la fondation qu’elle incarne pour ce qu’elle est, un lobby politique. Certains journaux et des émissions télévisées sont même complices de la propagande et de l’idéologie propagées. Il faudrait créer un Institut pour la recherche sur les instituts et les médias. Il existe des économistes plus sérieux que cette dame mais ceux-là ne sont jamais invités. Pourtant ils avaient raison avant les autres en disant que l’austérité tuait la croissance alors que d’autres, comme ceux de l’iFrap, veulent encore plus d’austérité et plus de déréglementation.
L’émission « C. dans l’air » sur « Les privilèges des fonctionnaires ». Médiapart avait écrit un article sur cette émission lamentable, pour le lire cliquer ICI.
Lorsque l’iFRAP frappe, le Figaro n’est jamais loin. Le 31 janvier 2013, le duo Figaro/iFRAP a mobilisé la parole pour un même combat ! Il faut dire que l’émission « C.dans l’air » leur a donné la part belle en ne leur mettant en face aucun véritable contradicteur… On n’entend qu’eux face à un syndicaliste potiche de droite : Luc Bérilles, Secrétaire général de l'Union nationale des syndicats autonomes. Ce syndicat de droite est favorable à l’accord de compétitivité ANI « qui ouvre la possibilité d’un nouveau modèle économique et social au service de la compétitivité des entreprises et de la sécurisation de l’emploi et des parcours professionnels des salariés ». C’est ce que l’on peut lire sur le site du syndicat. Le quatrième invité était Bernard Vivier, Directeur de l'IST, un centre privé de recherche, de formation et d’expertise sur les relations de travail.
L’Institut Supérieur du Travail , l'IST, est un organisme de formation et d'études en relations sociales et syndicales, fondé en 1969 avec des financements patronaux par le militant d'extrême droite Claude Harmel. Bernard Verdier enseigne dans le privé, à la faculté libre de droit de Paris. « Après la fermeture de la faculté de droit de la Catho de Paris en 1967, la Faco est née, en 68, de la volonté de quelques professeurs de poursuivre cette activité. Faco signifie « faculté autonome et cogérée » : l’idée était que les étudiants et les parents d’élèves participent à la gestion de l’établissement, sur le modèle des universitas du Moyen âge ». C’est le doyen qui l’a dit. Ah ! Si les riches pouvaient nous faire revenir au Moyen-âge !... Un désir qui les hante. Cette universitébénéficie d'une réputation d'établissement huppé, favorisant la reproduction sociale de la haute bourgeoisie parisienne. Les parents sont étroitement associés à la vie de la faculté. En 2009, les frais d’inscription étaient de 4800 €. Bien que « libre », elle bénéficie de subventions publiques, tout en étant financée aussi par de bourses d’entreprises et des dons déductibles de l’ISF.
Trois ultralibéraux contre un syndicaliste autonome muet ! Bravo Yves Calvi ! C. dans l’air aime bien composer sa musique et choisir ses chanteurs. C’est l’exemple type de lobbying politique avec la complicité d’une émission télévisée dont l’animateur avait accepté d’être le deuxième intervieweur de Sarkozy sous la coupe de son confrère Jean-Pierre Pernaut... Le choix des intervenants en dit long sur l’objectivité de ce présentateur ( je n’arrive pas à dire journaliste car j’ai trop d’estime pour cette profession) et le sérieux de l'émision. Sur les fonctionnaires, nous avons eu encore l’exemple d’un débat truqué où trois ultralibéraux de la pire espèce ont pu, en pays conquis, donner libre cours à une argumentation fallacieuse et aligner des chiffres qui n’ont aucun sens. Les cibles privilégiées en ont été les enseignants du Public qui votent trop nombreux à gauche. Mme Agnès Vernier-Molinié s’est livrée à une comparaison simpliste et partiale entre privé et public comme elle en a l’habitude. Si des enseignants l’ont écoutée, ils ont dû apprécier la mauvaise foi dont elle sait faire preuve lorsqu’elle n’a en face d’elle aucune contradiction et à ses côtés l’ineffable Yves Thréard, le représentant patenté du journal de droite Le Figaro.
A vous de juger…
Battone.
Tags : Fonctionnaires, ifrap, figaro, Challenge, Verdier-Molinié, Thréard, Calvi, C. dans l'air, Atlantico
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