• Cumul rime avec siège curule...

    pièce_cumul_modifié-1François Hollande a promis mercredi aux parlementaires français que le non-cumul des mandats prendrait effet pour "tous les parlementaires" durant le quinquennat, alors que des voix plaident, dans la majorité, pour une mise en œuvre dès 2014. Lors de ses vœux aux parlementaires, le président a confirmé la proposition de la commission Jospin d'interdire tout cumul d'un mandat exécutif local avec un mandat parlementaire, malgré l'hostilité de nombreux élus de droite comme de gauche à cette mesure.

    En 1936, environ 33 % des députés exerçaient un mandat local ; sous la IVe République, ce chiffre est monté à 40 % ; en 2011 nous aurions atteint 83%. Nous battons tous les records en la matière et nous caracolons devant la Belgique (66% en 2011), la Suède (35%), l’Allemagne (24%), l’Espagne (20%), l’Italie (7%) et le Royaume-Uni (3%). Aux Etats-Unis il n’y a pas de cumul des mandats.

    Alors autant dire qu’avec ses plus 80% de cumulards, la France a un sacré handicap parlementaire pour faire accepter le non cumul à ceux qui en profitent à droite comme à gauche. La grande presse nous apprend que, dans les sphères officielles, on est dans la plus grande incertitude au sujet du résultat des votes sur le non-cumul des mandats. On s’en doutait un peu. Chez nous en Corse, ces messieurs qui se distinguent du vulgum-pecus échangent depuis longtemps des sièges de députés contre des chaises curules, une présidence de quelque chose contre une mairie de quelque part… etc.

    Hollande a promis à tous le changement et que chacun pourrait voir midi à sa porte. Alors regardons un peu l’horloge corse. La politique de clocher n’a pas changé. Les tenanciers de nos villages vides et clairsemés ont le même acharnement et les mêmes méthodes que par le passé. Un mandat électif reste souvent un héritage familial. Les votes par correspondance privent la Corse d’une importante retombée économique sur les compagnies de transport au profit seul de la Poste.  

    Quelles conséquences aurait le non-cumul des mandats en Corse ? La question ne se pose pas puisque cette loi a peu de chance d’être votée. On voit mal les députés et les sénateurs se tiraient une balle dans le pied.

    En Corse, il n’existe qu’un renouveau, le « printemps corse » qui échappe aux tractations louches des politiciens. Il offre une place au soleil à tout le monde, ce soleil sans lequel «  les choses ne seraient que ce qu’elles sont ».

    Sortons des tragicomédies clochemerliennes ! Refusons cette toponymie politicienne si bien décrite dans la joyeuse satire due au talent de Gabriel Chevalier ! Faisons preuve de bon sens comme les vignerons de Clochemerle ! Dénouons les nœuds de vipères et, puisque nous faisons référence à François Mauriac, ne nous disons pas « ça va mal mais ça pourrait être pire » car cette phrase du romancier français est digne de Candide ! Dénonçons l'hypocrisie, l'arrivisme et la corruption !

    Le pire est pour demain si la politique reste l’affaire d’une classe. Comment envisager le changement avec une classe politique immuable dans laquelle les « Panzi-pilosi[1]» cumulent les mandats et perpétuent l’immobilisme ?

    Il y a une école en France où l’on forme les politiciens à bonimenter et gesticuler sans que rien ne change. Ils font ensuite des carrières politiques en cumulant des mandats, des rémunérations, des primes et des retraites. François Hollande est passé dans ce moule. Nous sommes contraints de constater que ses promesses tombent à l’eau une à une. Certaines ont été retoquées par le Conseil constitutionnel comme la taxation à 75% et la baisse de son salaire et de ceux des ministres, la loi contre le cumul des mandats a peu de chance de passer. A quoi joue-t-il ? Va-t-il nous faire croire que, malgré sa bonne volonté de gauche, on le force à garder le cap à droite ? Si ses salaires et ceux des ministres ne sont pas revus à la baisse comme promis, si les plus riches ne sont pas taxés à 75%, si la loi contre le cumul des mandats est repoussée, le bon sens devrait nous donner une réponse.

    Pidone



    [1]Vieille expression ajaccienne qui peut se traduire par « récipients d’air ».

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