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Deuxième tour de chauffe...
En Corse, L’UMP l’emporte dans trois circonscriptions sur quatre. En Corse du Sud ce sont Camille de Rocca Serra et Laurent Marcangeli qui sont élus respectivement dans les deuxième et première circonscriptions. Toutefois Laurent Marcangeli ne l’emporte que de 285 voix sur Simon Renucci ( Divers Gauche). En Hautre Corse, Paul Giacobbi (Radical de gauche) l’emporte largement dans la deuxième circonscription avec 64,34%. La première circonscription a fait l’objet d’une triangulaire dont Sauveur Gandolfi Scheit (UMP) est sorti élu avec 38,7% devant Gilles Simeoni pour les Régionalistes (31,72%) et Jean Zucartelli , Radical de gauche (30,71%). Donc la Corse a donné trois quarts des sièges à l’UMP. Les abstentions sont de l’ordre de 40% dans les circonscriptions où se sont déroulés des duels alors qu’elle n’atteignait que 34,25% là où il y a eu une triangulaire. Les électeurs corses ont donc voté en plus grand nombre qu’au premier tour avec des taux d’abstentions inférieurs à la moyenne nationale.
Sur le Continent, le Front national crie victoire et compte faire une entrée triomphale à l’Assemblée nationale avec deux députés… et quels députés ! Une jouvencelle de 22 ans dont le CV se résume à sa naissance dans le clan Le Pen dont elle suit le sillon qui passe par la faculté de Droit. Et le second ? Un avocat qui aime les caméras de télévision et a toujours affiché son ambition politique qui est passée par une curieuse trajectoire partie de la Gauche pour zigzaguer à droite et finir au Front national par concours de circonstances.
Proche de sa consœur Marine Le Pen depuis la défense de sa mère Pierrette Le Pen dans le cadre de son divorce avec Jean-Marie Le Pen, il préside son comité de soutien depuis 2011, et se déclare « mariniste » et favorable au principe de la préférence nationale défendue par le Front national, en mai 2011.
Mais revenons en arrière jusqu’en 1988. A l’époque, il figure dans le clip de campagne de Pierre Boussel (candidat du Mouvement pour un parti des travailleurs) pour l'élection présidentielle. En 1990, il est exclu du MRAP en même temps qu'il en démissionne, suite à son annonce de la défense de Bernard Notin dans un procès pour négationnisme, alors qu'il était membre du Secrétariat national du mouvement. La même année, il soutient l’organisation des « Premières Assises en Défense de l’Immigration », montées par le CNDTI (Comité national pour la défense des travailleurs immigrés), et dénonce le "vocabulaire microbien" de Jean-Marie Le Pen. En 1992, il quitte le Parti socialiste lors de l'entrée au gouvernement de Bernard Tapie. L'année suivante, il devient le président du comité de soutien à Hervé Fabre-Aubrespy, adversaire RPR de Bernard Tapie aux élections législatives dans la dixième circonscription des Bouches-du-Rhône. Alors qu'il avait déclaré au Midi Libre en 1997 : « Je veux bien courtiser la politique, mais pas coucher avec elle », il est candidat à la mairie de Vichy en 2001, se disant investi par Démocratie Libérale, le Parti radical valoisien (PR) et le RPF.(éphémère parti de Pasqua et De Villiers)
Il est battu par Claude Malhuret (maire sortant disposant de l'investiture Démocratie Libérale (dont il est secrétaire national) - PR- RPR- UDF) et Gérard Charasse, de 350 voix ; mais il est élu au conseil municipal, où il choisit finalement de ne pas siéger pendant les sept années de son mandat. En 2005, il déclare à France Soir être "radical et chiraquien" et "rejeter les extrêmes". A nouveau candidat à Vichy sous l'étiquette Nouveau Centre lors des élections municipales de 2008, il arrive troisième. Il ne se maintient pas au second tour et appelle à voter pour la liste conduite par Gérard Charasse (Parti radical de gauche), qu'il avait qualifié de « vrai baudet à mandats » lors de la campagne de 2001.
Le soir du premier tour de l'élection présidentielle le 22 avril 2012, au QG de campagne de Marine Le Pen, Gilbert Collard annonce sa candidature aux élections législatives dans la deuxième circonscription du Gard le 15 janvier 2012. On mesure toute la sincérité de cet avocat habitué des plaidoiries et du discours à géométrie variable. De façon théâtrale, lorsqu'il fait une apparition télévisée, il prend un air sévère et courroucé, surjouant la grande gueule pour se faire entendre. Un avocat de plus dans l'hémicycle où reviennent aussi quelques mis en examen dans des affaires judiciaires en cours.
A Beaumont Hénin, Marine Le Pen affichait son sourire carnassier pour se réjouir des deux élections et se montrait faussement satisfaite de son échec, « seule contre tous » dit-elle, mais s’apprête à demander une vérification de la régularité des votes et un recomptage des voix, tout en accusant les mairies communistes de mauvaises pratiques sans prononcer le mot « fraude ». Elle a perdu cependant sa morgue de l’entre deux tours et finalement la venue de Jean-Luc Mélenchon a porté ses fruits. Des deux, c’est lui qui a gagné puisqu’elle a perdu face à un candidat de gauche reconnaissant l’action du leader du Front de gauche qui s’est montré rassembleur. Même si Jean-Luc Mélenchon n’est arrivé que troisième au premier tour, il aura joué un bon tour à Henin Beaumont.
Sur le plan national, le parti socialiste sort victorieux et pourrait se passer des autres forces de gauche puisqu’il récolte la majorité à lui tout seul. Nous verrons si un geste est fait en faveur du Front de gauche en ramenant à 10 députés la possibilité de constituer un groupe à l’assemblée. Par le jeu des alliances, les Verts ont obtenu la possibilité de constituer un groupe en obtenant, grâce au PS, dix-sept députés alors qu’ils ont fait un score inférieur en voix au Front de gauche lors de la Présidentielle et aux législatives.
Pour les Législatives, comme pour la Présidentielle, les reports des voix du Front de gauche ont participé largement au succès de la Gauche. Nous verrons si Hollande et le PS sauront s’en souvenir car c’est sur les actes qu’ils seront jugés maintenant. Les deux tours de chauffe sont bouclés, c’est une course de fond qui commence. Les campagnes électorales sont closes. Le Front de gauche représente une force politique que le nouveau pouvoir socialiste aurait tort de négliger ou de combattre. Nos amis grecs votaient aussi. Leur exemple donne à penser…
signé: Fucone
Tags : législatives, 2ème tour, Le Pen; Mélenchon, Collard, Henin-Beaumont, Gard
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