• Henri Guaino en live!

    Guaino_nezrougeOn savait qu’Henri Guaino est bon à l’écrit mais a du mal à passer les oraux. Il faut dire que le « live »  est un exercice périlleux surtout lorsque l’on s’enferre dans une argumentation fallacieuse face à des gens qui répondent et posent des questions. Hier soir, chez Ruquier, il est venu parler du Mariage pour tous et de la mise en examen de Nicolas Sarkozy. L’émission étant intitulée « On n’est pas couchés »,  nous avions envie de lui dire « va te coucher ! », car sa piètre rouerie était ridicule et, en dernier ressort, il réclama le droit de dire n’importe quoi : "J’en ai assez d'une société où on ne peut plus rien dire” et de renchérir. “Dans une démocratie, on peut critiquer tout le monde, on ne me fera pas taire”. Il persistait dans ses déclarations contre le juge Gentil et dénonçait la saisine du Conseil supérieur de la Magistrature comme une violation de la constitution en son article 65. Il considère que le Conseil n’a pas vocation à donner un avis sur le comportement de l’élu qu’il est. Ce Conseil ne doit donner son avis que sur les sanctions disciplinaires qui concernent les magistrats, selon lui. Pourtant, il se réunit en formation plénière pour répondre aux demandes d'avis formulées par le Président de la République au titre de l'article 64 qui stipule que ce dernier  est Le Président de la République est garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire. Le CSM se prononce sur les questions relatives à la déontologie des magistrats ainsi que sur toute question relative au fonctionnement de la justice dont le saisit le ministre de la justice. Nous n’aurons pas la naïveté de penser que l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy devenu député ne soit pas un constitutionnaliste. Il l’est mais doublé d’un manipulateur. Il table sur l’ignorance de la majorité du public qui l’écoute. Hier, c’était le cas puisque personne ne l’a contredit sur un point de droit.

    Sur le mariage des homosexuels, l’ancienne plume de Sarkozy estime que la PMA et la GPA sont "la conséquence inéluctable" de la loi. Il n’hésite pas alors à accuser François Hollande de diviser les Français, lui qui écrivait les discours haineux de Nicolas Sarkozy, dont la spécialité consistait à monter nos concitoyens les uns contre les autres !

    Mr Guaino est un habitué des outrances et des accommodements avec la réalité (euphémisme pour ne pas dire qu’il ment comme un arracheur de dent). On se souvient  de ce qu’il avait déclaré sur l’affaire Strauss Kahn : "C'est un fait connu mondialement connu; c'est l'événement qui a eu le plus de retentissement médiatique dans le monde, y compris le 11 Septembre". Sur l’Internet, les différentes occurrences que Strauss Kahn avaient accumulées atteignaient  le score de 87 230 000 pages... Les occurrences du 11 Septembre ? 1 Milliard 40 millions 885 mille pages. Le 11 Septembre était 12 fois plus présent sur la Toile ordinaire que les coucheries de Strauss Kahn. Dans 50 ans, l'histoire aura oublié le fait divers Strauss Kahn, mais pas les tours jumelles. Au-delà des chiffres, quel mépris de Guaino envers les victimes du terrorisme, le journalisme et  le genre humain.

    Ce mépris, Henri Guaino en est pétri et il ressort lorsqu’il est interviewé. Hier, il s’est maîtrisé mais il n’a pu retenir quelques phrases significatives comme « La Justice s'écrit avec un grand J, un juge avec un petit j''.  On pourrait lui rétorquer que, avec lui, politicien s’écrit avec un petit « p » nauséabond.  “Indigne” est un mot qu’il affectionne lorsqu’il veut insulter et il l’a utilisé contre le juge Gentil. Il le redoute aussi. On se souvient que lui-même s’était emporté face à un journaliste lorsque ce dernier avait employé le qualificatif « indigne » à son encontre.Invité en janvier 2012 sur i>Télé dans La grande édition d'Olivier Galzi, il s'était emporté à la suite d’une remarque de Joseph Macé-Scaron, journaliste de Marianne,  concernant le débat sur l'identité nationale : « Pendant cinq ans, vous avez passé votre temps, vous et vos amis politiques, à stigmatiser une partie des Français contre les autres... Un exemple ? Ce débat indigne sur l'identité nationale ! ».  Cette remarque a piqué au vif Guaino qui s’est emballé : « Je n'accepte pas ce genre de langage, vous caricaturez le débat, vous transformez le débat politique en guerre civile, s'emporte le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. Vous êtes le bien ? Vous voulez me donner des leçons de morale ? Vous êtes qui pour me dire ça ? Vous avez fait quoi dans votre vie pour me dire que je suis indigne ? Ce débat n'était pas indigne, c'est vous qui êtes indigne ! Indigne de votre métier, indigne de ce débat, indigne du débat démocratique... C'est une attitude inadmissible ! Je ne viens pas sur un plateau pour me faire insulter par quelqu'un qui n'a aucun titre pour porter des jugements moraux ». Qui êtes-vous Monsieur Guaino pour mettre en doute la probité d’un juge d’instruction ? Qui êtes-vous pour émettre un avis sur un dossier judiciaire couvert par le secret de l’instruction ? Qui êtes-vous pour faire pression sur la justice ? Qui êtes-vous pour vouloir imposer une bonne image de Nicolas Sarkozy  mis en examen et une indignité sur le magistrat qui l’a mis en examen ? C’est une attitude indigne de la part d’un député, indigne d’une démocratie. C’est une attitude inadmissible. C’est une insulte !

    Henri Guaino, drapé dans une morale chrétienne et cinquième républicaine, veut se donner les allures de « père la morale » et n’admet pour lui et Sarkozy aucune accusation. On doit leur donner le bon Dieu sans confession. Il voudrait tuer dans l’œuf toutes les affaires dans lesquelles son mentor est cité. Il tient un discours d’has been, se référant au gaullisme et agitant encore le spectre de la quatrième république qu’il n’a même pas connue. Lui, il veut en rester à la « Cinquième » avec un pouvoir « fort », c’est-à-dire une république bananière dirigée par un autocrate. Il a tenu des propos incohérents et ringards. Si l’URSS existait encore et si Poutine n’était pas l’ami de Sarkozy, il nous sortirait encore le pacte germano-soviétique, si longtemps maintenu dans l’argumentaire gaulliste contre le communisme. Nous sommes en période des Pâques… Monsieur Guaino mérite pour sa prestation télévisée une pluie d’œufs pourris virtuels comme un mauvais comédien sur la scène politique.

    Il est contre la mise en examen de Sarkozy pour abus de faiblesse et refuse de parler des accusations de financement illicite car les faits sont prescrits. C’est la loi, dit-il. La loi quand ça l’arrange. La rigueur de la loi ne doit toucher que les voyous de banlieue mais un Président de la république est au dessus de la loi. On a le droit de parler de tout, sauf de ce qui le fâche. La démocratie, c’est le référendum, clame-t-il. Là encore, c’est une affirmation d’un élu d’opposition lorsqu’il s’agit du mariage pour tous. Sarkozy n’a jamais eu recours au référendum et il a même oublié le « non à la constitution européenne ». Guaino n’en est pas à une contradiction près. Toutefois, s’il a fait ses armes politiques dans l’ombre de Sarkozy, il lui fallait faire preuve de petitesse et, au grand jour, cela apparaissait hier soir comme un nez rouge au milieu de son visage.

    En face de lui, nous retiendrons la prestation sobre  d’un Edwy Plenel serein et confiant en la justice. Il faut dire que, sur le site Médiapart, on trouve des éléments sur l’affaire Béttencourt et aucune affirmation n’y est faite sans une documentation mise à la disposition des abonnés. Guaino s’est vu offrir un abonnement d’un mois pour aller s’y informer. Il ne pourra plus dire : « Je ne savais pas ». Plenel lui a lancé :"Il va falloir apprendre la République [...] ! Vous êtes un député, qui fait la loi. Il faudra que votre monde s'habitue au fait que les lois que vous votez s’appliquent aussi à vous. […]La République, c’est la séparation des pouvoirs, c'est qu'il y a une justice indépendante, que de votre temps vous avez essayé de soumettre ». Il allait jusqu’à lui renvoyer le terme « indigne » : « Vous faites exactement l’anti pédagogie de la République ! [...] La République, c’est les pouvoirs et les contrepouvoirs, des pouvoirs indépendants, une presse indépendante, qui fait son travail et qu'on doit respecter, des juges indépendants. […] Pour un républicain, votre démarche est indigne ».

    Richard Bohringer, venu avec sa fille, a fait une longue diatribe sur le chômage, la précarité, la misère, les banques et la crise financière en appelant à l’union nationale. Une saine colère !  Henri Guaino en a pris plein des oreilles mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Edwy Plenel a parlé de son livre,« Le droit de savoir » et du métier de journaliste. Il s’agit d’un droit important face à celui d'ignorer prôné par Henri Guaino.

    Pidone

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