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Hollande l'insondable...
Un sondage Ifop relève que, en moyenne, 70% des Français croient possible une explosion sociale au cours des prochains mois et le pourcentage attendrait 81 % chez les ouvriers, soit 11 points de plus que l'ensemble des Français. Par aileurs 89 % des sympathisants du Front national jugent ce risque réel, contre 79 % à l'UMP, 64 % des sympathisants du Front de gauche et un peu plus de la moitié des proches du Parti socialiste (51 %).
Même si les mobilisations des opposants au mariage homosexuel et les pourcentages plus élevés au FN et à l’UMP ne sont révélateurs que du désir de retourner aux urnes pour des raisons plus idéologiques que sociales, les tensions sociales sont bien réelles avec les plans sociaux qui se succèdent, les coups de hache dans le code du travail et l’entêtement montré par Hollande dans la poursuite de la politique d’austérité initiée en France par Nicolas Sarkozy et imposée à toutes l’Europe par une Merkel que, si on en croit Jean-Marc Ayrault, il faudrait ménager. Le parti socialiste n’aurait même pas le droit de la critiquer ouvertement.
Le sondage a été réalisé par Internet du 23 au 25 avril auprès d'un échantillon de 1 005 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas. Il a la valeur que l’on peut donner à un sondage en sachant que souvent la suite ne donne pas raison aux sondeurs. Bien sûr, nous avons le sentiment que François Hollande est en train de s’enfoncer en creusant la fracture avec le peuple de gauche, celui qui l’a élu. Ce n’est pas en s’attachant les services de quelques syndicats socio-libéraux qu’il va empêcher des mouvements sociaux d’ampleur. Toutefois, le combat du peuple de gauche n’est pas celui de cette droite qui voudrait revenir le plus rapidement possible aux affaires. Avec le mouvement contre le mariage pour tous, elle a montré ce dont elle est capable. Elle n’attaque pas François Hollande sur le fond de sa politique mais sur la forme. Son cap manque de visibilité, disent-ils. Pourtant, il semble clair : 3% de déficit. Cette Droite arrogante est prête à toutes les perfidies pour reprendre le pouvoir. On a l’impression que plus les instructions judiciaires avancent dans certains dossiers politico-financiers, plus les Sarkozistes deviennent nerveux et agressifs, pressés d’en découdre.
Il ne faudrait pas tomber dans le piège médiatico-politique qui veut faire l’amalgame entre l’opposition de gauche soucieuse des revendications sociales et l’opposition de droite soucieuse d’obtenir une nouvelle majorité pour défendre les privilèges. Voilà que la presse imagine un gouvernement d’unité nationale, prenant exemple sur ce qui vient de se passer en Italie.
Un autre sondage indique que 78% des Français seraient favorables à un gouvernement d'union nationale en cas de remaniement. C’est un rêve que fait la Droite qui, lorsqu’elle a le pouvoir, le tient sans partage. La Cinquième république est un régime qui permet de gouverner avec une majorité qui ne reflète pas la réalité politique et qui a créé une bipolarisation gauche-droite dans laquelle un parti domine chaque camp. Le dernier gouvernement d’union remonte à novembre 1945 dans le contexte de l’après-guerre et sous une autre république.
Le nom de François Bayrou revient dans l’actualité politique. Pour lui, trop heureux de sortir de sa retraite forcée, le gouvernement d’union nationale est possible : « "C'est possible, c'est réaliste et ça s'imposera comme ça vient de s'imposer en Italie", a-t-il déclaré sur France 5 dans l'émission "C Politique". Sur le bien-fondé d'une entrée au gouvernement du leader du Modem, Vincent Peillon a répondu: "La démarche de François Bayrou depuis des années est intéressante et d'autant plus intéressante qu'il a une liberté formidable par rapport à un jeu collectif" de parti. "Regardez comment fait François Bayrou: un jour il juge une mesure bonne, le lendemain une autre ne lui va pas. Il faut s'inscrire dans une cohérence collective. Il lui appartiendra de faire ce choix", a poursuivi le ministre de l’Education nationale.
Pour certains, l’Italie serait sortie de l’impasse politique en formant un exécutif d’union nationale. Elle a toutefois repris le cours libéral dans le train européen de l’austérité sur des rails qui mènent à la récession et à la régression sociale. Comme si la situation politique de la France était comparable à celle de l’Italie. Bayrou ! Et pourquoi pas Copé ou Fillon, tant qu’on y est ! Ils pourraient faire revenir Hortefeux au ministère de l’Intérieur et Rachida Dati à la Justice. Il faudrait qu’on rappelle aux commentateurs politiques qui ratiocinent contre la Gauche qu’elle a la majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat. Si une explosion sociale est possible, elle aura pour cause le chômage et la casse antisociale imposée par la politique d’austérité. L’arrivée de François Bayrou au gouvernement n’y changerait rien. François Hollande a mis le curseur à droite alors que ses électeurs espéraient à juste titre une rupture avec la politique de Nicolas Sarkozy et une renégociation du traité européen qui plombe les économies et plonge les pays européens dans la récession. Il semble oublier que c'est surtout Sarkozy et la Droite qui ont été sanctionnés. Il doit son élection à leur rejet. Il doit changer de cap car il n'a pas mis le bon. En choisissant le Modem, il ferait une grave erreur politique. Cette erreur serait la cause de l’échec de la gauche et du retour de la Droite avec un Front national plus fort. Ce serait aussi un désastre pour l’économie française et pour toute l’Europe qui ne peut attendre les décès des retraités allemands en garantissant leur retraite par capitalisation au détriment de tous les autres peuples. François Hollande portera la responsabilité du retour d’une Droite toujours plus arrogante qui n’aura plus qu’à terminer son travail de casse sociale.
Il y a de fortes présomptions pour que François Ayrault se succède à lui-même dans un premier temps si un remaniement est effectué. La Cinquième république le permet puisque le parti socialiste a la majorité à l’assemblée nationale. En outre, les Verts et le parti radical de gauche restent ses alliés malgré les divergences et les couleuvres avalées. Par contre, si on en croit les sondages, François Hollande et son premier ministre n’ont plus la majorité chez les électeurs. Le 1erMai devrait être déjà un avertissement et nous lirons les slogans. Ensuite il y aura la marche du 5 mai pour une Sixième république… Ce sont des rendez-vous du peuple de gauche. Il faudra en tenir compte. Hollande l’insondable doit se déboucher l’oreille gauche plutôt que de monter son sonotone à la droite.
Pidone
Tags : Bayrou, Hollande, Ayrault, Italie, Gouvernement, union nationale, social
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