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Hollande, le Medef et les dindons
Comment convaincre tout en ne convaincant pas ? Serait-ce une nouvelle quadrature du cercle ? En tout cas, cette formule s’applique à merveille à notre président de la république. Sa dernière prestation télévisée de fin d’année en est encore une fois l’illustration. François Hollande a donc présenté ses vœux aux Français. Il a bien évidemment et soigneusement évité de parler de la désespérance qui gagne tout le pays. Par exemple, pas un mot sur les centaines de milliers de personnes qui fréquentent les Resto du cœur, pas un mot sur les salariés en lutte pour la sauvegarde de leur outil de travail (Lfoundy, Sncm, Fralib, Goodyear, etc.). Pas un mot sur le présent et l’avenir de notre jeunesse. On pourrait allonger la liste des oubliés de la République. Notre président a été d’une prudence de sioux sur la question du chômage. Son pari n’est pas gagné. Qu’à cela ne tienne. La courbe du chômage finira bien un jour par s’inverser. Il persiste et signe. L’espoir fait vivre. Il est plus que jamais résolu à poursuivre sa politique ultralibérale conformément aux exigences de la Merkel et de la Troïka. En guise de nouveau remède miracle, il sort de son chapeau « un pacte de responsabilité » pour les entreprises. Ce pacte prévoirait « moins de charges sur le travail, moins de contraintes sur leurs activités et en même temps, une contrepartie, plus d’embauches et plus de dialogue social ». Le Medef a saisi la balle au bond, à la vitesse de l’éclair. Pierre Gattaz, son président se réjouit de la proposition et grimpe aux rideaux avec ravissement. Donc, François Hollande octroierait de nouveaux cadeaux au patronat, après le généreux crédit d’impôt que les entreprises vont toucher dès le premier janvier 2014. Se pose une question. Qui va payer toutes ces gracieusetés ? Devinons ensemble. Si ce ne sont pas les entreprises et pour cause, c’est qui ? Les salariés dans leur grande majorité, les chômeurs, les retraités. Fallait y penser. Déjà un ensemble de mesures tombe comme à Gravelotte : augmentations de la Tva, dès ce début d’année. François Hollande en rajoute une louche en suggérant – c’est déjà dans les tuyaux – une baisse substantielle des dépenses publiques. En voilà une bonne mesure de gauche ! Mesure qui au demeurant aura des conséquences désastreuses sur les investissements publics : hôpitaux, routes, écoles, l'emploi, etc.
Après avoir écouté le discours du président de la république – avec beaucoup de difficultés – on est en droit de se poser une autre question: François Hollande et son gouvernement mènent-ils une politique authentiquement de gauche? Pour notre part la réponse est non et ce n’est pas d’aujourd’hui. Cette politique nous conduit droit dans le mur. Elle a fait ses preuves dans d’autres pays européens, en particulier ceux du Sud.
Le président et le pouvoir dit socialiste nous prennent pour des dindons. Mais les dindons peuvent un beau jour en avoir assez d’être plumés, farcis et bouffés. Nos gouvernants devraient y réfléchir tant qu’il est temps encore.
Maria Maddalena Lanteri
Tags : Voeux, Hollande, Medef, pacte, 2014, chômage, TVA, Merkel, Troïka
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