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Jean-Luc Mélenchon C.Politique...
Invité dans l’émission C.politique sur la 5ème chaîne, Jean-Luc Mélenchon continue à porter haut et fort les idées de gauche et à le faire en dérangeant la classe politique et médiatique. Il a encore démontré, en ne pratiquant pas la langue de bois et l’hypocrisie, qu’il était un homme politique lucide et convaincant. Il avait en face Caroline Roux qui, par sa formation de journaliste, connaît les roueries de l’éristique « per fas et nefas » dont la plus utilisée est d’essayer de couper l’interviewé lorsque les réponses ne vont pas dans le sens souhaité et de le presser de questions insidieuses. Bien sûr, elle n’a pas cessé de vouloir lui faire dire qu’il était un révolutionnaire et qu’il poussait le peuple à la révolte dans la rue. On lui balance aussi son amitié pour Chavez que l’on veut faire passer pour un dictateur. Il faut que Mélenchon fasse peur parce qu’il inquiète les bénéficiaires du système et leurs chiens de garde. Plus il y a de riches en France et plus il y a de pauvres mais il ne faut pas faire de relation entre ces deux phénomènes qui n’en font qu’un : l’exploitation de l’homme par l’homme. Tout est fait pour diaboliser Mélenchon qui le dit, pendant qu’on banalise le Front national. Autre argumentation répétée, le déficit et les économies «incontournables». A chaque solution d’avenir, on oppose des milliards d’euros et l’austérité comme un mal nécessaire.
Le seul but poursuivi n’est pas d’informer objectivement mais de défendre le système et de renverser les propositions du dangereux gauchiste. C’est un catch verbal, un véritable combat à mots armés qui est livré à l’adversaire car il s’agit bien d’un adversaire politique et non d’une journaliste objective. Tout cela relève d’une stratégie médiatique avec son armée de clones bien éduqués et bien payés. Donc rien de neuf chez les commentateurs formatés (j’ai du mal à dire journalistes) de certaines chaînes télévisées. Tout cela n’a jamais déstabilisé le co-président de Parti de gauche, habitué de ce genre d’exercice et orateur aguerri. Comme il a aussi un excellent niveau intellectuel et culturel, il a certainement lu Aristote, Socrate, Schopenhauer et autres théoriciens de la dialectique, sans avoir eu besoin de fréquenter les écoles de journalisme ou les bancs de l’ENA. Depuis qu’on lui tend toujours les mêmes, il connaît tous les pièges dans ce que Kant appelait « l’art sophistique de la controverse ».
Les sujets d’actualité abordés ont été nombreux et divers. Les réponses étaient frappées au coin du bon sens. C’est un Jean-Luc Mélenchon combattif qui a développé tout haut ce que beaucoup pensent au sein de la gauche… la vraie gauche. Son discours est toujours argumenté et il fait des propositions constructives.
Le député européen et ancien candidat du Front de Gauche à l'élection présidentielle a notamment été interrogé sur son positionnement vis-à-vis de la majorité, sur ses relations avec l'ancien président vénézuélien Hugo Chavez, sur la colère en Europe contre les mesures d'austérité, sur la politique de rigueur en France et les pistes envisagées pour réduire le déficit, sur la déception croissante vis-à-vis de François Hollande, sur ses relation avec le PCF et la CGT, ou encore sur la sécurité à Marseille.
Des reportages ont jalonné les questions : L’un sur Chavez et l’autre sur la CGT. Une petite vidéo illustre le casse-tête du déficit. Nous vous la proposons…
Mélenchon a fustigé à plusieurs reprises la politique qui consiste à accepter tout ce qu’impose le gouvernement allemand de la l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU), l'Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU) et le Parti libéral-démocrate (FDP). Il faut rappeler que, chez nos voisins, la droite est aux commandes et le parti socialiste SPD dans l’opposition. L’électorat des partis de la droite allemande est en grande partie composé de retraités qui sont passé, à l’époque de Schroeder, au régime par capitalisation. Leurs pensions dépendent donc d’un euro fort et de la spéculation financière. C’est ce pays vieillissant qui impose à ce que les Allemands appellent le « Club Med » une politique d’austérité dramatique.
Il n’a pas été tendre avec François Hollande mais comment l’être devant une politique qui mène à la récession. Alors que le Front de gauche a participé à son élection, ce dernier méprise les voix qui s’étaient portées au premier tour sur Jean-Luc Mélenchon.
Interrogé sur la taxe prévue sur tous les dépôts bancaires chypriotes, il a déploré que « Chypre entre en enfer comme les Grecs, il va leur arriver maintenant malheur sur malheur, et ça ne servira à rien », a déclaré Jean-Luc Mélenchon. "Une fois de plus, on va assortir une aide d'un plan d'austérité pour mettre en équilibre les dépenses et les recettes. Comme on va mettre en équilibre, on va faire l'austérité. Et comme on va faire l'austérité, il y aura moins de rentrées et plus de déficit. Et donc on va recommencer", a-t-il commenté. "Bienvenue en enfer!" s'est-il exclamé. Les Chypriotes "vont être aidés par l'Europe, c'est à dire que commencent pour eux des souffrances qui ne servent à rien comme en Grèce", a-t-il ajouté.
Il rappelait que ce sont "les banques qui ont ruiné Chypre". Elles "avaient un bilan qui représentait huit fois la richesse totale produite par le pays, et ces gens se sont gorgés de trucages, de produits, d'arrangements de toute sorte, et sont devenus la machine à nettoyer l'argent sale d'une partie de l'Europe. Maintenant tout ça leur retombe sur la figure" et elles "vont être sauvées, car l'Europe vient sauver qui, pas Chypre, mais les banques" concluait-il.
L'austérité tue : les citoyens, les entreprises et l'économie, les états, la démocratie, les salaires, les retraites… Jean-Luc Mélenchon s’indigne d’avoir vu le ministre Sapin se déplaçait, après un suicide par immolation devant une ANPE, uniquement pour dire qu’il n’y a rien à se reprocher. Pourtant les employés des ANPE sont en sous-effectif et ils doivent traiter les dossiers par téléphone. Le chômeur n’a même plus droit à un contact humain.
Bien sûr, on a essayé de lui faire dire qu’il était en désaccord avec le PC et la CGT. Diviser pour régner, c’est connu et la manœuvre est éculée. Comme il invitait au prochain congrès de la CGT à Toulouse, Caroline Roux a sorti de son contexte une phrase dite par le nouveau secrétaire de la CGT qui a déclaré aux journalistes que la centrale syndicale n’était pas le bras armée du Front de gauche, comme si ce n’était pas une évidence. Jean-Luc Mélenchon a approuvé cette phrase et l’a complété en disant que le Front de gauche n’était pas le bras politique de la CGT qui réunit des syndiqués libres de leurs choix politiques. Il ajoutait aux sujets des accords signés par des partenaires sociaux : « Les syndicats font pour le mieux. Moi je leur dis : ne vous résignez pas, on peut faire autrement. [...]Les gens ont un pistolet sur la tempe et on leur demande de signer n'importe quoi ».
Il s’est fermement opposé à l'armement des rebelles syriens « auxquels on n'a posé aucune condition politique. Il s’en inquiétait : « C'est leur donner les moyens d'une victoire dont nous ne savons rien du contenu. Est-ce que la leçon libyenne ne nous a pas suffi? Est-ce que nous ne sommes pas en train de patauger dans l'absurdité en combattant au Mali des gens que nous prétendons soutenir et armer en Syrie?" Il mettait en garde "ceux qui font ça mettent le doigt dans un engrenage terrifiant", car "il y aura la guerre derrière", pointant notamment le plateau du Golan, région du sud de la Syrie occupée par Israël. Pour lui, "il n'y a pas d'autre sortie de la crise que la négociation et la politique", et "il n'y a aucune issue militaire à cette affaire".
Questionné sur l’élection du nouveau pape, il a pris la précaution de dire qu’il était issu d’une famille catholique et que son avis sur le pape ne concernait pas la religion, puis il s’exprimait "Le pape a eu un comportement (pendant la dictature en Argentine) qui est inacceptable Nous ne pardonnerons jamais à personne les meurtres de cette dictature. [...] Trop gentil avec les dictateurs, trop méchants avec les prêtres de gauche, peut mieux faire." Sur son site, il avait déjà donné son sentiment : « Silencieux sous la dictature militaire puis à l'heure des jugements des militaires criminels, opposant connu aux gouvernements argentins de Nestor puis de Christina Kirschner, tendre pour l'Opus Dei, hostile aux prêtres progressistes". Lorsque Caroline Roux mettait en avant que François premier était aux côtés des pauvres, il s’en étonné un peu car, Jésuite, le pape s’était opposé à un autre ordre justement prêt des pauvres.
Sur l'affaire Merah, alors que Hollande et le gouvernement jouent les prolongations, il la faisait court en disant que elle « n'a aucun rapport avec sa religion, avec l'islam. [...] Cet homme était un fou dangereux, un point c'est tout. »
A la fin de l’émission, il lâchait : « Plus personne ne croit en rien dans ce pays. Les gens sont dans un rejet absolu. Cette révolution qui arrive, elle avance. On ne sait pas comment elle va déboucher. Je souhaite à mon pays le mieux. Il faut prendre la tache avec patience et discipline. Châtiez rudement ceux qui vous punissent rudement. »
Le châtiment est posible à chaque élection à venir.
Voilà un commentaire à chaud et un résumé rapide sur l’essentiel de ce que nous avons noté.
Pidone.
La vidéo de l'émission.
Tags : Mélenchon, C.politique, Roux, FR5, Hollande, CGT, PC, austérité, Merah, Pape, Syrie, Europe
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