• Journée d'inaction syndicale

    Journée d'inaction syndicaleEn début de semaine, à sa sortie de Matignon et de son entrevue avec Manuel Valls (ancien adhérent de la CFDT), Laurent Berger (secrétaire général de la CFDT) avait  expliqué «avoir senti une volonté de dialoguer et de la gravité face à la situation du pays», ajoutant : «Il y a eu un dialogue mais pas de réponse car d'autres organisations syndicales vont être reçues. Nous n'avons pas entendu de détails sur la manière dont la loi allait évoluer». Le leitmotiv de la deuxième organisation syndicale (29,74%) juste derrière la CGT (30,62%) et devant FO (18,23%) est simple: discuter avec le gouvernement pour «être utile aux salariés». Le secrétaire général de la CFDT aurait dû entendre les déclarations de François Hollande et de Myriam El Khomri, porte-parole de Manuel Valls et d’Emmanuel Macron. Le chef de gouvernement ne lâchera rien de significatif et compte amuser la galerie avec des idées comme la sur-taxation du CDD et ne pas allonger la durée de travail des apprentis. Quelles formidables avancées dans un compromis ! Les syndicats dits réformistes demandent un rééquilibrage du projet de loi trop inspiré par le Medef. Pas de quoi déséquilibrer Manuel Valls dont l’avenir politique dépend de ce projet. C’est devenu pour lui une affaire personnelle.

    Malgré cela, les organisations CFTC, CFECGC, CFDT, UNSA et FAGE (Organisation Etudiante) ont  appelé  les salariés et les jeunes à se mobiliser  non pas « contre » mais « sur » la loi El Khomri. Il ne s’agit toujours pas de demander le retrait mais d’expliquer  les points de cette loi que ces syndicats voudraient voir modifiés. Quels sont ces points à discuter ? Les dispositions sur les motifs de licenciement économique, les mesures renforçant le pouvoir unilatéral de l’employeur dans l’aménagement du temps de travail, ainsi que le barème sur les indemnités prud’homales. Ces syndicats ont-ils vraiment l’espoir que Manuel Valls et François Hollande reviennent sur l’esprit même de ce texte scélérat ? Nous avons du mal à croire que ces derniers ne retiendraient que le compte d’activité et la surtaxe du CDD ? Nous ne sommes qu’en mars, Noël est encore loin et, ces dernières années, c’est surtout au patronat que vont les cadeaux.

    Alors que Manuel Valls, soutenu par François Hollande, a engagé une concertation qui ressemble davantage à un bras de fer qu’à une écoute des arguments contre le projet de loi, le dirigeant de la CFDT se dit toujours ouvert au dialogue. Il devrait savoir ce que signifie le proverbe corse : « A  lavà  u  capu a  l’asinu, si  perde fatiga  e sapone ». (A vouloir laver la tête de l’âne, on perd fatigue et savon). C’est un dialogue de sourds que Manuel Valls propose. Il ne fera aucune concession sérieuse et, de toute façon, aucun nouveau recul social n’est supportable. Un syndicat doit-il défendre les acquis sociaux obtenus de longue lutte ou écouter les mauvais arguments d'un patronat tourné vers une économie de rente dont le gouvernement n'est plus que l'équipe de maintenance ?

    En revenant sur les déclarations de François Hollande lorsqu’il s’opposait au CPE de Dominique de Villepin, le magazine Marianne a imaginé un dialogue entre le député socialiste François Hollande et la ministre du travail Myriam El Khomri. Ce dialogue anachronique démontre, s’il le faut encore, les côtés Docteur Jekyll de droite et Mr Wide de gauche chez notre président jusqu’à mars 2017.

    Voici ce   que l’opposant Hollande aurait pu répondre à El Khomri

    Journée d'inaction syndicale

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    Nous savons maintenant que la journée d’inaction syndicale organisée ce samedi par les syndicats dits réformistes a fait un flop et n’aura servi qu’à la division sans empêcher une grande mobilisation jeudi dernier.

    Le 17 mars prochain , le projet de loi sera présenté devant les conseils des ministres après une concertation tardive et rapide qui est une mascarade destinée à diviser les syndicats. L’Unef a déjà appelé à une deuxième journée de mobilisation des jeunes. Il faudrait répondre encore présent. Le 31 mars sera la journée déterminante si les syndicats dits réformistes ne pactisent pas avec le  gouvernement et le Chef de l’Etat.

    Du côté du patronat et des cadres, la CGC cédera-t-elle à la mise en garde de Pierre Gattaz. Le président du Medef aurait envoyé à Carole Couvert , présidente de la CFE-CGC,[1] deux SMS menaçant de lâcher son organisation si elle continuait à s'opposer comme elle le fait à la loi El Khomri. "L’attitude de la CGC est incompréhensible et nuisible. Vous avez déjà planté la loi MDS [Modernisation du dialogue social, ndlr]. Vous n’allez pas nous planter la loi MEK [Myriam El Khomri, ndlr]", a écrit le dirigeant patronal, selon Les Echos qui rapportent l'affaire ce vendredi.  Il aurait ajouté: " Si vous persistez dans cette attitude 'cgtiste' sur cette loi, le Medef en tirera toutes les conséquences sur nos discussions en cours". Le patron des patrons aurait ensuite envoyé un second texto: "Ce que je veux dire c’est que nous [ne] vous soutiendrons plus dans votre combat pour les cadres si vous plantez la loi MEK". 

    Il apparaît clair que Manuel Valls est à la manœuvre dans ce projet scélérat avec l’assistance d’Emmanuel Macron et du Medef. Myriam El Khomri serait celle qui a accepté un portefeuille ministériel en endossant la responsabilité première d’un projet impopulaire pour ensuite laisser le Premier ministre se livrer à des manipulations politiciennes. En quelque sorte elle aurait joué la mère porteuse. Nous savons que, en dernier lieu, il aura recours à l’article 49-3. Aura-t-il l’accord de la CFDT et de quelques autres syndicats pour justifier le passage en force ?

    L’unité syndicale pourra seule faire céder François Hollande et devrait se traduire par une démission du Premier ministre qui pourra se présenter à des primaires soit disant de gauche. Toutefois, Jean-Christophe  Cambadélis a déjà fait la promotion de François Hollande et mis à l’index ceux qui ne se déclareraient pas comme lui un partisan de sa réélection en les sommant de se présenter aux primaires. Il a ainsi appelé « les dirigeants du PS » à se prononcer « pour ou contre ». Tous les dirigeants du Parti socialiste, les ministres, les dirigeants des collectivités locales, vous dites si vous êtes pour ou si vous êtes contre. Si vous êtes pour, vous faites un mouvement pour. Si vous êtes contre, vous vous présentez, a-t-il déclaré.  Les primaires dites « de gauche » seront des primaires socialistes pour François Hollande et ceux qui ne l’ont pas compris, sont appelés à disparaître. Le point positif est que François Hollande peut maintenant se passer de Manuel Valls et ne plus craindre sa candidature pour 2017.

    U Barbutu

     


    [1] La Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres

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