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L'Europe: une entreprise de démolition?
Aujourd’hui Hollande était devant le Parlement européen et il a déclaré : « S'il est vrai que la crise de la zone euro est désormais largement derrière nous, nous sommes loin d'en avoir tiré toutes les conséquences. Ce qui nous menace, n'est plus la défiance des marchés, mais c'est celle des peuples ». Que fera-t-il pour regagner la confiance du peuple français ?
Quelle Europe nous propose-t-on ? La crise nous l’a montrée au grand jour cette Europe du grand capital recentrée sur Berlin et adoubée par Washington. L’OTAN et le FMI sont là pour donner le tempo au concert des ultralibéraux. Les voix discordantes n’arrivent plus à se faire entendre. La clé de la partition est le mot « profit » et tout le monde doit suivre la cadence. Il s’agit bien d’une mise au pas des peuples européens. Sur cette musique, on entend des mots revenir comme des imprécations : flexibilité, croissance, compétitivité, concurrence, mondialisation… et derrière ses mots, il y a les grands maux : précarité, chômage, délocalisation, dette, austérité…
La crise, au lieu de freiner les ardeurs capitalistes, a rendu les organisations patronales plus actives contre les acquis sociaux. Elles veulent pousser leurs avantages pour que les « Etats unis d’Europe » deviennent la seconde patrie du capitalisme après les USA. En France le Medef demande avec insistance de « nouveaux transferts de souveraineté ». Avec ses homologues européens (Allemagne et Italie en tête), Laurence Parisot, notre égérie patronale, exige une intégration européenne plus poussée et la signature d’un nouveau traité pour une Union politique et économique plus étroite. Ainsi les peuples européens seraient privés de toute souveraineté en matière économique et sociale. En pleine crise de l’euro, les représentants du CAC 40 français et allemands n’avaient-ils pas publié un communiqué commun sommant les gouvernements de l’UE d’avancer à marche forcée vers « l’Europe fédérale », en jetant aux oubliettes les refus enregistrés lors des référendums français et néerlandais sur la Constitution européenne ? Aujourd’hui, on voit ce qui se dessine : L’Allemagne créditrice de Merkel sur le trône européen et ses vassaux débiteurs autour. C’est la mise en place d’un système quasi féodal au service du capitalisme financier et de la géopolitique américaine. Dans ce contexte, François Hollande a signé un traité qui anéantit à la fois la souveraineté budgétaire de la France et la possibilité de mener une politique intérieure progressiste… Ce n’est pas faire de la germanophobie que de constater que l’axe Franco-allemand est un leurre pour la France et ne sert que l’hégémonie allemande. Une vraie politique sociale ne peut s’inscrire dans la construction d’une Europe des technocrates, des patrons et des spéculateurs. De ce point de vue, Merkel a choisi cette Europe et Sarkozy aussi. Jusqu’à preuve du contraire, Hollande a déjà montré sa détermination à suivre la même voie que Sarkozy en ayant signé le traité de l’austérité imposée par l’Allemagne et les banquiers.
Avec l’affaire du Mali, le nouveau Président néosocialiste a pu jouer le chef de guerre. Nous aimerions qu’il fasse montre de la même détermination à défendre les acquis sociaux et les emplois en France dans une autre guerre, celle contre le chômage. Aujourd’hui, il n’est pas sûr qu’il recevrait le même accueil qu’au Mali auprès de tous les salariés victimes de plans abusifs de licenciements comme ceux d’ArcelorMittal, Goowyear, Albany, PSA Peugeot, , Citroën, Renault, Technicolor, Fralib, Virgin, Fnac, Danone, Avon, Jambon d’Aoste, Cycle Europe, Raynal et Roquelaure, Armatis (sous-traitant d’Orange), Banque Barclay, Opel, OC Management, Valco… etc. La liste est longue et il faut y ajouter les emplois de fonctionnaires supprimés.
Dans ce contexte, les grandes entreprises du CAC 40 (qui progresse) affichent une bonne santé boursière. A croire que la crise ne touche que les emplois et pas les capitaux. Les ultralibéraux pratiquent un véritable chantage qui consiste à dire que pour créer des emplois, il faut travailler plus pour gagner moins tout en renonçant à la sécurité de l’emploi. Le patronat veut de son côté convaincre que plus il s’enrichit plus il investit et produit de la croissance, donc de l’emploi. C’est avec ces affirmations que l’on fabrique une Europe de la Finance dans laquelle les peuples sont là pour payer les crises économiques et les délocalisations par l’austérité, la précarité et le chômage.
On nous enlise dans un système d’endettement permanent que nous alimentons comme le tonneau des Danaïdes pour enrichir les banquiers et les spéculateurs qui ont depuis longtemps leurs chevaux de Troie dans toutes les instances européennes les gouvernements et les média. Ne vous y trompez pas, l’ultralibéralisme n’a rien à voir avec les libertés individuelles fondamentales. Au contraire il fabrique des chaînes invisibles (austérité et précarité) pour contrôler et soumettre les peuples. Sa seule idéologie est l’enrichissement sans fin. L’Europe est devenue l’un de ses grands chantiers, un chantier de démolition des acquis sociaux et des emplois.
Aujourd’hui Hollande était devant le Parlement européen et il a déclaré : « S'il est vrai que la crise de la zone euro est désormais largement derrière nous, nous sommes loin d'en avoir tiré toutes les conséquences. Ce qui nous menace, n'est plus la défiance des marchés, mais c'est celle des peuples ». Que fera-t-il pour regagner la confiance du peuple français ?
L’extrait ci-dessous des déclarations de principes faites aujourd’hui par Hollande devant le Parlement européen résume un discours sans véritable perspective… Cela ne répond pas à la question d’une réorientation de la politique européenne en plaçant l’Humain au cœur du débat européen. Curieusement, il parle de « méfiance des peuples » sans développer les raisons de cette méfiance. Plus qu’une méfiance, il s’agit, à notre avis, d’un rejet grandissant face à l’austérité et à la politique antisociale d’une Europe dévoyée par la Finance. Ce rejet est exploité par le Front National et, partout en Europe, par les mouvements d’extrême-droite. C’est là aussi une des conséquences dramatiques de la politique européenne imposée aux peuples. Nous l’avons vu en Grèce, pays qui a inventé la démocratie autour du Sixième siècle avant J.-C. Rappelons que le mot renvoie à ses racines grecques et à cette souveraineté du peuple trop souvent bafouée par ceux qui construisent une Europe de la Finance.
Pidone
Tags : Europe, Hollande, Bruxelles, Finance, chômage, licenciements, Grèce, FN, Merkel, Allemagne, Italie, Parisot, Medef
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