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L’homme lige et tête pensante de Sarkozy…
Lorsqu’il s’agit d’immigration, Henri Guaino ne reste courtois que face à Marine Le Pen. On apprend qu’il est d’accord avec cette dernière sur le fond mais pas sur la forme et qu’il considère l’immigration comme un problème pour la France. Il est curieux de voir une Marine Le Pen accepter le débat avec le conseiller de Sarkozy et le refuser avec un élu de la république, candidat officiel à la Présidentielle alors qu’elle-même ne dispose pas encore des signatures. Curieuse conception de la démocratie et du respect des électeurs ! Il est évident qu’avec Henri Guaino, elle ne risquait que d’être séduite alors qu’avec Jean-Luc Mélenchon elle se retrouvait devant ses mensonges, ses incohérences et son incompétence.
Avec Marine Le Pen, M. Henri Guaino est en phase. Ce n’était plus un face à face mais un côte à côte. Par contre ce dernier ne supporte pas qu’on lui dise que le débat sur l’identité nationale était « indigne ». Il perd alors son sang-froid, se met dans une colère noire et montre son vrai visage. Cela a été le cas à deux reprises face au journaliste Joseph Macè-Scaron et à Jérôme Guedj, élu socialiste.
Homme de cabinet, Henri Guaino a fait une carrière dans l’ombre des Seguin, Chirac et Pasqua. Depuis 2007, il intervient de plus en plus dans les média avec, pour seule légitimité, d’être le conseiller spécial de Sarkozy, c’est-à-dire celui qui rédige les discours dans lesquels il glisse, avec son alter ego Claude Guéant, toute l’idéologie d’une droite aux relents pétainistes. On lui attribue bon nombre de dérapages contrôlés dans les interventions de Sarkozy sur l’immigration et la colonisation notamment. En 2001, il a bien tenté une élection en se présentant à la Mairie du Vearrondissement sur la liste officielle du RPR, lorsque Philippe Séguin se présenta à la mairie de Paris. Jean Tibéri s'était constitué en candidat dissident : Guaino a recueilli 9,6 % des voix contre 40 % pour Tibéri, malgré l’absence d’investiture et les ennuis judiciaires de ce dernier . Il n’y a pas de quoi pavoiser même si ce fiasco n’a pas mis fin à ses ambitions politiques..
Proche de Philippe Séguin, catalogué comme « gaulliste social », , il est nommé en 1994 conseiller technique auprès de Charles Pasqua alors ministre de l'Intérieur. Il a inspiré ensuite la campagne présidentielle de Jacques Chirac de 1995, autour de la « fracture sociale » (même si la formule est de Marcel Gauchet, reprise par Emmanuel Todd). Évincé par Lionel Jospin, alors Premier ministre, qui lui reproche la publication d'un rapport sur le chômage (« Chômage : un cas français », écrit' en collaboration avec Robert Castel et Jean-Paul Fitoussi), rapport jugé non conforme à l'analyse gouvernementale, il se voit cependant confier par Charles Pasqua ( un grand républicain selon lui) l'élaboration d'une charte d'aménagement et de développement du territoire des Hauts-de-Seine (1999-2000). Conseiller scientifique de l'Agence pour la diffusion de l'information technologique (2002-2004), il devient aussi administrateur de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (depuis 2003). Il est conseiller-maître à la Cour des comptes depuis septembre 2006. Il a été chroniqueur aux Échos et à La Croix.
Henri Guaino est souvent qualifié d'eurosceptique car il a voté non au traité de Maastricht et au traité établissant une Constitution pour l'Europe. C’est son côté souverainiste et proche de Pasqua. Il a pris part au parti souverainiste Rassemblement pour la France créé par Charles Pasqua en 1999 pour les élections européennes. Il est maintenant partisan du traité de Lisbonne, du MES et du futur trraité européen.
Depuis 2007, il est donc le conseiller spécial, l’homme-lige de Sarkozy. Il est la plume des discours de Nicolas Sarkozy Avec Claude Guéant, ils sont les plus proches conseillers du président de la République et influencent les orientations que prend le Président. Henri Guaino a rédigé la plus grande partie des les discours du candidat Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle de 2007, dont celui de Toulouse en 2007 faisant référence à l’héritage de Jean Jaurès. C’est lui qui a poussé le prétendant à l’Elysée à adopter une attitude moins atlantiste pour ouvrir à tous l’électorat potentiel de l’UMP et au-delà. Il est aussi l’un des inspirateurs de «L'Union pour la Méditerranée», le grand projet au point mort qui consisterait à rassembler les états du pourtour méditerranéen sous le modèle de l’Union Européenne. Il en est le chargé de mission depuis 2008. C’est sous cette casquette qu’il est intervenu sur les évènements en Tunisie et en Egypte pour fustiger l’incapacité des diplomates français sur place à prévoir ce qui allait se passer, concédant mi-janvier 2011, la « maladresse» de la diplomatie française sur ces dossiers. Henri Guaino participe activement et en plein jour à la campagne de la Présidentielle 2012. Les discours, ce « petit Malraux » les écrit maintenant aussi pour lui-même. On lui prête l’intention de se présenter aux législatives. À quelques encablures de Nîmes, s'étend la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône, où est élu Michel Vauzelle, président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Une circonscription où aucun député n'a été réélu depuis vingt ans. Guaino, l'enfant du pays, pourrait vouloir y mener une campagne coup de poing pour rester sous les sunlights de la politique. En attendant, Henri Guaino comme de Villepin est un personnage sorti de l’ombre sans aucune autre légitimité que des amitiés politiques. Ce sont des technocrates de la politique qui ne passent pas par les urnes. Des carrières dangereuses pour la démocratie. On attribue à Henri Guaino le discours de Dakar lu par Sarkozy en juillet 2007 et jugé raciste par les Africains. On se souvient de cette phrase : « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire ».
Henri Guaino a écrit plusieurs essais politiques dont ‘L'étrange renoncement’ en 1998, et ‘La France est-elle soluble dans l'Europe ?’ en 1999, avec Daniel Cohn-Bendit. « Le dialogue euro-méditerranéen ne résout rien. Au contraire, il creuse une ligne de fracture entre le Nord et le Sud » expliquait Henri Guaino dans ce dialogue avec Dany le rouge… La colère allemande sur le sujet semble faire infléchir la France, et même ses éléments eurosceptiques qui vantent aujourd’hui le modèle allemand…
En 2002, paraît un autre ouvrage de cet idéologue en coulisse : « La Sottise des modernes ». Ce n’est pas un succès de librairie mais nous vous en donnons un court extrait : « "Nous sommes passés de la dialectique au sophisme, de la culture à l'opportunisme, de l'intelligence à la sottise. A force de confondre la modernité avec la mode, nos Modernes tournent en rond. Ils sont archaïques. Leur modernité est un abus de langage, une falsification qui rend incompréhensible la crise de la culture et de la politique." C’est une magnifique autocritique involontaire, n'est ce pas ? Nègre de Sarkozy, Henri Guaino a-t-il été lui-même victime d’un nègre chez son éditeur?Ce passage peut tellement s'appliquer à lui même (comme à d'autres, je suis parfaitement d'accord). C'est vraiment la base du "faites ce que je dis, mais pas ce que je fais". Lire ce passage calme de suite. Pour l'analyse, penchez vous de plus près sur le sophisme, l'art de la rhétorique et des argumentations fallacieuses, vous comprendrez sans peine que Guaino est un spécialiste. Il critique le sophisme lorsqu’il en abuse... Et qui parmi son entourage s'intéresse davantage à la presse people et à son image qu'au pouvoir d'achat du peuple qu'il représente ?
Henri Guaino fait partie de ces hauts fonctionnaires qui, au lieu de rester au service de l’Etat, se mettent à celui d’un homme politique. Ils font ainsi carrière en espérant par la suite accéder à des hautes fonctions ministérielles ou électives. Claude Guéant a eu son poste de Ministre. Henri Guaino aura sa circonscription de député. Sous Chirac, nous avons eu l’exemple de Dominique de Villepin dont la seule légitimité est d’avoir été nommé conseiller puis Premier ministre par Chirac. Ces carrières de nègres de la politique et d’éminences grises de cabinets noires n’ont rien de républicaines et donnent la parole à des fonctionnaires sortis de leur devoir de réserve et du service public.
Il faut en finir avec ces hommes politiques qui s’entourent de gardes noires et de conseillers personnels… Il faut en finir avec cette pratique post-gaullienne des éminences grises comme Focard, Marchiani, Guéant, Guaino et autres sous-marins de la politique qui aujourd’hui n’hésitent plus à faire surface pour réclamer leur part de lumière.
Le Canard enchaîné évalue le salaire annuel d’Henri Guaino à à 290.368,93 euros : 132.856,93 euros en tant que conseiller maître de la Cour des comptes, auxquels s’ajoute «une indemnité de sujétion particulière» de 157.512 euros. Henri Guaino refuse de confirmer ces chiffres et de donner les siens. L’homme des coulisses élyséennes refuse la dictature de la transparence. Il fallait oser l’expression. On le sait : Henri Guaino ne recule devant rien, y compris la récupération hypocrite des hommes comme Guy Mocquet ou Jean Jaurès pour faire croire à une politique d’ouverture. La clarté et la transparence ne font pas partie de ses attributions d’homme lige au service de Sarkozy.
Signé: Pidone
Tags : Guaino, Sarkozy, Le Pen, Présidentielle
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