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La barbarie! Et après?
La tragédie de Charlie Hebdo entraîne une grande solidarité internationale et un hommage mérité à toutes les victimes. Toutefois, cela n’a pas empêché des voix discordantes qui vont de la justification de cet acte odieux à la récupération raciste de la peur. Demain, il faudra faire face à cette réalité barbare en évitant les écueils. Cette barbarie est venu frapper au cœur de la France en s’en prenant à la liberté d’expression au nom d’une radicalité islamiste. Toutefois cette radicalité existe dans des républiques islamiques et dans des émirats. Elle veut s’installer dans d’autres Etats par la force et la terreur, mais aussi en abusant des démocraties et de cette liberté d’expression que les fondamentalistes, salafistes, islamistes radicaux, djihadistes avec ou sans le « d » (on en sait plus par quelle appellation les désigner) ont tué dans les pays où ils ont installé la charia et veulent tuer jusqu’au cœur des démocraties.
Alors à cette radicalité dite religieuse, ne faut-il pas opposer une autre radicalité ? Une radicalité démocratique qui punit toute atteinte à la démocratie ? Une radicalité humaniste qui punit toute atteinte à l’humanité ? Une laïcité radicale qui refuse toute atteinte au principe laïque de la république ? Une radicalité de la liberté d’expression qui exclue toutes les idéologies fascisantes et intégristes ?
A cette radicalité religieuse qui fait d’une religion une idéologie dominante, ne faut-il pas opposer une radicalité religieuse qui exclue l’intégrisme religieux, la charia, le Djihad, la soumission de la femme, le blasphème… etc ? D’aucuns ont dit que le vingt-et-unième siècle serait religieux. Donnons à ce prophétisme un autre sens que celui voulu par les intégristes de tous poils ! Il devrait être le siècle qui fait de la liberté laïque des cultes la possibilité d’une pacification de leur coexistence et non pas la condition de nouvelles guerres de religions.
La religion catholique a eu sa période barbare avec l’inquisition et la conversion forcée lors de la colonisation par l’Occident de contrées lointaines. Les empires créés se sont disloqués et le catholicisme a évolué alors que l’Occident s’est laïcisé. Peut-on accepter aujourd’hui que de nouveaux barbares commettent les mêmes méfaits au nom d’une religion quelle qu’elle soit ? Doit-on admettre la charia dans des pays qui servent de bases d’entraînement à ces barbares ? Doit-on continuer à avoir des relations économiques avec des Etats islamiques qui exécutent des femmes et des hommes pour blasphème ou adultère et qui financent des égorgeurs ? Après tous les tragédies engendrées par l’intégrisme religieux et l’ultranationalisme, d’aucuns vont encore se servir dans les poubelles de l’histoire pour appliquer des masques à leurs actes odieux. Les génocides arménien, juif, cambodgien, rwandais… n’ont pas suffi pour tirer les leçons de l’Histoire. Nous voulons rester libres d’avoir une religion mais aussi libre de ne pas en avoir. Pour cela nous devons nous donner les moyens de lutter contre tous les fascismes religieux ou non.
Qu’on le veuille ou non, il faudra aborder ces questions religieuses de façon frontale pour éviter que d’autres fronts ne profitent des angoisses et des peurs légitimes pour installer une autre radicalité en France : celle du fascisme. A cette autre radicalité, il faut opposer un antiracisme radical et dénoncer tout amalgame entre un djihadiste et un français musulman de quelle qu’origine qu’il soit, sous prétexte que quelques débiles applaudissent les Mohamed Mourad, en reprenant « Allah Akbar » pour le faire rimer avec barbares et connards. Il faut opposer une radicalité de gauche qui s’en tient aux valeurs de gauche sans angélisme ou démagogie, en ne perdant pas de vue que la lutte essentielle est celle sociale, et que, en ce bas-monde, la justice sociale et celle des hommes passent avant la justice divine qui, pout de vrais croyants, ne peut absoudre la haine, la barbarie, le meurtre… Même pour un vrai Musulman, il n’y a pas, aux cieux, de paradis pour les assassins et les martyrs sont celles et ceux que les assassins djihadistes massacrent. Ces derniers sont des « infidèles », car l'infidélité ne consiste pas à croire ou à ne pas croire, mais à affirmer croire ce que l'on ne croit pas. Ils ne croient en rien si ce n’est à la force destructrice de la barbarie qu’il veule faire passer pour de la piété.
Les deux fascistes islamistes Said et Chérif Kouachi seront arrêtés ou tués. Ils seraient encerclés à l’heure actuelle. Nous ne pouvons pas utiliser le mot « frères » car ils ignorent ce qu’est la vraie fraternité. Des théories du complot fleurissent sur l’Internet, comme cela a été le cas après l’attentat du 11 septembre. Celle des loups solitaires apparaît de moins en moins crédible. Le massacre perpétré dans la salle de rédaction de Charlie Hebdo est symbolique de la guerre menée contre la liberté d’expression. Faut-il pour autant s’arrêter aux symboles et aux théories ? Ce sont des êtres humains qui ont été tués et des familles qui ont été atteintes dans leur chair. Ce sont des vies qui ont été brisées. Il ne faudrait pas désincarner une tragédie pour ne retenir qu’une affaire politique. Il ne faut pas oublier la personnalité de chaque victime. Nous avons maintenant un devoir de mémoire envers chacun d’entre eux et c’est ce devoir de mémoire qui doit induire nos réflexions sur les raisons de leurs morts. C’est pour cela aussi que Charlie Hebdo doit survivre et l’occasion nous est donnée de participer à sa survie en achetant le prochain numéro qui sera publié par les survivants de la rédaction de Charlie Hebdo. Vous pouvez faire davantage en vous abonnant et mettre en pratique la célèbre phrase de Voltaire : « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire ! ». Ce serait la preuve irréfutable d’une union nationale qui ne doit pas être laissée aux grands partis politiques… soyons des millions de Charlies ! Le crayon doit l’emporter sur la kalachnikov.
Vous pouvez revoir des déssinateurs tués de Charlie Hebdo avec une citation de chacun d’eux en cliquant ICI.
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