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La presse, un outil de gouvernance?
U ghjunarlista hé spessu u santu caca diavuli(Le journaliste est souvent un saint de l’espèce de ceux qui font les diables)
Chaque jour, des roquets du PAF relaient la pensée unique apprise sur les bans d’écoles qui trustent la profession de journaliste et trient les candidats avec de gros frais d’inscription. Les média ne sont plus un quatrième pouvoir mais des outils de gouvernance qui conditionnent une clientèle en faisant du marketing politique. Cet outil ne peut fonctionner sans argent et donc sans un propriétaire. Qui possèdent les média ? Ce n'est pas fortuit si, en France, les principaux médias appartiennent en grande partie aux propriétaires des principaux empires économiques nationaux quiconstituent aussi en grande partie leurs fortunes avec l'aide de l'Etat et parfois sur les fonds publics (contrats, marchés publics, diplomatie économique sur le marché international…). C’est donc les politiques et les patrons du monde économique qui font l’information en jouant soit la complicité soit le « tu me tiens, je te tiens par la barbichette ». Les journalistes font donc partie du système qui maintient en France une politique toujours plus libérale à laquelle la dernière élection présidentielle devait apporter le changement après trente années de contrôle ultralibéral.
La mise en place de l’ultralibéral Sarkozy à l’Elysée a été l’apogée de la complicité entre le politique et le monde des affaires. Il avait noué de fortes amitiés avec les propriétaires des grands journaux et ils l’ont hissé sur le fauteuil de président. Il ne lui restait plus qu’à faire rentrer dans son rang les chaînes nationales de la télévision. Il y a trouvé puis introduit des partisans. L’outil de gouvernance était en état de marche et son échec à la Présidentielle a laissé en place des hommes acharnés à démolir Hollande et son gouvernement. Il suffit de penser à un roquet de la deuxième chaîne et son clan ultralibéral qui faisaient des courbettes à Sarkozy. Maintenant ces roquets et journalistes mondains ne posent que des questions retors et orientées aux membres de la nouvelle majorité.
Que les chaînes privées continuent à être aux ordres de leurs propriétaires apparaît logique mais qu’une chaîne nationale reste le relai de l’idéologie ultralibéral employé à démolir la gauche, elle n’en a pas la légitimité. Qui sont ces journaleux pour prendre autant d’importance dans la vie intellectuelle des Français et s’ingénier à les manipuler ? Ils n’ont pas été élus, que l’on sache. Comment ont-ils obtenu les fauteuils de rédacteur en chef et de journaliste ? Après avoir joué les carpettes, ils auraient beau jeu de dire qu’ils font leur boulot aujourd’hui. Leur vrai boulot est de maintenir les auditeurs dans cette pensée unique : l’ultralibéralisme. Nous pensons fortement à l’un d’eux auquel, en juin 2010, un groupe de critiques des média proche du journal Le Plan B a attribué « le prix de la laisse d'or » en voulant ainsi ironiquement saluer le journaliste « le plus servile ». Il faut dire que, avant d’être sur FR2, il était sur TF1 dont le propriétaire est Bouygues, jusqu’en 2001. Avant juin 2012, il n’avait connu que des présidents de droite. Il ne se battait que dans les coulisses de plateaux télévisés si on en croit son ami Guillaume Durand. La venue de la gauche l’a rendu agressif devant les caméras. Quand retournera-t-il sur une chaîne privée avec son expert économique autoproclamé préféré. Ce dernier, après avoir fait des études philosophiques, a préféré l’économie et, formé sur le tas et sur le tard, il se borne à des visions schématiques de la vie économique afin d’enfermer ses questions et les réponses dans l’ultralibéralisme. Sans aucun doute sa philosophie de l’économie peut être rapidement schématisée. En effet, pour lui, l'économie est un savoir théorique qui s'inscrit dans un cadre éthique précis : celui de l'homo économicus calculateur et égoïste. Lorsque les réponses ne répondent pas à son attente, il prend un air pleurnicheur. Le caricaturiste statisticien de l’économie ultralibérale aime alors sortir ses tableaux avec le dessein de convaincre mais comme il n’est pas un homme de l’art, il apparaît comme un petit comptable aux calculs incertains. Il a des solutions ultralibérales à tous les problèmes mais ignore que, pour lutter contre le chômage, il faut donner du travail à ceux qui n’en ont pas et non pas de l’argent à ceux qui en ont trop. On ne peut pas dire qu’il soit un Diogène de l’économie mais il est un peu l’homme idéal de Platon : un « bipède sans cornes et sans plumes » dont s’est moqué Diogène en se promenant dans la ville avec un coq déplumé aux ergots coupés, déclarant : « Voici l'homme de Platon ! ».
Alors que l’on ne se méprenne pas. Si nous restons critiques vis-à-vis d’un pouvoir socialiste qui refuse de faire une politique résolument à gauche, notre discours ne se joint pas aux voix ultralibérales qui peuvent, de façon éhontée et hypocrite, se servir de nos griefs mais, au contraire, nous les combattons jusqu’au sein du parti socialiste justement parce que Hollande n’apporte pas le changement promis et n’abandonne pas cette politique ultralibérale dont les tenants ont corrompu la plus grande partie de la presse et en premier lieu celle télévisée.
La presse appartient en grande partie au grand capital. Les journalistes des grands média et les politiques sortent des mêmes moules en étant passé par les mêmes grandes écoles.Hormis quelques chroniqueurs indépendants sans avenir dans les grands média, il reste les blogueurs qui s'expriment sur le Net et dont le seul patron et la seule dépendance se résument à leur propre liberté de penser, de réfléchir et de soumettre leurs analyses et leurs informations aux citoyens en ne les considérant pas comme une cible publicitaire manipulable, donc perméable à une propagande à peine déguisée en journalisme. Un journaliste est souvent un saint de ceux qui font des diables. Toutefois tout ce qui s’écrit dans les blogs n’est pas non plus parole d’évangile. La Bible, les Évangiles, le Coran, La Torah, L’Iliade, L’Enéide, La Chanson de Roland nous en racontent des histoires et ont contribué à façonner l’imaginaire des peuples. L’art de raconter des histoires est devenu une arme aux mains des 'gourous' du marketing, du management et de la communication politique, pour mieux formater les esprits. Ils ont découverts ce que les Américains appellent le storytelling. A la théorie de Shéhérazade opposons celle de Saint Thomas. A la propagande, opposons l’incrédulité.
Il y a la spéculation à taxer et le capital n’est pas respectable. Il ne dynamise pas l’économie et conduit à des crises que l’on fait payer aux peuples. En pleine crise, les politiques y compris socialistes ont adopté une nouvelle parole qui ne promet plus que l’austérité. Le politique est désormais le vassal d’un ordre financier qui, on s’en doute, préfère la droite aux socialistes et voue aux gémonies le Front de gauche. Aujourd’hui encore, on ne vous parle que pour communiquer et faire un indice de bruit médiatique, en restant dans ce qui convient de dire. Seule la résistance sociale peut déstabiliser le système et mettre l’humain au cœur des décisions politiques.
Muschinu.
Tags : journalisme, storytelling, droite, gauche, socialiste, journaux télévisés, presse
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