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Le chômage, parlons-en!
Hier, à Clermont-Ferrand, devant des salariés, des dirigeants et des syndicalistes de Michelin, François Hollande a déclaré n'avoir "aucune raison d'être candidat, ou aucune chance d’être réélu" pour un deuxième mandat si le chômage ne baisse pas d'ici à 2017. On se souvient que Nicolas Sarkozy avait dit en début de quinquennat qu’il ne se représenterait pas si le chômage n’était pas ramené à 5% et l’explosion du chômage ne l’a pas empêché de se représenter. La petite phrase de François Hollande est à mettre dans sa stratégie de communication pour court-circuiter la démission de son conseiller politique soupçonné de trafic d’influence. En même temps, il se libère de son engagement de faire reculer le chômage en 2013 et se donne trois ans supplémentaires. Il a rappelé que l'emploi était sa "priorité" et tout particulièrement l'emploi des jeunes. "On va y mettre toute notre énergie parce qu'il n'y a pas d'autre enjeu", a-t-il ajouté. On connaît ses recettes : cadeaux fiscaux aux entreprises et austérité. Dans son entourage, on lance le bouchon du Smic jeune. Le chômage ? Parlons-en !
On recense 5,6 millions de jeunes au chômage en Europe et, en février 2014, le taux de chômage moyen des 17 pays de la zone euro à 11,9%. Malgré les prêches et les incantations des représentants du culte libéral, la courbe du chômage ne s’infléchit pas en France et encore moins en Corse. Un triste nouveau record a été battu à l'entre-deux tours des élections municipales 2014. En février dernier, la métropole compte 3 347 700 chômeurs de catégorie A. En Corse du sud, il est de 9100 et en Haute Corse de 10.000. Le tableau du taux de chômage tiré des données de l’INSEE atteste de l’installation du chômage de masse en 2013.
Taux de chômage
Taux de chômage
(en %)Variation
(en points de %)4e trim. 2012
3e trim. 2013
4e trim. 2013
trimestrielle
annuelle
Note : données corrigées des variations saisonnières.
Source : Insee, taux de chômage au sens du BIT et taux de chômage localisé.
Corse
9,7
9,9
10,0
0,1
0,3
France métropolitaine
9,8
9,9
9,8
-0,1
0,0
Entre 2008 et le premier trimestre 2013, en Corse, le taux est passé de 7,5 à 10. En janvier 2014, la Corse comptait 18.784 demandeurs d’emplois des catégories A, B et C. La Haute-Corse a enregistré une augmentation de 10,7% en un an alors que celle de la Corse du Sud est de 8,1%.
Au 1er janvier 2010, la population de la Corse comptait 309 693 habitants. Sa croissance démographique provient des phénomènes migratoires, le nombre de naissances et de décès annuels s'équilibrant. La Corse demeure une région âgée. La part des moins de 20 ans est sensiblement inférieure à la moyenne nationale et les plus de 75 ans représentent 10 % de la population contre 9 % pour la France. Des tableaux dressent un état de la population par âge, sexe et origine étrangère.
Répartition de la population pour la Corse selon l'âge et le sexe au 1er janvier 2010
Âge
Hommes
Femmes
Ensemble
Corse (%)
France (%)
Source : Insee, Recensement de la population 2010 - Exploitation principale
moins de 20 ans
33 591
30 381
64 372
20,8
24,5
de 20 à 59 ans
80 849
81 768
162 717
52,5
52,5
de 60 à 74 ans
25 006
26 573
51 579
16,7
14
75 ans ou plus
12 119
18 906
31 025
10,0
9
Total
151 565
157 628
309 693
100,0
100,0
Étrangers
Corse
France
1999
2010
1999
2010
Sources : Insee, Recensements de la population 1999 et 2010 - Exploitation principale
Nombre d'étrangers
25 673
26 332
3 263 186
3 705 161
Part dans la population (%)
9,8
8,5
5,6
5,9
On s’aperçoit que la population corse comprend moins de jeunes mais plus de retraités que le reste de la France, tout en étant parmi les régions qui ont les plus forts taux de chômage.
Le mois de mars n’a fait que confirmer un chômage de masse incompressible, malgré les interprétations toujours optimistes du Ministre du travail du gouvernement Ayrault, Michel Sapin devenu Ministre des Finances sous la houlette de Manuel Valls, nouveau Premier ministre. En France, 22% des jeunes sont en recherche d’emploi. C’est historiquement le score le plus élevé dans l’histoire de la Ve République, selon le Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications). Ce sont les non-diplômés qui sont les premiers touchés par la paralysie du marché de l’emploi. Ils sont près d’un sur deux (48%) à ne pas trouver un job. On nous explique que le taux de ces jeunes sans diplôme est plus élevé en Corse que sur le continent. Par ailleurs, on nous bassine avec le coût du travail alors que le chômage se concentre sur les non qualifiés et les faibles revenus. Au moment où une campagne de propagande est orchestrée pour créer un Smic jeune au rabais, on passe sous silence que les entreprises disposent de nombreux moyens pour déroger aux contraintes et charges que le patronat dénonce avec cynisme. Si l’on prend l’exemple du SMIC, les emplois aidés, l’apprentissage, l’auto-entrepreneuriat, les stages, sont autant de modalités qui expliquent aujourd’hui chez les entrepreneurs une faible appétence pour les emplois d’avenir par exemple, subventionnés pourtant à 35 %. On peut à juste titre soupçonner que le SMIC n’est pas le seul frein à l’embauche. Par ailleurs, l’actualité a dévoilé aujourd’hui encore les augmentations de rémunérations des grands patrons des grandes banques. Une injure aux smicards et à tous ceux qui subissent la politique d’austérité. Arnaud Montebourg en a profité pour faire un coup de communication en déclarant : « « Les rémunérations des dirigeants de banques ont progressé dans des proportions absolument indécentes. (...) Le PDG du Crédit agricole (...) a eu une augmentation de 38 %, Natixis (...) +14, BPCE +29. Donc il va falloir qu'on discute de tout cela avec la place bancaire. »
On veut nous faire croire que la cause du déclin français serait les charges salariales, le SMIC, ou même quelque problème de compétitivité. Pourtant le commerce extérieur français hors Union européenne est excédentaire sur les deux premiers mois de l’année 2014, avec un excédent commercial de 1.7 milliards d’euros pour février selon les données Eurostat. Le débat sur l’écart des salaires entre les pays émergents et la France est anéanti par ces chiffres. En outre la crise n’a pas touché que la France mais des pays où il n’existe pas de Smic et de législation sociale du niveau français. Le taux de chômage moyen des pays européens est légèrement supérieur à celui de la France. Le Smic et les charges sociales ne sont donc pas responsables d’un chômage qui touche toute l’Europe. Si on prend l’exemple de la Corse comme région française, les salaires y sont inférieurs à ceux pratiqués sur le Continent et, dans bon nombre d’entreprises, il n’y a aucun développement de carrière. Les emplois proposés sont souvent partiels ou saisonniers. Là encore ce n’est pas le niveau des salaires, le Smic et les charges salariales qui expliquent le manque d’emplois.
Lorsque l’on constate que le chômage est l’arme des patrons pour obtenir des cadeaux fiscaux et une déréglementation du travail, on peut penser que, si François Hollande se représente en 2017, ce sera avec l’aval du patronat qui peut faire diminuer le chômage comme il peut l’aggraver. Seule l’interdiction des licenciements économiques ferait perdre au patronat le contrôle du chômage et empêcherait le dumping social créé par les délocalisations. Le patronat impose une politique libérale avec toutes les conséquences sociales qu’elle génère.
On peut comprendre que cette politique libérale menée par la droite et poursuivie par François hollande fasse perdre la foi aux jeunes Corses. Devront-ils se tourner vers Dieu pour trouver des emplois ? A Marseille, depuis 80 ans, la diaspora corse soutient les vocations de l’Île lors d’une rencontre avec l’Evêque d’Ajaccio. Le 3 mai 2014, la communauté corse de Marseille et de Provence et leurs amis, accueilleront l’Evêque de Corse, Monseigneur Olivier de Germay de Cirfontaine, à l’occasion de la journée annuelle pour les vocations sacerdotales.
S’il y a une crise de la foi religieuse, on constate avec le fort taux d’abstention aux dernières élections municipales, une crise de la foi envers les partis politiques qui se partagent le pouvoir depuis des décennies. Il y a de quoi se faire de la bile sur l’avenir si les électeurs déçus par cette classe politique dominante ne retrouvent pas le chemin des urnes pour mettre en place une véritable alternative politique qui ne soit pas celle de la xénophobie et d’une idéologie liberticide. Il faut retrouver la foi tout en sortant de la crédulité que rien ne peut changer. Il ne s’agit plus d’être crédule mais de rester vigilant dans une démocratie réelle à construire sur les valeurs d’une gauche qui veut mettre l’économie au service de l’humain et non pas l’inverse.
Pidone
Tags : chômage, Hollande, Smic, patronat, Corse, Jeunes, emploi
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