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Le concerto de Valls pour les jeunes
La CFTC, FO, CGT, CFDT, et le syndicat patronal CGPME, ont été reçus à Matignon ce lundi pour se concerter avec Manuel Valls, entouré des ministres Myriam El Khomri (Travail) et Emmanuel Macron (Economie). Les concertations se poursuivaient le mardi avec la CFE-CGC (cadres) et le Medef, et mercredi avec l’UPA (artisans) et l’Unsa. C’était avant la manifestation du 10 mars pour la désamorcer et diviser les syndicats. La CGT et FO sont sur des positions irréconciliables avec les visées de M. Valls et de ses ministres Emmanuel Macron et Myriam El Khomri.
Après les syndicats et le patronat en début de semaine et la journée de mobilisation, Manuel Valls reçoit ce vendredi à Matignon les organisations étudiantes et lycéennes pour poursuivre son opération d’enfumage.
La presse relate que François Hollande ne voudrait pas se couper de la jeunesse. Aujourd’hui Manuel Valls, qui voulait avoir recours à l’article 49-3, consulte les organisations syndicales étudiantes dont l’Unef, la Fidl et SGN. Il déclarait : « Il y a un débat autour de l'inquiétude de la jeunesse. La jeunesse c'est la priorité de ce gouvernement. Beaucoup a été fait ", a rappelé Manuel Valls. "Il serait absurde de nier l'angoisse qui étreint une partie de la jeunesse de notre pays. Ce sentiment d'angoisse et de précarité, c'est le message qui nous a été transmis ; nous devons y répondre par la liberté et la sécurité. » Il les a écoutés mais ne les a pas entendus. Le désaccord reste entier.
Le premier ministre joue sa partition et campe sur des déclarations pour ne rien dire. Il se montre soucieux que ce moment de fausse concertation se passe, pour continuer la procédure qu’il a enclenchée et qui doit déboucher sur un projet de casse du code du travail en promettant « un compromis dynamique et ambitieux » mais en donnant un concerto pour violons. Il promet de changer ce qui doit l’être. Autant de formule allusive dont le sens est le maintien de toutes les mesures chères au patronat et notamment celles relatives aux licenciements. A sa sortie de Matignon ce matin, William Martinet, président de l’Unef déclarait : « Ce que nous explique le premier ministre, c’est qu’on peut discuter de tout, mais pas de la loi travail (…). On nous a renvoyés à des discussions annexes. » Un simulacre de rencontre qui n’a servi à rien et le président de l’Unef a, dès à présent, appelé à amplifier la mobilisation le 17 mars, jour de la présentation du projet de loi en conseil des ministres. Le désaccord est total. C’est le retrait du projet de loi qu’il faut demander et la démission du premier ministre. Il n’y aura pas d’autre choix pour que les revendications soient prises en compte. Le simulacre de consultation pousse au rapport de force social. C’est pourquoi l’Unef a confirmé la journée de mobilisation des jeunes qui aura lieu le 17 mars, et celle du 31 mars, qui rassemblera aussi les salariés. Même sentence pour la Fidl : le gouvernement reste sourd aux revendications des lycéens ! La @FIDL_News appelle à la mobilisation le 15 et 17 mars.
La Fage est dans le sillage des syndicats dits « réformistes » – Confédération française démocratique du travail (CFDT), Confédération française de l’encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC), Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), Union nationale des syndicats autonomes (UNSA). Ce syndicat demande cependant le retrait de trois volets : les dispositions sur les motifs de licenciement économique, les mesures renforçant le pouvoir unilatéral de l’employeur dans l’aménagement du temps de travail, ainsi que le retrait du barème sur les indemnités prud’hommales. Nous verrons si le réformisme pousse à la compromission. La Fage, qui ne réclamait pas le retrait du texte mais seulement de certains points, a affirmé que "la porte n'était pas fermée" concernant les discussions autour de la loi Travail, tout en menaçant de mobiliser les 17 et 31 mars s'il elle n'était pas entendue. Manuel Valls n’a pas l’intention de céder sur ces trois volets.
Les dernières déclarations de François Hollande n’ont pas fait illusion car il refuse de retirer le projet de loi dont il veut garder l’esprit. Il avait déclaré que la concertation à propos du texte vise à « apporter tous les éclaircissements, toutes les précisions, lever des inquiétudes, améliorer encore le dispositif pour permettre de convaincre tout en en gardant l’esprit ». Force est de constater que son premier ministre Valls rencontre les syndicats pour la forme mais n’a aucunement l’intention de revenir sur les mesures chères au Medef et à la Droite.
Après les premières entrevues, nous avons donc la confirmation qu’il n’y a rien à attendre d’une concertation qui tourne à la mascarade. François Hollande et Manuel Valls adoptent le faux discours avec des formules qui ne correspondent nullement au mauvais esprit d’un projet de loi qui veut instaurer la précarité à long terme et pour tous les travailleurs.
Ce projet de soi-disant réforme a déjà mobilisé beaucoup de monde dans la rue le 10 mars derniers soit plus de 500.000 manifestants. Les organisations d’étudiants et de lycéens font le rapprochement avec le contrat de première embauche (CPE), qu’elles avaient réussi à faire abandonner en 2006 grâce à une forte mobilisation.
Il faudra que la mobilisation soit forte pour faire céder François Hollande, soucieux de sa réélection qu’il prépare en coulisse par des rencontres avec des élus socialistes organisées par Martine Pinville, secrétaire d'État chargée du Commerce, qui organise des dîners à Bercy. On se souvient que le candidat Hollande avait déclaré « Moi, président de la République, je ne serai pas le chef de la majorité, je ne recevrai pas les parlementaires de la majorité à l'Élysée». Pour respecter sa diatribe, il les reçoit à Bercy. De son côté Manuel Valls a prévu de rencontrer les jeunes socialistes et de ce fait il est sollicité par les jeunes Républicains. Les primaires à droite et à gauche s’invitent dans le débat.
U Babbone
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