• Le grand bazar politique de Cohn Bendit

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    Dany le rouge doit cette couleur à la rousseur jadis de ses cheveux devenus grisonnant comme son discours (nous avons évité le vert de gris par respect pour se parents juifs allemands). Après avoir conseillé le rapprochement des Verts et du PS avec le centre, il bat campagne pour le conservateur luxembourgeois Juncker candidat à la présidence de la Commission européenne. Il joue la voiture-balai de la Droite européenne pour convaincre les Verts de lui apporter leur soutien. Son appel est à classer dans l’anthologie de l’hypocrisie politique : « Vous savez, je suis critique sur beaucoup de choses chez Juncker, mais dans le cas présent je recommande aux députés européens de se ranger derrière lui. [...] Je recommande aux Verts, et pourtant je le répète j'ai beaucoup de critiques à l'égard de Juncker, mais cette fois-ci je conseille aux Verts d'assurer une majorité à Juncker, alors peut-être que nous pourrons faire évoluer la démocratie européenne. ».

    Que le Luxembourg soit un paradis fiscal ne semble pas déranger l’ancien député européen franco-allemand. Les soixante-huitards peuvent mesurer l’arrivisme politique de ce fourbe qui est entré chez les Verts en Allemagne à une époque où certains de leurs membres demandaient la dépénalisation de la pédophilie au nom de la liberté sexuelle.

    En 2013 Outre-Rhin, a débuté une opération vérité sur l’implication des Verts allemands (les « Grünen ») et de membres du Parti libéral centriste FDP dans la vague de « pédophilie » qui a déferlé à travers l’ancienne RFA dans les années 70 et 80. Par la même occasion, plusieurs journaux représentatifs de l’intelligentsia libérale de gauche allemande ont regretté leur complaisance passée pour les rapports sexuels entre adultes et enfants.

    LaFrankfurter Allgemeine Zeitung a d'ailleurs publié, le 15 septembre 1980, un article (refusé par la Tageszeitung) dans lequel l'auteur, Christian Füller, expliquait sur deux pages que les Verts ont "créé une idéologie qui favorise l'abus des enfants". En 2013, La critique a d'abord touché Daniel Cohn-Bendit. Puis le parti écologiste dans son ensemble. Puis, par ricochet, le Parti libéral (FDP) et enfin la presse. Déjà à cette époque, les Verts allemands avaient donc quelques points d’accord avec le parti libéral allemand FDP dont l’un des slogans est « Autant d’État que nécessaire, aussi peu d’État que possible ». Et la vague n’est pas retombée. Trois ans après les révélations sur les pratiques pédophiles au sein de l'Eglise catholique, l'Allemagne s'est interrogé sur sa tolérance passée à l'égard des rapports sexuels entre adultes et enfants.

    Tout a commencé par le boycott de la remise du prix politique Theodor Heuss à Daniel Cohn-Bendit  par le président de la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe et par la ministre allemande de la Justice. La raison invoquée était le « Grand Bazar », livre autobiographique de Daniel Cohn Bendit  (publié en France en 1975) où il évoquait des attouchements sexuels réciproques avec des enfants d’une communauté « autogérée » de Francfort. « Verts de honte en Allemagne », sous ce titre, un grand article du quotidien français « Le Monde » daté du 16 octobre 2013 raconte comment le Parti écologiste allemand a décidé d’accepter une opération vérité, six mois avant les élections fédérales du 22 septembre 2013. Lors des élections régionales bavaroises, le FDP n'obtient que 3,3 % des voix et aucun siège, alors qu'il gouvernait en coalition avec la CSU depuis cinq ans. Les verts allemands « Die Grünen » ont rejoint la coalition « L'Alliance 90 / Les Verts » (Bündnis 90/Die Grünen). Partenaires fidèle du SPD dans les années 1990, les verts allemands sont encore appelés « Les Verts » (Die Grünen) et s'associent cependant parfois aux partis de droite dans des coalitions locales. C’est ce que fait Daniel Cohn Bendit en choisissant Jean-Claude Juncker plutôt que le candidat social-démocrate. Fin 2013, aux élections fédérales, malgré des ententes avec les socio-démocrates, les Verts ont perdu 2,3% par rapport à 2009 et le FDP 9,8%.  De 10,7% les Verts sont passés à 8,4 et le FPD de 14,6 à 4,8% des suffrages exprimés. Les soupçons de pédophilie et le mauvais score des verts atténué par la catastrophe de Fukushima expliquent peut-être l’incursion de Daniel Cohn Bendit dans la politique en France et son renoncement à une nouvelle candidature aux Européennes en Allemagne.

    A de nombreuses reprises et depuis que le terme pédophile a té remplacé par celui de pédocriminalité, l’auteur du « Grand Bazar »,  a dû se défendre en expliquant en ce qui le concerne : « il n'y avait eu aucun acte de pédophilie. La pédophilie est un des crimes les plus abjects qui puissent exister. Il n'y a pas eu de ma part non plus de désir d'enfants. Là où il y a un grand problème, c'est mon désir de provocation". Ainsi, à l’abri  de sa panoplie de provocateurs, Daniel Cohn Bendit se permet tout et n’importe quoi en jouant le parangon médiatisé des Verts au service du libéralisme, pourfendant Mélenchon et le Front de gauche car c’est cela qu’on attend de lui. Il ne s’est pas représenté au parlement européen et ce serait un choix personnel. On peut se demander si ce choix n’est pas une dérobade à un moment où l’on ne veut plus de lui. Son soutien à Juncker n’est pas une surprise mais le droit fil d’un parcours politique sinueux qui ressemble plus à de l’entrisme et de l’arrivisme qu’à des convictions écologiques et sociales. Il se dit favorable au capitalisme et à « une écologie qui prenne acte de l'économie de marché pour mieux la réguler ". Membre des Verts Allemands depuis 1984, il avait déclaré dans L'Humanité à l'occasion de la campagne pour les élections européennes de 1999 prôner un « réformisme écologico-social lié à une tradition libertaire qui est effectivement non étatique ».

    Libertaire de droite, partisan de Jean-Claude Juncker, du capitalisme et de l’économie de marché ! Quelle étiquette lorsque l’on pense au mouvement anarchiste et à Mai 68, l’évolution de ce provocateur sans foi ni loi est vertigineuse. Il devrait aller expliquer cela aux Martiens. Les anarchistes, situationnistes, trotskistes et autres membres du Mouvement soixante-huitard du 22 mars, mais aussi tous les Gauchistes de cette époque doivent apprécier. Il faut dire que l’une des revendications de Daniel Cohn Bendit était « la possibilité pour les étudiants d'aller dans les chambres des filles de la résidence universitaire ». On se demande si, dans sa tête, libertaire ne voulait pas dire surtout « libertin ». Chez lui, il l’a reconnu : la politique est un grand bazar. Il y a trouvé un rôle de « bazarette[1] » dans les média, dirait un ami marseillais.

    U chjachjarone


    [1] Cette bazarette n'est pas une petite surface de vente de divers produits et articles mais le nom donné à une femme dont la langue est bien pendue et qui prend prétexte de tout pour faire des commérages.  Faire  la bazarette, c'est donc passer son temps à médire de son prochain et à colporter des ragots.  Bazarette est issu du provençal basaruta,  "bavarder " qui exprime souvent, comme ici, une nuance péjorative.

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