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Le poisson rouge au Ministère du travail
François Rebsamen, nouveau ministre du travail, enfonce le clou de la déréglementation avec son projet d'une suppression temporaire des seuils d'effectifs dans les entreprises, une idée déjà avancée par Nicolas Sarkozy et combattue par la Gauche. C’est encore une proposition du patronat sous prétexte que ces seuils mettraient un frein à l’embauche, argument récurrent du chantage au chômage. C’est surtout un coup de plus porté aux salariés en supprimant l’obligation faites aux entreprises de plus de dix salariés d'organiser l'élection d'un délégué du personnel ou à celles de plus de cinquante de mettre en place un comité d'entreprise. L’Ifrap a encore frappé avec des chiffres sortis du chapeau en prétendant que les seuils bloqueraient 70.000 à 140.000 créations d’emplois. Selon l’OFCE, ces chiffrent ne s’appuient sur rien de concret. L’Ifrap est cette think tank qui pratique le lobbying libéral en dénonçant en permanence les dépenses de l’Etat et le statut de fonctionnaire. Sa représentante au regard vipérin vient déverser sa propagande ultralibérale, antifiscale et anti service public, sur les plateaux de télévision avec une profusion de chiffres accommodés à la mauvaise soupe qu’elle ressert régulièrement dans des émissions complaisantes.
Au ministère du travail, Michel Sapin aurait laissé à François Rebsamen son poisson rouge, Titi, qui tourne en rond dans son bocal. Serait-ce la métaphore d’une gauche socialiste muette et qui tourne dans le bocal solférinien ? Espérons que Titi le poisson rouge est mieux traité que la gauche socialiste. Malgré la polémique au sein du PS et l’opposition des syndicats, le ministère du Travail parle d’une « expérimentation régionale » de son projet de dérèglementation.
François Rebsamen est celui qui a en charge le « pacte de responsabilité ». Au lieu de remplir sa mission, « fait-il un nouveau travail » aux salariés du secteur privé ? Connaissez-vous l’expression « faire un travail à quelqu’un » ? Non ! C’est l’équivalent de lui « faire une entourloupe ». Vous ne savez pas ce que signifie « faire une entourloupe ? Il faudra alors apprendre toutes ces expressions d’actualité sociale qui traduisent la politique de François Hollande et de Manuel Valls… C’est une boutade. Je plaisante car je sais que toutes ses expressions et tant d’autres similaires font partie, depuis longtemps, de vos champs lexicaux de salariés et de syndiqués. C’était une manière d’agir coutumière de la droite mais François Hollande l’a adoptée. C’est un fait : il parle à gauche et agit à droite avec un Premier ministre un gouvernement à l’écoute du Medef.
La prochaine Conférence sociale, prévue au mois de juillet, donnerait lieu à une feuille de route adressée aux partenaires sociaux sur le projet réactionnaire du Ministre du travail. La machine est lancée. C’est dans le droit fil de la pression déjà exercée par Manuel Valls pour faire reculer le droit des stagiaires. C’est ce que dénonce le collectif Génération précaire : « Le 14 mai, les sénateurs avaient voté des avancées importantes pour les stagiaires : augmentation de la gratification minimum de 436€ à 523€ ; gratification obligatoire pour les stages de plus d’un mois (au lieu de deux) ; limitation de la durée de présence dans l’entreprise à 35 heures par semaine. Le 3 juin, le gouvernement a fait pression pour les annuler ». Pierre Gattaz, le patron du Medef n’a en tout cas jamais caché son inquiétude vis-à-vis de ce texte qui, selon lui, représente un « stress sur le dos des patrons ».
Le gouvernement semble donc très soucieux de ne pas stresser les patrons et en premier lieu ceux du Medef. Pierre Gattaz, trop courtisé, en use et en abuse. François Hollande s’est mis entre ses mains avec le pacte de responsabilité dont il a fait la clé de son avenir politique. Le voilà tellement à l’écoute du Medef qu’il en oublie qui sont ses électeurs. A force de regarder à droite, il a tourné définitivement le dos à la gauche, là où se joueront ses prochaines défaites et malheureusement celles de la gauche dont il sera responsable. On peut douter que ce soit l’œuvre d’un homme sincèrement à gauche.
On le voit : avec le pacte de responsabilité, la vigilance et le soutien de la contestation sociale sont plus que jamais nécessaires. Mais il faut aussi préparer l’avenir politique et une alternative crédible à Gauche pour mettre fin à l’alternance libérale sans tomber dans le piège électoral de l’extrême-droite…
Cette alternance est portée par le Front de gauche et en son sein le mouvement ENSEMBLE. C’est ensemble que nous mettrons l’Humain d’abord !
Battone
articles sur l'Ifrap:
http://www.mancalternativa.com/avers-et-revers/les-retraites-l-ifrap-frappe-encore,a3684460.html
http://www.mancalternativa.com/avers-et-revers/l-ifrap-a-encore-frappe,a3603335.html
Tags : Rebsamen, Sapin, Hollande, Valls, travail, ministère, pacte, responsabilité, déréglementation
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