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Le Sarkozy de trop!
Hier, la 2ème chaîne a offert à Sarkozy une édition spéciale au moment du 20 heures, un privilège médiatique déjà de trop, dès le retour de celui qui a confirmé vouloir prendre l’UMP en otage pour une revanche politique avec François Hollande. Il n’a pourtant plus aucun mandat électif. Il suffit donc qu’il claque des doigts pour s’offrir le 20 heures. Toute la presse se mobilise autour de lui. Il suffit qu’il claque des doigts pour que l’UMP s’autodétruise et que ses barons se mettent au garde à vous. Quelques uns doivent mal vivre ce retour tonitruant, même parmi ceux qui se sont rapidement ralliés par intérêt. D’aucuns y voient une lueur d’espoir dans leur avenir politique compromis. Quelques jeunes loups aux dents longues jouent la carte Sarkozy pour leur propre avenir car des places se libèrent.
Comment peut-on encore penser que l’ancien Président de la république ait pu changer, murir, se bonifier ? Hier, il a même raté son numéro de modestie. Nous ne lui refusons pas les deux neurones qu’il réclame chaque fois qu’il veut éluder une question. Toutefois, deux neurones, il s’imagine lui-même que tous les lecteurs en sont dépourvus. Il a imposé sur une chaîne nationale son exercice narcissique et revanchard en comptant sur l’amnésie générale. Il n’échappe pas à sa nature profonde qui l’empêche toute véritable autocritique. Il reconnaît simplement n’avoir pas assez délégué en voulant tout bien faire lui-même. Il délèguera davantage. Lorsque l’on connaît son équipe pas de quoi rassurer ! Il n’a pas changé et ne changera pas à 59 ans. Il faudrait à nouveau revenir sur tout le mal que l’on pense de lui et sur son bilan catastrophique en 2012. Sa causerie nombriliste était indécente. Il n’a apporté aucune réponse claire devant un Laurent Delahousse qui, par maladresse, ne s’est jamais montré incisif et précis. Quelques exemples des passes d’armes entre le journaliste et Sarkozy…
Laurent Delahousse chahuté par Nicolas Sarkozy par puremediasSarkozy a refusé de commenter ses échecs mais s’est étendu sur le sujet qui l’intéresse : lui-même. Il a dit et redit son amour pour la France, son attachement à la famille, tout ce qui ne mange pas de pain. Il a traité François Hollande de menteur et mis ses concurrents Juppé et Fillon au rang de collaborateurs : il aura besoin d’eux, a-t-il dit. Sur Juppé, il a dit : «Alain Juppé, je l'ai connu quand j'avais 20 ans. C'est un partenaire, c'est un ami, c'est un compagnon, c'est quelqu'un pour qui j'ai même de l'admiration et j'aurai besoin de lui». Gilles Boyer, l’un des proches conseillers du maire de Bordeaux, a aussitôt ironisé sur Twitter : «Alain Juppé aura besoin de Nicolas Sarkozy, un partenaire, un ami, un compagnon».
Nous ne voyons pas ce qu’un Nicolas Sarkozy a apporté hier au débat politique car son intervention, sur ce point, s’est bornée à refuser le clivage gauche-droite et donc à prôner une forme d’apolitisme qui tue tout débat idéologique au nom d’un pragmatisme qui arrange toujours les mêmes. Le pragmatisme apolitique est une posture anti-idéologique de façade et de droite, c’est bien connu. Il fait partie de la rhétorique ultralibérale dans laquelle Sarkozy pèche ses arguties.
Nous avons vu un Sarkozy dont le thème principal est de fonder un nouveau mouvement de rassemblement mais qui a taclé tout le monde. Il ne croit pas l’homme providentiel, dit-il et affirme qu’il est le seul à pouvoir mettre de l’ordre dans sa famille politique. Il a assuré qu’il était capable de redresser les finances de l’UMP mais une question ne lui a pas été posée : comment finance-t-il son come back ? La campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy a bel et bien commencé avec affichages, teeshirt, tracts, location de locaux, personnels… etc. Qui finance ? C’est pourtant une interrogation légitime lorsque l’on connaît les soupçons de financements illicites sur ses précédentes campagnes.
La 2ème chaîne a offert une tribune gratuite à Nicolas Sarkozy et cette interview s’inscrit déjà dans la campagne des prochaines Présidentielles, trente-deux mois avant le scrutin. Est-ce normal que cette tribune ait été ouverte au journal de 20 Heures sur une chaîne nationale ? Est-ce normal que la véritable actualité ait été délaissée pour l’annonce d’une candidature si lointaine ? Le CSA devrait être interrogé sur ce point. Hier, nous avons vu le Sarkozy de trop et, comme on le dit en Corse, le trop estropie.
Les Français ont élu Hollande pour rejeter Sarkozy et le Front national. Le monarque républicain déchu pense nous jouer en 2017 le même scénario car les rôles apparaissent inversés. C’est l’affligeante perspective qui ressort de cette interview grotesque qui montre surtout la nécessité d’une reforme constitutionnelle concernant le statut du président de la république. Vivement une sixième république et un renouvellement de la gente politique car ce n’est pas avec du vieux que l’on fait du neuf et ce n’est pas sans idéologie que l’on construit une politique dans le souci de l’intérêt général.
Fucone
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