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Les rétropédalages du capitaine de pédalo ?
Dans le journal en ligne Médiapart, sous le titre « Le Medef et Cahuzac d’accord pour dynamiter les retraites », le journaliste Laurent Mauduit annonce ce qui, selon lui, nous attend : la remise en cause de tous les grands acquis sociaux. « Dès que le patronat formule un souhait, il cherche à l'accomplir », écrit-il. Nous avons eu droit au « choc de compétitivité » et à la réforme du marché du travail, qui vient d’être conclue.
On ne nous laissera donc pas souffler un peu. Les conciliabules iraient bon train dans le but de casser le mode actuel d'indexation des retraites. Nous avons entendu commenter que la baisse des pensions est sérieusement envisagée. Le gouvernement réforme tantôt sur la pression de Bruxelles, tantôt sur la pression des milieux patronaux. L’introduction du mot croissance dans le pacte de stabilité budgétaire n’est pas une initiative d’Hollande mais la conséquence des derniers rapports du FMI reconnaissant que les politiques d’austérité imposées à la Grèce et au Portugal ont été néfastes à leur croissance et ont poussé ces pays à la récession. Pourtant, dès l’alternance, c’est une politique d’austérité budgétaire et salariale qui a été mise en œuvre avec une seule concession : l’aumône consentie au 1 juillet 2012 de +20 centimes d'euro par jour pour les smicards.
Et la « révolution fiscale » ! De quoi s’agit-il ? Hollande a plafonné les « niches fiscales » sans intégrer dans le dispositif celle sur les investissements dans les DOM-TOM et qui a donné lieu à des dérives invraisemblables, et celle qui concerne le cinéma, via le dispositif des Sofica. Nous avons déjà expliquer qu’il a suffi que quelques patrons jouent les « pigeons » pour qu’on leur roucoule que la taxation des plus-values de cession est abandonnée.
Le« choc de compétitivité » réclamé par le patronat se concrétise par 20 milliards d’euros aux entreprises sous forme de crédit d’impôt, sans aucune contrepartie. « Autrement dit, l’effet d’aubaine va jouer à plein : certains grands groupes, notamment ceux du CAC 40, pourront en jouer pour gonfler leurs dividendes », explique le journaliste.
Et les Français ? Ils sont les victimes de l’austérité budgétaire et les cibles du relèvement de la TVA que François Hollande avait pourtant critiqué dans le projet de Sarkozy..
Et la flexisécurité ? Le Medef a obtenu, en retour de peccadiles concédées, un véritable dynamitage de la législation sur le licenciement. Première annonce : 7 500 suppressions de postes annoncées par Renault – entreprise dont le principal actionnaire est encore l’État. La Direction propose en outre un blocage des salaires en 2013, préliminaire d’une baisse si la décision est acceptée. Symboliquement les salariés de Peugeot PSA en grève ont rejoint ceux de Renault. C’est une première réponse des travailleurs au gouvernement et au patronat.
On arrive à se demander s’il y a bien eu une élection présidentielle car la même politique économique et sociale se poursuit dans la droite ligne du sarkozisme.
Demain les retraites seront mises à mal, après une campagne de presse pour préparer les esprits à accepter la fatalité. Le Medef propose de casser le système d’indexation des retraites. Et le ministre du budget, Jérôme Cahuzac a accueilli cette idée avec intérêt.
Le journaliste de Médiapart nous explique : « Jusqu’en 1993, le mode d’indexation des retraites de base était plutôt favorable, puisqu’il suivait l’évolution des salaires ». Édouard Balladur a changé l’indexation des retraites du Privé en prenant pour références l’ évolution des prix ( hors tabac). À l’époque, les socialistes considéraient que les retraités y perdent beaucoup en pouvoir d’achat et se sont opposés à cette réforme. En 2003, François Fillon a é tendu cette réforme à la fonction publique. Les socialistes ont encore désapprouvé. En ce qui, concerne les régimes de retraite complémentaire, le choix final de la revalorisation est entériné chaque année au terme d’une concertation entre les partenaires sociaux.
Le Medef propose de mettre en chantier un véritable plan d’austérité pour les régimes de retraite complémentaire. Il vise indirectement le régime de base en comptant sur la jurisprudence pour atteindre leur but caché..
La CGT a résumé les propositions du MEDEF sur sur son site Internet :
« Le plus important est que ce projet reste dans une veine très régressive avec en particulier : Évolution des pensions pour 2013 au niveau de l’inflation moins 1,5 point, puis de 2014 à 2017 au niveau de l’inflation moins 1 point. • Une baisse du taux de réversion de 60 à 56 % dès le 1 janvier 2014 et un âge minimum qui passerait de 55 à 60 ans à l’Arrco. Le texte propose également une réduction de 30 % des droits des chômeurs. Enfin, le Medef propose dans ce même projet des dispositions pour le moyen et le long terme, alors même que ces points devaient initialement faire l’objet de débats ultérieurs, dans le prolongement de la concertation annoncée par le gouvernement sur les retraites. Inutile de développer sur la nature des mesures avancées, puisqu’elles portent principalement sur le recul de l’âge d’accès à une retraite sans abattement (de 62 à 64 ans d’ici 2027). »
Il s’agit donc d’un plan d’austérité qui doit durer cinq ans pour les deux grands régimes de retraite complémentaire que sont l’Agirc (pour les cadres du privé), et l’Arrco (pour les salariés), avec des pertes de pouvoir d’achat considérable. Dans la foulée, le Medef préconise aussi une baisse du montant des pensions de réversion qui passerait de 60 à 56 % du montant de la pension versée au conjoint.
Le gouvernement a déjà fait savoir qu’il pourrait s’inspirer de ce projet pour les régimes de base, en soumettant cette idée à la concertation qui doit avoir lieu dans les prochains mois pour dessiner la prochaine réforme des retraites.
Jérôme Cahuzac, à l’occasion d’un entretien dansLes Échos, a dévoilé les intentions du gouvernement. « Les partenaires sociaux devraient se mettre d'accord d'ici à mars sur une désindexation, au moins partielle, des pensions Agirc-Arrco. Le gouvernement doit-il faire de même en désindexant les retraites au 1 avril ? », lui demande le quotidien. Réponse du ministre du budget : « Un accord de ce type des partenaires sociaux sur les retraites complémentaires serait un élément d'appréciation très important. On ne pourra pas ne pas en tenir compte. Pour autant, rien n'est décidé aujourd'hui et rien ne le sera sans qu'une concertation approfondie soit menée, comme c'est du reste prévu sur ce dossier. L'accord sur l'emploi montre que cette méthode est la bonne. »
Traduction des Échos : « Ceci signifie qu'une telle décision, si elle était prise par les partenaires sociaux, pourrait servir de modèle pour résorber une partie du problème du financement... des régimes de retraite de base. Une question qui sera abordée au printemps. »
Si le plan d'austérité est encore loin d'être ratifié par les syndicats, « nous avons la certitude que Jérôme Cahuzac n'éprouve aucune gêne à marcher main dans la main avec le patronat. Même le quotidien des milieux d’affaires et de la droite le suggère : dans la détermination de la politique économique et sociale du gouvernement, c’est le Medef, pour l'essentiel, qui fixe actuellement le cap » conclue le journaliste de Médiapart.
Face à cette politique libérale dans laquelle le social apparaît vide de sens, il serait peut-être temps que les jeunes qui arrivent sur le marché du travail donnent de la voix et expliquent qu’ils veulent travailler « mais pas trop longtemps et en préservant les acquis sociaux obtenus de longue lutte par leurs parents et leurs grands parents ».
Avec son « Moi Président, je… », il cachait bien son jeu. Barak Obama, libéral mais démocrate, a utilisé le « Nous » lors de sa deuxième investiture. Hollande apprendra-t-il à penser « Nous, la gauche » ? Nous en doutons. Après son « Moi Président, je… », il a enfilé, comme les autres, le costume de la cinquième République taillée sur mesure pour le général de Gaulle. Comme ses prédécesseurs de droite et de gauche, les habits sont trop grands pour lui. Malgré cela, il n’en changera pas pour constituer une sixième république. En attendant, le capitaine de pédalo veut nous habituer à ses rétropédalages mais le « Mali » et le « mariage pour tous » ne le sauveront pas de sa politique intérieure antisociale qui sera sanctionnée par le peuple de gauche. La Droite ne lui tendra pas de bouée de sauvetage. L’extrême-droite, grâce à lui, augmente son tonnage. Nul n'ignore que la peste brune se propage dans la misère.
Battone
Tags : Politique, social, emploi, retraite, flexibiliité, Renault, Peugeot, PSA, Hollande, Ayrault, Médiapart
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