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Les Spartiates de Génération identitaire
L’extrême-droite surfe sur le sentiment d’insécurité. Ce n’est pas nouveau. Par contre ce qui l’est ce sont les « patrouilles anti-racaille » organisées, à Lille puis dans d’autres grandes villes et dans les transports en commun, par des éléments d’extrême-droite réunis sous la bannière « génération identitaire » qui s’était fait connaître par l’occupation du chantier d’une mosquée à Poitiers en 2012. Des stages de self-défense sont même proposés. Ces justiciers enfilent une veste jaune vif avec, à l’emplacement du cœur, un signe « lambda » inversé dans un cercle. Quelques uns portent un haut de survêtement avec l’inscription bien visible « Génération anti-racaille ». Ils se défendent d’être des miliciens ou des substituts de la police. Leur responsable va jusqu’à dire : « Ce que nous faisons, c’est notre devoir citoyen et moral, de protéger nos frères et sœurs, riches ou pauvres, parisiens ou non, qui ne se sentent plus en sécurité dans un service public. » La question reste à savoir de quels frères et de quelles sœurs il est question pour ceux qui se réclame d’une génération identitaires islamophobe ? Cette question en entraîne une deuxième : Protéger contre qui ? Dans les faits, les patrouilles anti-racaille se déplacent en nombre. Ils sont nombreux et sans doute prêts à en découdre si l’occasion se présente. Ils veulent être visibles et cela donne un côté flash-mob ou happening si vous voulez et franchement publicitaire sans aucune réelle justification de ce que, leur déplaise, on nomme « milices », formations chères à l’extrême-droite et à toutes les dictatures.
Ne vous y trompez pas ! Ces jeunes gens sont aussi dangereux que les voyous du Métro. Ils sont endoctrinés et, derrière leur apparence BCBG, ils sont les propagateurs d’idées nauséabondes qui empoisonnent les sociétés en période de crise économique et de chômage. Ils ont besoin de logos évocateurs pour s’identifier. Leur lambda à connotation spartiate a été choisi avec soin. Le cercle rappelle celui du groupe Occident et bien d’autres logos d’extrême-droite (croix gammée, logo des Afrikaners en Afrique du sud...) Celui des Jeunesses polonaises a ajouté un glaive à un lambda ou un « V ». En général, les groupes néo-nazis gardent la croix gammée ou uniquement le cercle dans lequel ils s’enferment contre tout ce qui leur est étranger.
Quelques exemples de logos. On pourrait y ajouter celui du mouvement néo-nazi grec "Aube dorée".
Le plus proche est celui des SA ( Sections d'Assaut hitlériennes)...Les patrouilleurs spartiates du « Lambda inversé » réfutent le terme de milice. Alors pourquoi la référence historique aux Spartiates ? L’armée occupe une place particulière à Sparte, cité où tous les citoyens en âge de porter les armes sont censés être des hoplites (fantassins) et, en conséquence, subissent depuis leur enfance une éducation qui doit les préparer au combat. Plutarque écrit que la seule réputation des hoplites spartiates « frappait d'effroi leurs adversaires qui, même avec des forces égales, ne se croyaient pas capables de lutter sur un pied d'égalité contre des Spartiates ». Les Spartiates combattirent l’invasion persane et, sans aucun doute, cet aspect de l’histoire de Sparte n’a pas échappé au concepteur du logo de « génération identitaire ». Selon des témoignages, les patrouilleurs de cette génération identitaire » s’éparpillent dans les rames du métro, sans un sourire, sans un geste : l’œil nerveux, l’air concentré. Cela fait penser au laconisme spartiate qui désigne les formules concises et frappantes par lesquelles les Spartiates de la Grèce antique avaient coutume de s'exprimer. Heureusement que nos spartiates identitaires d’aujourd’hui ne sont pas armés car les hoplites spartiates faisaient partie de l’infanterie lourde. L’utilisation du mot « racaille » a été banalisée par Nicolas Sarkozy avec son nettoyage policier au karcher. Ce terme péjoratif sert à désigner une personne ou une catégorie de personnes, souvent la frange considérée comme méprisable d'un groupe : un terme d’exclusion repris par Génération identitaire. On parle de « la racaille de la société » pour désigner une frange non intégrée. Ce mot désigne une masse méprisable. L’étymologie du mot « racaille » n’est pas clairement établie avec une hypothèse de référence péjorative au chien mais d’aucuns la basent sur l’italien Razza, qui a donné « race » en français et certaines utilisations de ce terme entretiennent volontairement ou accidentellement une confusion sur l’identité du groupe qu’il stigmatise. Sur des photos prises dans le métro de Lyon et publié sur un site identitaire, on voit des patrouilleurs exhiber une affiche « Ne recule plus ! Ici, tu es chez toi, défends-toi ! ». Aussi venant de Génération identitaire et anti-racaille, la confusion ne peut être que volontaire, alors que chez Sarkozy le doute est encore permis. Quoique ? Il ne faut pas oublier que son ex-conseiller Patrick Buisson est un pur produit de l’extrême-droite.En France, il existe une police nationale, une gendarmerie nationale et des polices municipales. Par ailleurs des société privées de surveillance ont fait de la sécurité leur activité et les directions des métros ont recours à ces services privés. Dans le métro, un réseau de surveillance vidéo est en place. Par ailleurs, dans le cadre de Vigie pirate, des patrouilles police-armée sont effectuées. Bien sûr le risque zéro n’existe pas mais ce n’est pas une raison pour instrumentaliser le sentiment d’insécurité et promouvoir des idéologies anti-démocratiques. La France a des institutions républicaines et n’a pas besoin de laisser grossir des embryons de milices fascistes.
U Cursinu.
Tags : Extrême-droite, génération, identitaire, patrouilleurs, antiracaille, Spartiates, fascisme, néo-nazisme
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