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Myriam El Khomri enfonce le clou
« Quand on a un marteau dans la tête, on voit tous les problèmes sous la forme d'un clou. » Ce proverbe africain va bien à la ministre du travail, de l’emploi et du dialogue social. Remise d’un malaise ou d’un accident domestique, entêtée, elle enfonce le clou en ayant déclaré : « C'est absurde que les jeunes aient peur de cette loi parce que ce sont eux les victimes de cette hyper-précarité », ajoutant « Cette loi est faite justement pour que les jeunes (...) puissent rentrer plus facilement sur le marché du travail en étant en contrat à durée indéterminée ». Il faut croire qu’elle ne s’intéresse pas au hashtag « #OnVautMieuxQueÇa » qui est devenu le recueil de toute une jeunesse. Elle aurait pris la mesure du désarroi des jeunes qui est loin d’être absurde. Leurs récits témoignent d’un monde du travail en miettes, d’une jungle sans loi, où règne une violence inouïe. Des caissières et des cadres en burn-out s'y expriment et démontrent que les conditions de travail actuelles sont déjà écornées. Et c’est cette violence qu’elle voudrait légaliser par une loi qui permettrait de licencier ces jeunes sans réel motif et sans indemnités, tout en leur promettant des contrats à durée indéterminée devenus précaires. Il faut dire que cette dame n’a jamais eu à chercher un travail. Elle ne sait pas ce que représente la précarité pour un jeune, cette absence de perspective, cette impossibilité de construire sa vie. Elle n’a jamais bossé dans ce monde que décrivent les jeunes internautes.
Dans cette loi, les pouvoirs du patronat sont largement augmentés notamment en matière de licenciement : - une baisse des commandes ou du chiffre d’affaires pendant plusieurs trimestres consécutifs, - pertes d’exploitation pendant plusieurs mois,- importante dégradation de la trésorerie mais pas seulement puisque s’ajoutent d’autres raisons : - mutations technologiques, - réorganisation de l’entreprise nécessaire à la sauvegarde de sa compétitivité. La baisse de commandes ou du chiffre d’affaires, qui ne peut cependant être inférieure à deux trimestres consécutifs, ou la durée des pertes d’exploitation feraient l’objet d’accords par branche sans aller en dessous d’un trimestre et à défaut d’accord, ces durées seraient respectivement fixées à quatre trimestres consécutifs et un semestre. Les accords par branche permettraient de créer des précédents et de constituer une sorte de jurisprudence qui ramènerait le délai à un trimestre pour tous. Tout est fait pour faciliter les licenciements et cela va encore plus loin en ce qui concerne les indemnités demandées devant les prud'hommes. Leur plafonnement selon un barème en fonction de l’ancienneté permettra des licenciements abusifs à peu de frais : aucune indemnité pour une période de 2 ans, six mois de salaires de 2 à 5 ans, neuf mois de salaires de 5 à 10 ans, douze mois de salaires de 10 à 20 ans, quinze mois de salaires au-delà de 20 ans d’ancienneté. Pour qu’un juge s’affranchisse de cette grille, il faudrait que le patron commette une faute d’une particulière gravité comme le harcèlement moral ou sexuel, la discrimination.
Est-ce absurde que les jeunes dénoncent être les premières victimes de cette loi qui autorisera de les licencier sans motif réel au bout de deux ans et pire, sans indemnité ?
Nous n’allons pas revenir sur les autres reculs d’une loi inspirée par le Medef comme la durée du temps de travail, le travail du dimanche, les référendums d’entreprise destinés à casser les syndicats. Cette offensive "soit disant en faveur de l’emploi" est une offensive contre-productive pour lutter contre le chômage et qui veut précariser le contrat à durée indéterminé faute d’oser le supprimer au profit des contrats à durée déterminée. Alors, que Mme Myriam El Khomri ne prenne pas les jeunes pour des imbéciles. L’absurdité, c’est elle qu’il la commet en disant que leur crainte est absurde.
Vous pourrez, avec le Premier Ministre et ses lieutenants ultralibéraux, continuer à vouloir faire passer des vessies pour des lanternes. Malgré l’appui qui vous est apporté par une partie de la droite et de la presse libérale, les jeunes n’avaleront pas les couleuvres de cette loi scélérate, indigne de gens osant encore se dire de gauche.
Mme EL Khomri,
Vous êtes, à votre âge, déjà une vieille politicienne que l’ENA a placé sur une trajectoire carriériste. Vous ne représentez pas une jeunesse qui ne partage rien avec vous et que vous méconnaissez en la sous-estimant. Ils le disent : ils valent mieux que ça. Vous valez bien moins qu’eux pour vous être soumise à une mascarade législative par ambition. L’avenir, ce n’est pas vous, c’est eux ! Ils vous le feront savoir , à vous, au Medef, à Hollande, à Valls et consorts, le 9 mars prochain !
Ajaccio à 12 heures devant la Préfecture
Bastia à 16 heures devant la Préfecture
Babbone
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