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Pas de CDI à gauche pour Valls!
Manuel Valls a relancé le vieux fantasme du patronat : le contrat unique de travail. Il le fait au nom de l’égalité entre salariés. Pour cela ceux qui ont des droits doivent les perdre. Certains parlent d’un nouveau CDI pour tous mais le temps d’une mission à accomplir. Il ne reste plus qu’à inventer le CDD à durée indéterminée. En fait il s’agit de faciliter les licenciements et de jeter tout le monde dans la précarité. On sait déjà que les CDI ne représentent plus que 20% des emplois. Les employeurs préfèrent les CDD. Le compromis est de leur fournir un contrat unique qui leur permettra de licencier ceux qui, par ancienneté risqueraient d’obtenir trop de droits. En effet, il s’agirait d’une sorte de CDD pendant une longue durée d’essai et, ensuite, les salariés obtiendraient progressivement des droits.
On connaît les difficultés des salariés en CDD pour obtenir des prêts bancaires et des locations immobilières. Les banques et les propriétaires demandent de plus en plus de garanties de l’emploi pendant que les patrons demandent de plus en plus de précarité. Et Manuel Valls fait écho à une proposition déjà émise en 2003 par le Prix Nobel de libéralisme économique 2014 qui lui-même ne faisait que reprendre le fantasme patronal. Le docte Jean Tirole prône que trop de protection sociale nuit au progrès social. Comme si trop de barrières de protection sur les autoroutes nuisent à la sécurité, comme si trop de soins empêchent de guérir… Si parfois trop c’est trop, cela concerne la propagande libérale et ses arguments outranciers, ses faux postulats. La suppression du CDI, du trop de protection des salariés… C’est cela que le premier ministre, président-aspirant putatif de la république, appelle le progrès et la modernité. De quel progrès parle-t-il ? Certainement pas du progrès social.
Le progrès, lorsque l’on prétend exercer loyalement de hautes fonctions électives, est celui des conditions de vie et de travail du peuple. Le progrès social, ce n’est pas de niveler par la base le contrat de travail en enlevant des droits aux uns, tout en faisant semblant d’en donner aux autres. La mission d’un premier ministre n’est pas de monter les uns contre les autres et de tromper le plus grand nombre. Manuel Valls tablent sur la jalousie des salariés en CDD contre ceux en CDI pour mener une politique ultralibérale du travail au profit des patrons qui, comme celui de GDF Suez, va percevoir une retraite chapeau de 21 millions d’euros, alors que l’entreprise qu’il a dirigé, profite du crédit d’impôt CICE. Est-il digne d’un homme de gauche de s’attaquer au CDI et de rendre un hommage appuyé au PDG de Total défunt, qui percevait plus de 3 millions d’euros par an et dont l’entreprise, avec tout ce que l’on en connaît, profite de plusieurs millions du même crédit CICE ? Est-il digne d’un démocrate socialiste de demander, au parti socialiste, l’exclusion de Gérard Filoche, ancien inspecteur du travail, sous prétexte qu’il ne s’est pas joint à cet hommage et a utilisé le terme de « suceur de sang » pour exprimer sa vision de l’administration de cette multinationale qui exploite des travailleurs dans le monde entier.
Manuel Valls ne s’adresse plus ni aux militants du parti socialiste, ni aux syndicats, ni à la gauche. Il s’adresse au patronat. Pierre Gattaz va encore l’applaudir. Lorsqu’il s’adresse au peuple, il fait preuve du plus grand mépris. Ce mépris, nous le retrouvons chez les Solfériniens qui ont fait du parti socialiste, une tour d’ivoire coupée de ses militants. François Mitterrand avait opéré un virage à droite en 1983. Depuis lors, le socialisme a été mis sous le boisseau et la direction du parti socialiste a été phagocytée par les Strauss-kahniens et autres fabusiens qui ont mené à l’accession de Manuel Valls à un poste de premier ministre qu’il n’aurait jamais dû occuper. Face à un François Hollande dont les anaphores ne font plus recette, Valls se sent des ailes mais ce ne sont pas celles du Parti socialiste à qui il veut couper l’aile gauche pour la remplacer par le centre droit. Il n’est sans doute pas pour l’équilibre des forces mais plutôt partisan d’un putsch, armé de ses certitudes libérales balancées à coups de menton.
Hollande, Valls, Sapin, Macron, Rebsamen et compagnie iront rejoindre le centre qui s’est toujours situé à droite. Ils auront fait beaucoup de mal à la gauche qui doit se ressaisir et se fédérer contre la doxa libérale et réactionnaire qui veut l’enterrer un peu trop vite. Nous donnons raison sur un seul point à Manuel Valls : le parti socialiste est en fin de vie… mais, contrairement à ses vœux, pas le socialisme, pas la gauche qui se refondera sans lui et ceux qui l’on propulsé sur le devant de la scène politique.
Qu’il ne se fasse pas d’illusion ! Même s’il a obtenu une standing ovation de la part des patrons du Medef, ses propositions libérales font déjà partie du programme de la Droite. Même si la mort politique et peut-être judiciaire de Sartkozy est envisageable, la droite a ses candidats et ne lui fera pas de place pour ses primaires. Quant au centre, Sarkozy éliminé, il se ralliera, Bayrou compris, à Alain Juppé. Par contre, s’il lui vient à l’idée de mettre en place son contrat unique avant 2017, il prend le risque de déclencher de grandes manifestations et de mettre fin à une paix sociale relative. Les salariés en CDD veulent des CDI et non pas de vessies qu’on veut leur faire passer pour des lanternes. Ils veulent l’égalité avec les salariés en CDI et non pas l’égalité dans la précarité pour tous.
Lorsque Manuel Valls aura terminé sa période d'essai à Gauche, nous proposons un licenciement. Pas de CDI à Valls! Surtout pas de CDD de Président de la république, après avoir mis fin à celui de François Hollande.
Fucone
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