• Quelle politique du logement?

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    Il y a des besoins élémentaires qui sont des droits : se nourrir, se déplacer, se soigner et se loger.  Des solutions peuvent être apportées pour que chacun puisse tout simplement vivre normalement. Sur l'île, parmi les 300.000 habitants, la pauvreté toucherait près de 30.000 personnes, 16 000 retraités gagnent environ 600 euros par mois et 40 % d'entre eux sont en situation de précarité énergétique. La précarité touche principalement les nouveaux arrivants en zones urbaines et les Corses en milieu rural qui n’est plus le dernier rempart contre l’exclusion sociale. Un court-métrage de 52 minutes « Aiutu » a été réalisé par Gisèle Casabianca qui est allé à la rencontre des laissés pour comptes. Des saisonniers, retraités, employés, étudiants ou chômeurs doivent faire face à ce quotidien si difficile, Aiutu !leur donne la parole. La Corse a aussi ses SDF et certains meurent dans des abris de fortune. A Ajaccio pour construire un nouvel abri de nuit, « Notre seul souci aujourd'hui, c'est le foncier car il, y a pénurie de terrain à Ajaccio », expliquait en janvier 2012 Jean-Louis Aribaud, directeur du département de la cohésion sociale. Il s’agissait de créer 30 places et finalement c’est Mezzavia qui a été choisi. A Bastia 12 nouvelles places ont dû être créées en 2012 dans l’ancien hôpital de la ville. Il s’agit là de mesures d’urgence insuffisantes et qui ne règlent pas le problème de fond.

    Une politique sociale au niveau local est possible.

    Il faut aussi réfléchir à une politique du logement pour tous. Le nombre de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté est alarmant. Celles qui sont confrontées aux difficultés du logement sont de plus en plus nombreuses. La Fondation Abbé Pierre indique que 3,5 millions de personnes sont mal logées et, plus largement, que 10 millions sont confrontées d’une façon ou d’une autre à la crise du logement.

    Le problème du logement n’épargne pas la Corse et des solutions doivent être recherchées pour lutter contre la spéculation immobilière et la cherté des loyers mensuels, conséquence de celle des locations saisonnières.

    Une révision des PLU sous contrôle et un Observatoire de l'urbanisme sont souhaitables. Les maires et les préfets ne doivent plus faire ce qu’ils veulent. Des associations doivent continuellement ester en justice pour faire respecter la loi dans certains secteurs de l’île. Il faudrait un contrôle à priori par un organisme indépendant pour limiter les procédures administratives coûteuses pour toutes les parties. Il faut lutter contre l'urbanisme anarchique qui gangrène notre île depuis trop longtemps. Toute construction devrait, au préalable, être concertée et l’Observatoire de l'Urbanisme aurait pour mission d'étudier toute nouvelle implantation et de réfléchir en amont aux aménagements routiers et à la présence d'équipements publics. Il faut éviter de sur-densifier des secteurs et repenser l'urbanisme. Il faut préserver le littoral et les sites classés.

    Il est vital de stopper la spéculation immobilière et de permettre à tous les travailleurs  insulaires d’accéder à la propriété en Corse. Cela se fera par une législation règlementant la vente immobilière et le respect de la loi littoral. Il est nécessaire aussi d’amplifier les aides à l’accession à la propriété. Il s’agit là d’affirmer une volonté politique d’en finir avec les errances passées pour préparer l’avenir. Lorsque l’on parle de communauté de destin, on ne laisse personne au bord de la route.

    Les logements sociaux existants doivent être inspectés, rénovés et d’autres doivent être construits en tenant compte de la transition énergétique. Logements sociaux, collectifs ou individuels, Ajaccio et Bastia doivent être des secteurs immobiliers exemplaires et en phase avec leur environnement. La transition énergétique est un défi, écologique et économique, à relever. Il est aussi nécessaire de créer des logements à la fois pour les jeunes et les seniors de façon à créer des liens entre les générations. La politique du logement s’inscrit dans le « vivre ensemble ». Elle doit aussi éviter les ghettos de riches et de pauvres, au lieu de mettre un pansement sur une jambe de bois avec Les CUCS (Contrats urbains de cohésion sociale). Comme Bastia, Ajaccio a le sien destiné à près de 19 000 habitants résidants dans plusieurs quartiers prioritaires : Cannes-Salines et Jardins de l’Empereur, Saint-Jean/Loretto, Pietralba/Budiccione/A Mandarina, puis Vazziu, Mezavia et le secteur Citadelle/Viletta. Que fera la nouvelle municipalité en faveur de ces 19.000 habitants?Ces contrats font partie des promesses de François Hollande: l'engagement n°27 du Président de la République. Il a dit : «  Je lancerai une nouvelle génération d'opérations de renouvellement urbain, je les complèterai par des actions de cohésion sociale en lien avec les collectivités et les associations, et je maintiendrai les services publics dans nos banlieues ». Après les promesses, Hollande se débarrasse de tous les problèmes par des contrats et des pactes, tout en menant sa politique d’austérité. Il ne résout rien à long terme. Il temporise puis se débarrasse de patates chaudes en maintenant, coûte que coûte, son cap à droite, celui du néolibéralisme.

    En Corse, la cohésion sociale passe par une politique du logement à long terme, la lutte contre la spéculation immobilière et la cherté des loyers annuels. Elle passe aussi par la défense des services publics et donc le refus des politiques d’austérité. Il faut rappeler que des communes ont été victimes de produits financiers toxiques et souvent de la mauvaise gestion des municipalités en place. Tout cela au détriment des contribuables et des  politiques concrètes du logement. Les communes sont maintenant victimes des plans d’austérité alors que leurs charges ont été accrues.

    Les statistiques le montrent. Le parc immobilier corse est constitué de trop de résidences secondaires par rapport aux résidences principales. Beaucoup plus que la moyenne nationale. Les prix de l’immobilier sont devenus prohibitifs. Les insulaires qui ont des petits revenus ont du mal à acheter ou trouver des locations décentes à des prix abordables. Dans certaines communes le parc des logements sociaux est insuffisant, malgré la loi qui les contraint à un quota rarement respecté. Certaines communes préfèrent payer des amendes que tenir leur quota imposé de logements sociaux. Si on ajoute au problème du logement social le taux endémique élevé du chômage, l’exode des jeunes Corses explique le fort vieillissement de la population insulaire. Comme il y a 60 ans, des Corses sont condamnés à l'exil? La politique du logement doit prendre en compte et agir contre les facteurs nuisibles à l’avenir de la Corse et qui sont ceux d’une politique du tourisme au détriment du développement d’une économie diversifiée associée à une politique sociale dans laquelle le logement occupe une place importante. Si l’activité touristique est un secteur important de l’économie insulaire, elle ne doit pas être privilégiée au détriment des travailleurs corses, en abandonnant tout autre développement industriel. Des communes doivent en outre se suréquiper pour accueillir des flux saisonniers et cela a un coût assumé dans les budgets communaux déjà fragilisés par la politique d’austérité.

    Ce sont les tourismes de masse et de luxe qui font de l’île la proie des spéculateurs en empêchant la mise en place d’une politique sociale répondant aux besoins des insulaires. La Corse n’est pas qu’une île touristique. Les avancées scientifiques devraient permettre de développer une  économie de la mer, dont Jean-Luc Mélenchon se fait le porte-parole. La Corse a des richesses terrestres mais aussi maritimes. Aujourd’hui on peut même fabriquer une matière plastique biodégradable à partir de certaines algues. Il existe des énergies propres. Le soleil et la mer sont des atouts de la Corse mais pas uniquement pour y construire des résidences secondaire, des clubs de vacances, des hôtels et des paillotes.  Une industrie écologique peut s’installer et se développer sur l’Île. L’agriculture et l’élevage doivent être davantage aidés, les terres agricoles et les pâturages préservés.

    Nous invitons les Corses à prendre connaissance des programmes et des projets des candidats en ce qui concerne la spéculation immobilière et la politique du logement. Quelles propositions font-ils.?Quels engagements prennent-ils par rapport aux enjeux sociétaux que pose la politique du logement? De quelle politique volontariste sont-ils porteurs? Quel développement industriel et commercial proposent-ils pour  sortir du tout touristique facteur de spéculation immobilière et de crise du logement ?

    D’autres sujets devraient être abordés. D’aucuns les regardent par le petit bout de la lorgnette et d’autres du plus loin possible pour les éviter. 

    Les transports gratuits ou avec une tarification sociale peuvent assurer à tous la liberté de se déplacer en réglant les problèmes de parking et de pollution des centres urbains. Ce n’est pas une utopie. Certaines communes l’ont déjà fait et ça marche.  

    L’eau est un élément essentiel à notre alimentation et  à notre santé. Les services des eaux ont été confiés à des multinationales dont le seul souci est le profit. La solution existe depuis longtemps, c’est celle des régies. Même Paris y est venue en 2010 et  nul ne s’en plaint. 

    Manca alternativa préconise le passage en régie pour les services des eaux en pays d’Ajaccio et la gratuité des transports. Ce sont des propositions simples qui ont déjà fait leurs preuves ailleurs.

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    Malheureusement, à Ajaccio, les premiers débats auxquels nous avons assisté semblent très éloignés des préoccupations sociales et environnementales. Les discours sont ceux  d’un néolibéralisme sans odeur et sans saveur dans une Corse que l’on parfume à l’anesthésiant. Tous les candidats se connaissent bien et se ménagent ; On se chipote, on se chamaille mais on ne repousse aucune alliance au second tour. La seule question qui domine chacun d’eux est : Qui sera le nouveau locataire de la mairie ? Les statistiques sont là pour maintenir le suspense sans qu’un candidat n’accepte de vraiment les commenter. On a l’impression d’assister à une course immobile. « Immobile », c’est cela ! A Ajaccio, tout semble immobile. Pourtant le titre d’un nouveau magazine incite à bouger. « Bouge ta Corse ! »  Un bon titre et une incitation pas inutile à l’adresse des candidats aux élections municipales.

    Fucone

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