• Sarkozy est-il le voyou de la République?

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    Depuis sa défaite électorale, plusieurs dossiers judiciaires sont susceptibles de rattraper Nicolas Sarkozy. Jusqu’à présent, si certains de ses proches sont inquiétés, il a réussi à se tenir à l’extérieur de la nasse judiciaire car il a toujours eu de l’avance sur le temps judiciaire : cinq années d’immunité présidentielle. Est-ce que le temps judiciaire s’est accéléré et va contrarier son retour en politique ? 2017, c’est dans trois ans et il faudrait un affaire d’Etat pour le mettre sur la touche pour cette échéance. Les enregistrements de Patrick Buisson donnent un éclairage sur le rôle joué par Claude Guéant auprès des magistrats du Parquet au moment où l’un d’eux apparaît dans une instruction judiciaire dans une nouvelle affaire qualifiée de trafic d’influence. Le Monde vient de révéler les raisons de perquisitions effectuées par les juges du  nouveau pôle financier chez l’avocat de Nicolas Sarkozy et chez un ancien membre de la cour de cassation approché pour renseigner sur les dossiers judiciaires et notamment le dossier Bettencourt. L’avenir des éléments de ce dossier sont justement devant la cour de cassation et concernent plusieurs affaires comme les agendas de Nicolas Sarkozy qui attestent de plusieurs rendez-vous avec le Juge Courroye suspecté déjà de renseigner Sarkozy sur l’avancé du dossier Bettencourt.

    Un nouveau magistrat, Monsieur Gilbert Azibert,  est aujourd’hui suspecté dans le même dossier et aurait demandé en échange des informations, recueillis au sein de la Cour de Cassation, l’appui de Nicolas Sarkozy pour obtenir à la retraite un poste de conseiller d’Etat à Monaco. Si ces accusations sont avérées, on se demande comment l’ancien président de la république ( qui a bénéficié d’un non lieu dans l’affaire d’abus de faiblesse au préjudice de Liliane Béttencourt) pourra se débarrasser de cette nouvelle casserole judiciaire qui s’ajoute à une vraie batterie de cuisine politicarde. On savait que les délinquants utilisaient des téléphones avec des noms d’emprunt pour échapper aux écoutes. On découvre que le procédé était utilisé par Sarkozy et son avocat. Aux enregistrements de Patrick Buisson s’ajoutent des écoutes téléphoniques judiciaires plus difficiles à attaquer en référé pour en interdire le traitement judiciaire.  Même la saisine de la Cour de cassation n’est pas une garantie faute de taupe à l’intérieur. Nous verrons Mardi si cette haute cour décide d’annuler la saisie des agendas de Sarkozy, sachant que ces documents, au-delà de l’affaire Bettencourt, intéressent plusieurs procédures judiciaires, notamment dans les affaires Tapie et Kadhafi. On se souvient que, dans l'affaire Tapie, un ancien magistrat a été soupçonné. Cela fait beaucoup de noms de magistrats du Parquet qui jalonnent ces dossiers judiciaires.

    Il est étonnant qu’une partie de la presse ait largement commenté les enregistrements de Patrick Buisson en insistant sur le côté trahison sans trop s’attarder sur les extraits les plus significatifs. On cherche maintenant celui ou celle qui a fourni les enregistrements à la presse. Il faut des coupables et parmi eux Le canard enchaîné qui a diffusé des extraits. Pour Atlantico, on verra si Nicolas Sarkozy se retournera contre  un site dont le rédacteur en chef l’a ménagé en réservant ses attaques contre le seul Patrick Buisson.

    Contre une presse qui informe, nous avons assisté à la langue de bois de tous ces chroniqueurs politiques qui polluent les chaînes de télévision. Certains ont des liens connus avec Patrick Buisson et Nicolas Sarkozy. Tout le monde connaît les appuis de Sarkozy dans la presse, auprès de chroniqueurs et  de grands patrons. On connaît son opinion sur les journalistes en général puisqu’il les qualifie de « connards de chiens qui aboient » dans un enregistrement d’un Patrick Buisson qui va jusqu’à enfoncer le clou sur l’insulte en précisant qu’il s’agit biens des journalistes. On apprend qu’il avait des appuis dans ce que l’on appelle la magistrature debout, c’est-à-dire les magistrats des parquets jusqu’à la Cour de cassation. On connaît son projet de supprimer les juges d’instruction trop indépendants. Sarkozy préfère des magistrats debout au garde à vous plutôt qu'assis. Une fois de plus, il va crier à l’acharnement judiciaire des juges rouges et au complot politique, thèse déjà tenue par son avocat. D’aucuns s’offusquent déjà qu’un ancien président de la république ait été mis sur écoute. Un crime de lèze-majesté. Nous espérons simplement qu’aucun entrave ne sera mise à la poursuite des instructions judiciaires et que toutes les manœuvres dilatoires ne viendront pas à bout de la vérité cachée derrière un buisson.

    En août 2010, le journal « Marianne » avait titré « Sarkozy, le voyou de la république », ce qui avait offusqué la Droite. Nous verrons si la suite judiciaire du quinquennat donnera raison au rédacteur en chef de ce mensuel. Dans toutes les affaires où apparaît Sarkozy, il ne faut pas se tromper de cibles. Les coupables ne sont pas les journalistes et les magistrats qui font leur travail. Sans préjuger des résultats des enquêtes menées, la personnalité de Nicolas Sarkozy apparaît de plus en plus comme l’indicateur du niveau de cynisme auquel est arrivée la classe politique mais aussi à celui de médiocrité dont fait preuve une kyrielle de politicards et de journaleux dont s’entourent les leaders des partis politiques en place. Les collusions entre des hommes des pouvoirs (politique, médiatique et judiciaire) pourrissent la démocratie et l’essence même de ce que devrait être la politique. En outre ces collusions ne grandiraient pas la Justice et le journalisme si des femmes et des hommes ne s’entêtaient pas à faire leur travail honnêtement et courageusement face à un Système qui cherche en permanence à les discréditer et les contraindre au silence.

    Battone

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