• SNCM: en avril ne te découvre pas d'un fil !

    CORSE juillet 2012 031

    Hier 18 mars, pendant que des manifestations se sont déroulées contre le pacte de responsabilité et la politique d’austérité, le conseil de surveillance de la SNCM a autorisé le directoire à signer la lettre d'intention de commande pour deux ferries au gaz naturel liquéfié auprès de STX Saint-Nazaire. Deux autres navires sont en option car il s’agit in fine d’une commande annoncée de 4 navires« Le président du directoire, Marc Dufour, a reçu mandat pour signer la lettre d'intention qui ouvre la séquence de dialogue exclusif avec STX France », a indiqué un porte-parole de la SNCM à l'issue du conseil de surveillance, qui se déroulait à Paris, ce mardi.

    Pour autant, la SNCM est-elle sauvée de la liquidation ? Non.  Il ne s’agit que d’une lettre d’intention et non d’une commande ferme qui ne verra le jour que si un financement est arrêté en avril prochain, donc après les Municipales. Le diction dit: "En avril ne découvre pas d'un fil!" car, après le chaud, on pourrait souffler le froid. Même si nous souhaitons une issue favorable à la SNCM et son personnel, nous ne voulons pas jouer les oiseaux de mauvais augure mais il serait naïf de croire que la raison l’a emporté et s’en réjouir trop vite. Sans financement, pas de commande.

    On a vu se dessiner une coalition contre la SNCM et, pour le moment, c’est le coût social très élevé de sa liquidation et la combattivité de  certains syndicats dont la CGT en première ligne, qui a fait jour à une solution qui, faut-il le rappeler, s’accompagne déjà de licenciements.

    D’aucuns œuvrent encore pour qu’il reste deux compagnies sur les lignes entre la Corse et le continent français. La Corsica Ferries France (CFF) et la Compagnie Méridionale de Navigation (CMN) pourraient se répartir les passagers et le fret. D’autres militent pour la création d’une Société d’Économie Mixe (SEM) régionale qui sert d’alibi pour justifier le naufrage de la SNCM car personne ne croit réellement à la viabilité d’une SEM régionale. Le projet de SEM est un appât électoral pour les uns et un projet idéologique pour les autres. 

    Un journaliste indépendant, Pierre Verdi, met en évidence dans une série d’articles « l’intérêt de certains armateurs conjugué aux calculs politiques (nationaux et régionaux), sans que l’on sache vraiment qui instrumentalise qui. Tout cela s’est inséré, écrit-il, dans une remise en question, au niveau de l’Union Européenne, des sociétés « à statut » et à participation publique ». Allez lire les articles sur son blog : pericoloso sporgersi. Il s’agit d’un dossier complexe car complet. Comme l’écrit le journaliste, si le monde actuel fuit la complexité, pourtant  seul ce qui est complet s’approche de la vérité.

    Dans le contexte économique actuel où prédomine l’idéologie néolibérale, la commission européenne pèse de tout son poids pour que ’époque des entreprises publiques soit révolue pour laisser la place à des sociétés Low Cost.

    Nous verrons en avril prochain si François Hollande et son gouvernement ont gagné du temps pour finalement donner raison à la commission européenne. Seul l’Etat peut montrer une volonté politique dans ce dossier, sachant que l’actionnaire privé de la SNCM (Transdev, filiale de Véolia) veut se désengager. Si le financement des nouveaux navires et une restructuration du capital de la SNCM n’interviennent pas, François Hollande en portera l’entière responsabilité et un remaniement ministériel ne justifiera pas une décision prise de longue date. Cela ne pourra pas passé pour un revirement pragmatique mais apparaitra comme une complicité.

    Plus que jamais, les personnels de la SNCM et leurs syndicats doivent rester vigilants et mobilisés ! Plus que jamais, ils ont besoin de tous les soutiens !

    Matalone

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