• SNCM : le gouvernement abandonne le navire !

    napo_crépusculeVéolia reprendrait  66 % du capital de la SNCM pour un euro symbolique après un accord actionnarial avec la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC) et Veolia Transdev (VTD) passé cet été. L’euro symbolique, c’est ce que le président du conseil de surveillance de la SNCM, Gérard Couturier, avait proposé il y a plusieurs mois à Paul Giacobbi, président du Conseil exécutif de la Corse. Cette  proposition avait été reçue comme une provocation et jugée « inconvenante ». La dette de la SNCM est de 76 millions d’euros.  Nous verrons comment Véolia va gérer cette situation.  Trent-cinq millions ont déjà été provisionnés en 2012 pour faire face à la situation financière. L'Etat reste actionnaire à 25 %, et s’est donc débarrassé du problème en laissant Véolia, seul décisionnaire.  Par cet abandon, il  portera la responsabilité de la disparition de la compagnie si la Cour de justice des communautés européennes exige de la SNCM le remboursement de 40 à 50 millions d'aides publiques perçues avant sa privatisation en 2005.

    Les marins CGT de la SNCM et de la CNM ont déposé un préavis de grève pour le 5 mars prochain. L’inquiétude des salariés est entretenue par le PDG de Veolia Environnement Antoine Frérot, qui n’a pas l’intention de renflouer la SNCM, mais aussi par la directive Bolkenstein. Le projet de loi du ministre Frédéric Cuvillier prévoit l'ouverture des lignes maritimes du service public de continuité territoriale au pavillon international. Tout ce que la CGT et les autres syndicats de la SNCM et de la CMN craignaient et dénoncent comme « un modèle de la directive Bolkenstein ». L’objectif de ce projet de directive, rédigée dès 2003, est l’instauration d’un marché unique des services dans l’Union européenne, non en harmonisant par le haut les législations sociales des Etats-membres mais en les nivelant vers le bas, sous les coups de boutoir de la concurrence dite « libre et non faussée ». C’était la concurrence généralisée et la remise en cause du droit d’un Etat-membre à des services publics puisqu’ils étaient, pour l’essentiel, soumis à la concurrence. Le principe de base de cette directive était celui du « pays d’origine ». Selon ce principe, un prestataire de services était uniquement soumis à la loi de son pays d’origine. C’était une attaque incroyable contre les droits du travail les plus avancés. L’œuvre de dumping social se poursuit et entraîne les difficultés rencontrées par la SNCM et la CNM avec toutes les conséquences envisagées en matière d’emploi et de sous-traitance.

    La CGT se bat depuis plusieurs années pour l'obligation du pavillon français et les droits sociaux des marins français. Elle se bat pour le service public et la continuité territoriale, en dénonçant une politique qui favorise les compagnies étrangères dont certaines ont bénéficié des subventions de la CTC sans être soumises à la loi française en matière de droit du travail et d’imposition. Elle se bat pour les emplois des salariés et la préservation de la flotte. Le gouvernement de gauche, malgré des promesses électorales, fuit ses responsabilités et finalement va « légaliser les pratiques de Corsica Ferries », pratiques qui, ajoutées à des décisions judiciaires,  poussent à la liquidation de la SNCM et de la CNM.

    Les marins de la CGT demandent  la modification de la partie maritime du projet de loi sur les Transports, le rejet de l’accord patronal de compétitivité emploi, la réunion du conseil de surveillance ainsi que l'annulation des sanctions et poursuites contre les dirigeants syndicaux. À la CMN, le syndicat CGT réclame, aussi, une compensation financière de la perte programmée de la participation 2012.

    Les syndicats ne font plus confiance en ce gouvernement de gauche qui est en train de les abandonner et cautionne les projets de libéralisation du secteur maritime. Cela risque de durcir le conflit social en plein appel d'offres pour la prochaine DSP relative à la desserte maritime  corse.

    De leur côté, les marins du Syndicat des travailleurs corses de la SNCM ont commencé mardi une grève de 48 heures qui aurait entraîné la suspension des huit traversées entre la Corse et le continent. Les revendications portent sur l'emploi et l'organisation du travail à bord des navires, a déclaré à l'AFP Alain Mosconi, secrétaire national maritime de ce syndicat,. « La direction de la SNCM a un comportement totalement irresponsable, que ce soit en termes d'emploi ou d'organisation du travail à bord des navires. On a discuté hier (lundi) pendant six heures et ça n'a rien donné » a-t-il ajouté.  Toujours selon ce syndicaliste, la situation se serait dégradée et ne serait plus « tenable ».  Une grève illimitée est envisage par ce syndicat si d'ici le 19 mars (journée nationale d'action) satisfaction n’est pas donnée aux revendications.

    Le STC ne se bat donc pas sur la même ligne que la CGT et reste en marge des problèmes posés pour l’avenir de la SNCM. Ce syndicat est favorable à une compagnie corse avec le concours de la collectivité territoriale. Toutefois M. Mosconi dénonce aussi l'attitude du gouvernement, toujours responsable de l'organisation du service public et de la continuité territoriale.

    La SNCM, auparavant compagnie publique, a été privatisée au printemps 2006, avec l'entrée  de Veolia Transport et de Butler Capital Partners au capital. Le groupe Veolia détiendrait donc 66% du capital, l'Etat (25%) et les salariés (9%). La SNCM emploie un peu moins de 2.100 salariés dont 1.409 navigants. Il faut ajouter les emplois induits par la sous-traitance.

    Pidone

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