• SOS pour Kobane

    kobane

    Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont attaqué l’Irak pour destituer Saddam Hussein sur le faux prétexte de l’arme nucléaire. Le 11 septembre avait été le prétexte à l’intervention en Afghanistan contre les Talibans et Ben Laden. Pour la Lybie, la France a été l’élément moteur de l’intervention sous la présidence de Sarkozy, soupçonné aujourd’hui d’avoir bénéficié de l’aide financière de Kadhafi à sa campagne électorale de 2007…  Aujourd’hui, l’Etat islamique semble la conséquence de toutes ces interventions et de l’aide apportée à la rébellion en Syrie et en Lybie. Il aura fallu des égorgements filmés pour qu’une coalition amenée par les Etats-Unis organise des frappes aériennes contre un pseudo Etat islamique sanguinaire et suicidaire. Les frappes aériennes ne sont pas suffisantes et tous les spécialistes le clament. Malgré cela, les nations dites civilisées font le service minimum pendant que des populations sont massacrées. La réaction a surtout été tardive et les jihadistes ont pu se déchaîner, accaparer territoires, richesses et armes, tout en se livrant à des pogroms sur les Kurdes, les Chrétiens et les Azeris. 

    Aujourd’hui, les Kurdes se retrouvent seuls pour contenir des bandes d’assassins suréquipés qui ont fait de Kobane une bataille décisive pour contrôler la région et s’implanter durablement. Le siège de Kobane en Syrie, près de la frontière turque, a mis sous les projecteurs le rôle cynique joué par l’Etat ottoman et son président Erdogan. Non seulement, la Turquie est restée faussement neutre dans ce conflit, sous prétexte de sauver la vie de ses otages (qui n’étaient pas directement menacés) mais elle est le passage libre des jihadistes venus de tous les continents pour grossir les rangs de l’Etat islamique. Pire, les tanks turcs assistent au siège de Kobane, non pas pour sauver des vies humaines mais pour empêcher les Kurdes turcs d’aller combattre aux côtés de leurs frères syriens. Des manifestations de Kurdes sont réprimés durement en Turquie et la police turque a tué des manifestants et fait de nombreuses arrestations. On tue des Kurdes des deux côtés de la frontière.  Les Kurdes se retrouvent ainsi entre l’Etat turc qui les opprime et les réprime depuis des décennies et maintenant les jihadistes qui les massacrent. Les seuls vrais combattants kurdes sont ceux du mouvement de libération kurde PKK en turquie et les peshmergas irakiens. Le PKK, à la demande de la Turquie, a été mis sur la liste des groupes terroristes par les Etats-Unis, alors qu'il s'agit d'un problème intérieur turc et identitaire.

    Malgré les frappes aériennes et la fourniture d’armes qui n’arrivent pas entre les mains de tous ceux qui résistent aux jihadistes, ce conflit révèle les responsabilités des Etats-Unis et de ses alliés dans la situation tragique où se trouvent des communautés, mais aussi le rôle ambigu de l’Etat turc entre les mains d’un pouvoir islamiste et ultranationaliste qui refuse de reconnaître le génocide arménien. L’opinion publique internationale devra comprendre que la Turquie aura changé lorsque l’Etat turc reconnaîtra ce génocide.

    L’état islamique doit être combattu par une large coalition qui met les moyens aériens et terrestres pour sauver d’abord Kobane. La Turquie doit être sanctionnée pour non assistance à personne en danger, si elle continue à mener une politique internationale dont la marque est le « cynisme ». Le PKK doit être retiré de la liste des mouvements terroristes. La Turquie n’a plus d’otages puisqu’elle les a récupérés contre la libération de jihadistes. Malgré cela, ses troupes assistent avec des jumelles au siège de Kobane où se livre une bataille entre des jihadistes, surarmés et entraînés, contre les habitants de ce bourg peuplé en majorité par des Kurdes syriens.

    Si Bachar El-assad reste un dictateur retranché derrière ce qui reste de son armée, il représente un moindre danger pour le peuple syrien, lorsque l’on voit ce que font les jihadistes qui se sont attaqués d’abord aux rebelles démocrates qui avaient initié la rébellion contre le dictateur, puis à tous les communautés de ceux qu’ils désignent comme des infidèles. Il est clair que  réduire l’EI ne renforcera pas Bachar El Assad mais sauvera ce qu’il reste des peuples syrien et irakien.

    En proférant des menaces et en décapitant des Américains, des Britanniques et un Français, l'EI a cru effrayer le Monde entier et recruter tous les cinglés de la terre. Ses meneurs et ses bourreaux n’ont fait que renforcer notre dégoût et la réprobation unanime. Les assassinats médiatisés ne doivent pas occulter les massacres atroces perpétrés loin des caméras et qui ne font l’objet que de rares images. Le plus grand nombre des victimes est constitué de gens du peuple syrien et du peuple Irakien, des gens de différentes communautés, des gens tués pour leurs appartenances religieuses ou ethniques.

    Si Kobane tombe entre les mains des jihadistes, les nations porteront la responsabilité des massacres et, en premier lieu, la Turquie et les Etats-Unis. Souvenez-vous de Srebrenica en ex-Yougoslavie ? Va-t-on vivre une nouvelle honte de l’humanité. A Srebenica, les troupes serbes de Bosnie avaient tué 8000 Musulmans en 1995, en présence des forces de l’ONU qui devaient protéger les populations. C’est Staffan de Mistura qui a rappelé cet épisode tragique en ces termes : « Vous vous souvenez de Srebrenica ? Nous, oui, nous n’avons pas oublié et nous ne nous le pardonnerons sans doute jamais », lors d’une conférence de presse à Genève, au cours de laquelle il a exhorté la Turquie à ouvrir sa frontière pour permettre aux volontaires de rejoindre les miliciens kurdes qui défendent Kobané, et ce qu’il reste de sa population. Sinon, a-t-il averti, si la ville tombe aux mains des djihadistes, « les civils seront très probablement massacrés ». « Quand il y a une menace imminente contre les civils, nous ne pouvons pas, nous ne devons pas, rester silencieux », a clamé l’envoyé spécial des Nations Unis en Syrie.

    A Kobane, les Etats des Nations Unies se mettront-ils une fois encore au ban de l’humanité ? Les frappes aériennes ne suffiront pas à justifier leur manque d’implication pour sauver des vies humaines.  Pour l’Etat Turc négationniste, il pourrait faire un premier pas humaniste pour retrouver son honneur perdu en 1915. Sa passivité ne plaide pas en sa faveur et dévoile sa réalité cachée derrière le lobbying qu’il déploie pour paraître fréquentable, notamment aux yeux des Européens.

    En France et en Allemagne notamment, les Kurdes, soutenus par d’autres communautés, ont manifesté pour lancer un « SOS ». Selon une étude réalisée en 2006 par Rusen Werdi (experte de l’institut kurde de Paris), les Kurdes représentaient une communauté de plus de 150.000 personnes réparties sur tout le territoire français, avec une forte concentration en Île-de-France, en Alsace, en Lorraine et dans les Bouches-du-Rhône. Elle était formée de près de 90% de Kurdes de Turquie. On comptait environ 6500 Kurdes iraniens et 4800 Kurdes irakiens. Le reste était formé de Kurdes de Syrie, du Liban et des ex-républiques soviétiques du Caucase. Les premiers migrants kurdes sont arrivés dans le cadre des accords bilatéraux entre la France et la Turquie signés en 1965. Ces immigrés - une main-d'oeuvre masculine principalement - ont quitté leur terre pour des raisons économiques et ont longtemps occulté par habitude leur «kurdité». Les événements politiques dans les différents pays (révolution islamique en Iran en 1979, coup d'Etat militaire en Turquie en 1980...) ont ensuite précipité l'arrivée massive des Kurdes en Europe et notamment en France. L'ouverture de la France à cette immigration a notamment reposé sur l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, réputée plus sensible à la question kurde. Depuis lors, l’exil des Kurdes n’a fait que s’amplifier d’abord à cause de la répression policière dont ils font l’objet en Turquie et par les agressions dont ils sont victimes en Irak et en Syrie.

    Au Proche-Orient, les populations kurdes sont principalement implantées dans le Nord de l’Irak, et de part et d’autre de la frontière turco-syrienne.

    Le Kurdistan (signifiant littéralement « Pays des Kurdes » ; en kurde : Kurdewarî, anciennement transcrit Kurdistan, Kurdistan, kurdi) est une région géographique et culturelle d'Asie occidentale, majoritairement peuplée par les Kurdes. Cette région s'étend dans le sud-est de la Turquie, dans le nord-est de l'Irak, dans le nord-ouest de l'Iran et sur deux petites régions au nord-est et au nord-ouest de la Syrie1. Sur ces quatre pays, seuls deux reconnaissent officiellement une région sous la dénomination de « Kurdistan » : l'Iran avec sa province du Kurdistan et l'Irak avec sa région autonome du Kurdistan. Les Kurdes représentent une importante minorité en Turquie, 20 % de la population, mais le kémalisme menace depuis la création de l'État turc l'identité kurde notamment par le déni total de son existence, l'interdiction de la langue kurde ou les répressions permanentes par l'armée turque. En 1978, Abdullah Öcalan fonde le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), union du nationalisme séparatiste kurde et du marxisme-léninisme. Voulant passer à l'action armée, ses membres subissent la répression qui suit le coup d'État du 12 septembre 1980. L'insurrection du PKK débute véritablement en août 1984 dans la Région de l'Anatolie du sud-est. L'état d'urgence s'étend au fur et à mesure à l'ensemble de la région et à quelques provinces voisines.

    Durant la décennie 1990, le gouvernement turc reconnaît finalement l'identité kurde, promet un investissement économique dans la région et offre aux Kurdes la possibilité de s'organiser politiquement légalement, tout en menant des opérations offensives contre le PKK, jusque dans son sanctuaire irakien. L'organisation étend son action en Europe et vise directement les touristes (deuxième ressource du pays). Ses demandes de pourparlers sont toutes rejetées, l'armée menant une stratégie contre-insurrectionnelle tant dans le Kurdistan turc qu'irakien.

    Le 15 février 1999, Abdullah Öcalan est capturé à Nairobi. Un an plus tard, le PKK annonce un cessez-le-feu. Toutefois, ce dernier annonce mettre fin à son cessez-le-feu le 1er juin 2004. Le gouvernement turc estime que les membres de l'organisation seraient de l'ordre de 3 000 à 4 000 rebelles (en 2004), opérant principalement dans le nord de l'Irak.

    Depuis 2004, l'armée de l'air turque mène des bombardements contre les bases du PKK en Irak en réponse aux attentats perpétrés sur le sol turc. Elle affirme ainsi avoir tué près de 100 rebelles en août 2011 lors de raids transfrontaliers5. En 2012, la situation n'est toujours pas stabilisée.

    [source Wikipédia]

    Le 21 mars 2013, le chef du PKK, Abdullah Öcalan a appelé à la signature d'un cessez-le-feu historique avec la Turquie, qui redoute toujours une unification des turkistans turc et irakien et a obtenu des Etats-Unis le classement du PKK dans les mouvements terroristes de notre planète. Doit-on penser que les assassinats des Kurdes de Syrie et d’Irak arrangent les affaires intérieures turques ? Doit-on penser que les assassinats de chrétiens et plus particulièrement arméniens réjouissent les ultranationalistes islamistes turcs et leurs représentants au pouvoir ? 

    Aujourd’hui à 13 heures : Les jihadistes ont pris la moitié de Kobane et encerclent la ville. Jusqu'à 700 civils se trouvent encore dans le centre-ville, dont une majorité de personnes âgées, et entre 10000 à 13000 sont rassemblés tout près de la frontière. Depuis le début de l'offensive dans la région, plus de 550 personnes, en majorité des combattants, ont péri et quelque 70 villages sont tombés aux mains de l'EI.  La situation est désespérée et les combattants kurdes vont être à cours de munitions. Pendant ce temps les tanks turcs regardent le train de l’histoire passer.

     Fucone

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