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To be or not to be?
Faisons un petit tour non exhaustif, ciblé et librement commenté de l’actualité.
To be or not to be ? La perfide Albion fait partie de l’union européenne mais n’est pas entrée dans la zone Euro. Elle a gardé sa livre sterling. Son déficit budgétaire qui était de 7,4% a été ramené sur les 12 mois à fin mars à 6,6%, son plus bas niveau depuis la crise financière, selon les statistiques officielles publiées mercredi. Le chiffre annoncé mercredi correspond à la prévision publiée en mars par l'Office for Budget Responsibility (OBR), l'organisme indépendant de surveillance des finances publiques. Toutefois cette évaluation exclut les coûts directement liés au traitement de la crise financière, notamment l'impact des achats d'actifs de la Banque d'Angleterre ou le financement des retraites du groupe Royal Mail, privatisé l'an dernier.
En 2010, le déficit budgétaire britannique atteignait 11% du PIB, l'un des plus élevés des grandes économies développées et la Grande-Bretagne continue d'afficher des performances budgétaires inférieures à celle de ses pairs, la moyenne des économies avancées étant revenue à 4,7% du PIB en 2013 selon le Fonds monétaire international (FMI). En masse, le déficit budgétaire a diminué de 6,5% d'une année sur l'autre en 2013-2014, à 107,7 milliards de livres (130,8 milliards d'euros).
Les résultats britanniques démontrent que ce n’est pas la monnaie unique européenne qui est la cause de la crise financière mais bien les politiques libérales, en sachant que les Britanniques ont une des politiques les plus libérales d’Europe. Toutefois, en évitant d’entrer dans la zone Euro, ils ne sont pas mis en demeure, comme la France, au point de réduire leur déficit à 3% en 2015, alors que la France n’a jamais atteint les 11% britanniques. Fidèle à leur idéologie ultralibérale, les Britanniques veulent bien bénéficier du marché européen mais non pas se voir imposer les contraintes budgétaires des pays de la zone Euro. La Grande-Bretagne agit, comme un cheval de trois, pour toujours davantage libéraliser l’économie des pays de la zone Euro. Aujourd’hui on apprend qu’ils accusent la France de les polluer. La pollution de Londres viendrait de Paris. Ils ne veulent que les capitaux français pas les nuages même si la météo nous montre qu’ils passent la Manche plutôt d’Ouest en Est que l’inverse. Le célèbre « Fog » londonien ne date pas d’aujourd’hui mais nous ignorions qu’il naissait à Paris et traversait la Manche. On se souvient du premier ministre David Camerone « prêt à dérouler le tapis rouge aux exilés fiscaux français » et il ajoutait : « Cela paiera nos services publics et nos écoles et tout le reste». Il a fait ces déclarations lors d’un G20 après que François Hollande ait promis (promesse non tenue) une fiscalité ciblée sur les plus hauts revenus. François Hollande s'est engagé pendant la campagne présidentielle à porter à 75% le taux de l'imposition pour les revenus annuels supérieurs à un million d'euro.
On comprend bien que ce ne sont pas les services publics qui sont responsables du déficit budgétaire mais, en grande partie, la fraude fiscale et un système d’imposition plus favorable aux riches qu’aux autres. 60 à 80 milliards d'euros ! C'est le montant de la perte fiscale que coûte chaque année la fraude, soit une bonne partie de notre déficit public qui a atteint 98,2 milliards d'euros en 2012. Pourquoi continuer à faire peser la pression fiscale sur les ménages, alors que "60 Etats voyous sont en train de pomper la richesse mondiale"?
Les cadeaux fiscaux faits aux entreprises (qui continuent à licencier et à délocaliser)sont compensés par des suppressions de postes de fonctionnaires, des prestations sociales toujours moins remboursées, des gels de salaires et des impôts sur les revenus qui rognent le pouvoir d’achat des plus défavorisés et des classes moyennes. D’ici 2015, l’Etat doit économiser 50 milliards d’euros qu’il faut mettre en parallèle avec un allègement de 30 milliards des cotisations patronales, auxquels s'ajoutent plus de 10 milliards de baisse de la fiscalité (d'ici 2017). Les ménages n’auront que 5 milliards d’allègements alors qu’ils ont été davantage imposés directement ou indirectement depuis 2012. Devant ces mesures d’austérité pour les uns et les cadeaux pour les autres, comment ne pas s’indigner lorsque l’on annonce que les rémunérations du grand patronat ne cessent d’augmenter ? Les exemples sont récents. Le patron de Peugeot a quitté ses fonctions en janvier 2014 avec une retraite-chapeau de plusieurs millions d’euros (21 selon la CGT), alors que le site de Sochaux fermait en délocalisant une partie du personnel sur d’autres sites et en en mettant au chômage une autre partie. Selon la CGT, 2 200 salariés ont reçu des primes entre 40 centimes d'euros et 18 euros. «Les salariés sont excédés et ne comprennent plus la politique salariale de l'entreprise. Quitte à prendre des primes pareilles, autant les reverser aux Restos du cœur, parce que si ça continue c'est nous qui allons finir là-bas», a annoncé Cédric Brun, secrétaire de la CGT locale. .Des patrons perçoivent des primes alors qu’ils font des plans de licenciements.
Que fait François Hollande ? La presse people nous dit qu’il essaie de recoller les morceaux avec Valérie Trierweiler, que son conseiller politique démissionné l’a traité de « salaud » … les faiblesses du monarque et les bassesses de ses courtisans s'étalent en temps réel dans les média. Pour faire croire qu’il est toujours socialiste et rassurer son aile gauche (toujours prompte à rentrer dans les rangs), il va faire un pèlerinage sur les traces de Jean Jaurès. Il se rend à Carmaux où le 16 avril 2012, candidat encore socialiste à la présidentielle, il avait déposé une gerbe de fleurs devant la statue d’un Jean Jaurès rabaissé à une mise en scène médiatique pour un président de la république qui a nommé un Premier ministre voulant effacer le mot même de socialisme pour le ranger au musée comme idéologie d’un siècle passé. Pour Sylvie Bidal, responsable à la section PS de Carmaux, la nomination de M. Valls au poste de premier ministre, « qui a toujours été à l'aile droite du parti » – et qui a voulu en changer le nom pour supprimer la référence au socialisme –, symbolise le fossé qui s'est creusé entre socialistes. « Ils réduisent les charges patronales et tirent sur les prestations sociales destinées aux moins favorisés. Ils sont sur la lune, ils sont déconnectés des réalités que vivent les Français. »
Qu’a fait François Hollande ? Rien qui puisse lui donner une filiation politique avec Jean Jaurès. Rien qui lui donne le droit de s’y référer, ni sa politique libérale ni la nomination d’un Manuel Valls comme Premier ministre, ni la gestion des plans sociaux et des grèves systématiquement sous évaluées. Aussi, malgré un écrémage et le service d’ordre, il a subi quelques huées des Carmausins. Dans la foule, une Carmausine lui a lancé : « Vous êtes venu à Carmaux il y a deux ans et vous ne tenez pas vos promesses. Pensez à nous, pensez à nous. Jaurès il ne parlait pas comme vous et vous venez le saluer aujourd’hui. Pensez-y ! Pensez-y ! ». Il est vite passé en prétendant avoir tenu ses promesses. Il est bien le seul à oser le dire.
Que va-t-il dire aux Britanniques qui accusent la France de polluer Londres non pas la Bourse de la City avec des capitaux mais l’atmosphère avec des gaz toxiques ? On se souvient qu’il est allé rassurer les Financier à Londres en février 2012 en disant « Je ne suis pas dangereux ! », un mois après son discours du Bourget (rédigé par Aquilino Morelle, son conseiller trop bien chaussé) et son fameux : « Mon ennemi, c’est la Finance". On ne savait pas encore qu’il en était l’ami.
Décidément, François Hollande a choisi d’aligner la France sur les modèles anglo-saxons et nordiques, c’est-à-dire un modèle libéral qui n’a pas de meilleurs résultats que ce qu’il reste encore du modèle social français, même si des économistes indépendants des lobbies ultralibéraux expliquent que la politique libérale maintient l’économie en crise et qu’elle n’est pas la solution. Il s’accroche à la courbe du chômage pour l’inverser grâce à un virage à droite. Il ne connaît comme mer que la Manche et comme fleuve que le Rhin. Comme son ami Pascal Lamy, il navigue à 100° latitude Nord, là où la social-démocratie n’est qu’une opposition libérale à la droite ultralibérale. Peut-on encore parler de Gauche si ce n’est la localisation dans l’hémicycle d’un parlement ?
Pourtant, il existe une alternative conforme aux valeurs de la gauche mais François Hollande préfère suivre les rails de la droite. Hollande n’écoute plus que les libéraux. Au train où il va, on se demande s’il finira son mandat avec la même législature et le même premier ministre. Il n’obtiendra pas de nouvelle légitimité à droite (même en accélérant et en aggravant la politique d’austérité). Il a perdu celle qu’il a obtenue à gauche lors de son élection. Sa côte de popularité reste très basse.
Les Britanniques se posent toujours la question « être ou ne pas être » européen. François Hollande ne se pose plus la question « être ou ne pas être » socialiste. Depuis ses vœux pour l’année 2014, il n’essaie même plus de le paraître. Il va sans doute à Carmaux, non pas pour suivre l’exemple de Jean Jaurès, mais pour récupérer une section du PS un peu trop critique à son égard. On peut lui retourner ce qu’il a dit de Sarkozy à Carmaux le 16 avril 2012, ironisant sur le fait que son prédécesseur avait cité plusieurs fois Jaurès dans ses discours sans avoir donné son nom à une rue de Neuilly sur Seine. Aujourd’hui, Hollande Président ne peut plus redire le discours que le candidat Hollande avait fait au Carmausins. S’il n’est plus socialiste comme Jean Jaurès, il reste un homme de parti et se comporte parfois comme le chef du PS. C’est lui qui a démis Harlem Désir en le nommant ministre des affaires européennes. C’est lui qui a nommé Jean-Christophe Cambadélis à la tête du PS, ce qui n’a pas plu à tous les militants.
François Hollande peut jouer du flegme britannique, il ne trompera plus personne. Il a choisi la politique d’une Droite qui attend de reprendre le pouvoir et participe à l’abstentionnisme des électeurs de gauche qui ne lui feront plus confiance.
Le Front de gauche participe à réunir tous les militants, mouvements et partis qui sont les véritables héritiers des grands hommes de l’histoire de la gauche. Il ne s’agit pas de trouver un leader providentiel mais de définir et de mettre en œuvre une politique économique et sociale qui n’est pas celle imposée par des lobbies mais qui place l’humain d’abord. Cela ne peut se faire que dans une démocratie réelle que ne garantit plus la constitution de la Cinquième république. Il est grand temps que le peuple prenne son destin en main et ce n’est ni dans l’abstention ni chez le Front national, que nous pourrons retrouver l’espoir de jours meilleurs. Être de gauche, c’est privilégier toujours le « social », racine du mot « socialisme ».
Pour une véritable alternative dans le respect de chacun, la Gauche est porteuse d’espoir. Il s’agit de s’opposer à la politique de soumission et du changement qui ne change rien maintenant et ne changera rien demain, pour empêcher le retour d’une droite décomplexée toujours prête à accroître des privilèges que Hollande aura préservés, voire consolidés. C’est aussi ne pas se livrer pieds et poings liés au grand marché transatlantique et à un ultralibéralisme qui mettent l’humain au service de l’économie pour le profit de quelques-uns. C’est construire une Europe des peuples et non pas une Europe du retour à l’esclavage. C’est aussi éviter l’ostracisme, la xénophobie du Front national et de l’extrême-droite européenne. C’est ne pas faire de l’Europe du chômage le terreau du fascisme.
U barbutu
Tags : Hollande, Britanniques, Cameron, Carmaux, Jaurès, Europe, Euro
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