• Tous pourris? A qui la faute?

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    Trois nouvelles affaires sont venues démontrer qu’il y a bien un problème de moralisation de la vie politique.  L’ex-ministre de l’intérieur Claude Guéant est empêtré dans des histoires de gros sous. Le fils de Laurent Fabius achète un bien immobilier pour la modique somme de sept millions d’euros alors qu’il n’est pas imposable et ne peut justifier de revenus. Enfin un conseiller de l’ancienne Ministre de l’économie et des finances et actuelle directrice du FMI, aurait fait modifier le tracé d’une nouvelle voie de TGV pour éviter qu’elle ne passe dans une propriété familiale.

    Reprenons chaque affaire :

    Monsieur Claude Guéant  est  mis en cause par le nommé Takieddine qui dénonce un financement occulte de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 par Kadhafi. Les investigations ont révélé qu’à l’époque il avait reçu sur son compte bancaire un versement de 500.000 € en provenance de l’Etranger et qu’il avait fait des dépenses importantes en espèces non déclarées au fisc et de provenance indéterminée.  Devenu avocat, l’ancien ministre explique qu’il a vendu deux tableau d’un peintre hollandais à un confrère malaisien pour le montant de 500.000 €  et qu’il percevait plusieurs milliers d’euros par mois de primes (dites frais de police) lorsqu’il était au cabinet du ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy sous la présidence de Jacques Chirac. Les faits remontent dans la période  qui a précédé l’élection de Sarkozy.  Selon la presse, les tableaux vendus ne seraient pas évalués au prix évoqué par Claude Guéant et cela laisserait penser qu’il a fait une très bonne affaire au détriment de son confrère malaisien.  Claude Guéant, qui se dit peu informé sur le marché de l’art, aurait acheté les toiles il y a une vingtaine d’années.  Pour le moment, aucun journaliste ne lui a demandé combien il les avait payées et à qui il les avait achetées. Mais ce n’est pas tout. Nous apprenons qu’il aurait dû faire une déclaration au ministère de la Culture et obtenir un certificat d’exportation. Il  aurait donc exporté illégalement des œuvres d’art. C’est un délit puni d’une peine d’emprisonnement et d’une forte amende.  En outre, il dit qu’il aurait pu fournir immédiatement au juge des justificatifs lors de la perquisition qui a entrainé les découvertes des mouvements de fonds mais que personne ne les lui a demandés. Etonnant ! Tous les fonctionnaires et les juges vous diront que, lors d’une perquisition, le but est de récupérer tous les documents relatifs aux découvertes. En ce qui concerne les dépenses en espèces, l’explication de Claude Guéant est encore plus surprenante. Il percevait en espèces des sommes mensuelles de plusieurs milliers d’euros alors que toutes les primes en espèces étaient supprimées depuis 2002 dans tous les ministères. Mme Roselyne Bachelot et un ancien ministre de l’Intérieur Pierre Vaillant l’ont confirmé. Mme Bachelot a même ajouté que Monsieur Guéant était un menteur ou un voleur car il ne peut pas justifier d’avoir bénéficié de ces primes si elles existaient encore. Il s'agirait d'une malversation dans l'exercice d'une fonction publique, particulièrement dans le maniement des deniers publics. En droit pénal, on appelle cela de la concussion. D’après des sources policières, les frais de police étaient prévus pour les fonctionnaires actifs et, après 2002, étaient payés par virement et fiscalisés. En tout état de cause, il ne s’agissait pas de plusieurs milliers d’euros mais de quelques centaines pour les plus importantes. L’explication de Claude Guéant est déjà mise à mal par plusieurs personnes dont un collaborateur de Villepin lorsque ce dernier était Ministre de l’Intérieur de mars 2004 à mai 2005, durant la période où Nicolas Sarkozy avait quitté ses fonctions pour prendre la tête de l'UMP. Selon toute logique, si le système des primes en liquide a perduré jusqu'en 2006, les membres de son cabinet auraient dû en bénéficier. Or ce ne fut pas le cas. En tout état de cause, avant 2002, les bénéficiaires de frais de justice en espèces faisaient l’objet de listings archivés. Si cela a continué, il doit rester les archives d’une comptabilité même si elle était confidentielle. Un syndicat de policiers réclame un audit.  L’instruction judiciaire apparaît prometteuse. S’agit-il de blanchiment d’argent ou bien d’une affaire de concussion et d’exportation illégale d’œuvres d’art ?

    Thomas Fabius ,  fils de notre actuel ministre des affaires étrangères, a déjà été condamné pour abus de confiance et mis en cause par un associé dans une autre affaire. Agé de 31 ans,  il a fait l’acquisition en juin 2012 de l’ancien appartement du cinéaste Claude Zidi pour la coquette somme de 7 millions de francs. Comme il n’est pas imposable et ne justifie d’aucun revenu, il a fait l’objet d’un signalement Tracfin qui aurait dû déclencher immédiatement une enquête fiscale. Une première question qui se pose : Pourquoi cette enquête n’a pas été déclenchée ?  Ensuite il faudra déterminer comment un individu sans revenu imposable peut s’offrir un bien immobilier de 7 millions d’euros.  On ne peut que constater que l’acquisition est réalisée un mois après l’élection de François Hollande. On se demande alors si Thomas Fabius a bénéficié de la bienveillance de Cahuzac et Moscovici pour ne pas faire l’objet d’une enquête fiscale pourtant largement justifiée. Le Point précise que Thomas Fabius a expliqué avoir contracté un prêt bancaire pour réaliser cette opération, avec comme garantie sa société TF conseils (société dans laquelle il est en litige avec ses associés). «Mais quand on se penche sur les comptes de ladite société, on ne trouve trace d’aucun salaire, ni dividende» et elle aurait réalisé un bénéfice de 92.532 euros en 2010 et de 11.880 en 2011, poursuit le magazine, ajoutant que le jeune homme aurait indiqué à un agent immobilier avoir «un budget de 7,5 millions d’euros, en partie gagné au jeu».

    François-Gilles Egretier, un ex-conseiller de Christine Lagarde au ministère de l'Economie, vient d'être mis en examen pour prise illégale d'intérêt par le juge Renaud Van Ruymbecke, révèle Sud-Ouest. Il  aurait obtenu de  faire changer le tracé de la nouvelle voie de TGV parce que le tracé initial passait par une propriété familiale.  Comment a-t-il obtenu ce passe-droit coûteux pour le projet et injuste pour les propriétaires expulsés sur le nouveau tracé ?

    Après les comptes offshores de Jérôme Cahuzac et les différentes affaires qui touchent le monde politique, les élus ne peuvent continuer à se plaindre du « tous pourris » et accuser ceux qui dénoncent les trafics d’influence de « populisme », sans mettre un terme à toutes les dérives.  Une liste de 3000 comptes offshores détenus par des Français est en circulation. Eric Woerth l’aurait eu entre ses mains. Il est temps de saisir la justice et de poursuivre les fraudeurs. Il est temps de réglementer le système bancaire et d’interdire l’ouverture de comptes secrets dans des paradis fiscaux. La promiscuité entre les milieux d’affaires, du journalisme et de la politique est la première cause des dérives.  Des incapacités et des inéligibilités apparaissent justifiées.  Les statuts du Chef de l’état et des élus doivent être revus en matière d’immunité pour éviter la prescription des délits commis.

    Tous pourris ? A qui la faute ?...

    Si rien n’est fait pour réellement moraliser la vie politique, on pourra alors vraiment penser « Tous pourris ! ».  Pour éviter une véritable fracture entre le peuple et les politiciens, ces derniers devraient agir. La passivité et les fausses mesures ne sont plus de mise car le « Tous pourris » progresse et profite à l’extrême-droite. Le soutien inconditionnel apporté par leurs pairs aux politiciens mis en cause apparaît comme une complicité.  Le refus de la transparence en opposant au « Tous pourris » l’honnêteté inattaquable des politiciens n’est pas une réponse à la demande de moralisation.  Toute entrave a cette moralisation serait un pas de plus vers le « Tous pourris ».  La mise  à l’index d’un pseudo-populisme de gauche  n’est qu’un leurre affligeant et il n’empêchera pas le vrai populisme d’extrême-droite de progresser. Peut-être est-ce le but recherché par une partie de la droite favorable à une alliance avec le FN et peu soucieuse d’une moralisation qui les dérange.

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