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Tout cet argent au culte du football!
André Malraux prédisait que le siècle actuel serait religieux ou ne serait pas. Une formule sans doute faite pour entretenir son image de penseur visionnaire. Toutefois l’évolution des sociétés semble confirmer le fait religieux jusqu’au fanatisme. Il ne faut pas s’arrêter au sens premier du terme « religion » et à celles du livre que sont le catholicisme, le judaïsme et l’Islam. Notre société entretient bien d’autres cultes et en premier lieu celui de l’argent. Alors apparaissent de nouveaux cultes païens avec ses dieux : l’argent et jusque dans le monde du sport, le football. Les nouveaux dieux ont créé leur olympe libéral et font bon ménage.
Pourquoi cette introduction ? Un nouveau scandale du football et de l’argent semble couver autour des prochaines coupes du monde. Il y a celle du Brésil qui va débuter dans quelques jours et qui a été précédé d’une répression policière sans précédent dans les favelas avec des déplacements forcés de population. Un aspect scandaleux qui est occulté par la presse sportive et les grands média. Michel Platini s’est distingué en demandant à ceux qui subissent une répression sauvage de ne pas perturber la fête du football. Voilà que la presse anglaise fait peser des soupçons sur cet ancien footballeur recyclé dans le business footballistique et le cite comme ayant eu une entrevue avec un certain Mohamed Bin Hamman, soupçonné d’être le corrupteur. Des pots de vins qui auraient été distribués par les Qatariotes pour obtenir l’organisation de la prochaine coupe du Monde en 2022. Le fait est que le Qatar a obtenu cette organisation alors que rien ne le faisait envisager. Par la suite, nous apprenions que la saison de ce futur événement mondial serait changée à cause des conditions climatiques caniculaires et que des ouvriers immigrés étaient scandaleusement exploités pour la construction des infrastructures nécessaires. Il était même question d’esclavage. En 2022, la coupe ne se déroulerait pas en été mais en hiver car le choix du Qatar sera maintenu malgré vents et marées.
Aujourd’hui, la presse parle donc de pots de vin et les conditions d’obtention de la coupe du Monde par le Qatar ressortent comme inexplicables sur les plans politique, climatique, structurel, historique et sportif. Le Qatar semble vouloir faire du football une vitrine pour faire oublier son image de pays islamiste soupçonné de financer des réseaux de terroristes.
On se souvient que la candidature du Qatar a été défendue par Michel Platini et Nicolas Sarkozy alors président de la république. L’obtention de la coupe du monde par le Qatar remonte à l’époque où cet émirat a investi dans le club de foot parisien le PSG qui détient maintenant le gros budget.
Le Sunday Times dit posséder des milliers de courriels et divers documents prouvant de présumés versements financiers effectués par le Qatariote Mohamed Bin Hammam, alors membre du Comité exécutif de la Fifa et radié à vie en 2012 pour corruption. Ces documents tendent à démontrer que M. Bin Hammam, qui était aussi président de la Confédération asiatique, se servait de caisses noires pour verser des sommes en espèces à des personnalités éminentes du football. Des instances de la FIFA (fédération internationale du football) sont donc soupçonnées de corruption passive. Les Qatariotes démentent toute tricherie et veulent déposer plainte contre les auteurs des assertions de fraudes.
Les cultes de l’argent et du football font bien partie de notre siècle religieux. Leurs gourous excluent et exploitent les plus pauvres. Il n’est pas étonnant que les fanatismes prolifèrent jusqu’au-delà des stades.
Argent occulte du football ? Argent au culte du football ? Malheureusement, sur les sujets qui mettent en jeu des milliards d’euros, la presse n’en dit souvent pas assez. On nous balance quelques mots qui s’évaporent dans la propagande et les alléluias. Tous les cultes ont besoin de prêcheurs dont la mission n’est pas de dire la vérité mais d’entretenir la foi.
Il est grand temps de renforcer la laïcité et de combattre le libéralisme avec son culte de l’argent. Pour que le sport ne soit pas un objet spéculatif lié à l’argent, ne faudrait-il pas revenir à ses vraies valeurs individuelles et collectives qui, dans le champ de la morale, ne peuvent être abandonnées au cynisme mercantile mais exigent un but pratique qui est de jouer sa mission sociale de l’exemplarité.
Peut-on affirmer aujourd’hui que le sport professionnel remplit cette mission ? Il suffit de dresser la liste des diverses fraudes financières, des affaires de dopage… et d’ouvrir les yeux sur les deux prochaines coupes du monde de football pour voir la révoltante réalité en face.
U futtigninu
Tags : Football, coupe, Monde, Brésil, Qatar, FIFA, Platini, pots de vin, presse, Sunday Times
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