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Un modèle à ne pas suivre...
L'Allemagne est le modèle économique vanté par Sarkozy et Fillon ! Six Français sur dix en auraient été convaincus selon un sondage du Figaro tellement cela a été répété pour en faire un cliché. Une étude de l'Organisation Internationale du Travail (Institution de l’ONU qui travaille avec l’OCED, organisation de coopération et de développement économiques) fait de ce modèle, celui à ne pas suivre et y voit la "cause structurelle" de la crise de la zone euro. L’OIT conforte les sceptiques. Son récent rapport sur les Tendances mondiales de l'emploi relie les problèmes de croissance de la zone euro à la stratégie allemande et épingle plus spécialement la politique allemande de compétitivité par les salaires. La baisse des coûts du travail en Allemagne a empêché ses partenaires de se relancer par les exportations en déprimant la consommation intérieure.
Les coûts salariaux unitaires (soit le rapport entre l'évolution des salaires et celle de la productivité du travail) y ont augmenté de 3% entre 2000 et 2008 contre près de 20% dans l'Union Européenne à 27 et près de 30% en Espagne… Du point de vue de Sirius, c'est comme si « l'Allemagne » avait opté pour une « stratégie » de petit pays à l'échelle du monde, plutôt que d'assumer son rôle de grande économie à l'échelle de l'Union Européenne.
L’Allemagne a choisi d’exporter et pour cela pratique une politique antisociale qui a jeté des milliers de travailleurs allemands dans des emplois précaires et mal rémunérés. Pour financer sa réunification et rester compétitive sur la marché mondial, elle a fait payer le prix fort à ses travailleurs et pousse les autres pays européens sur cette même voie de l’austérité, en refusant toute solution financière à la crise et notamment le recours aux emprunts des Etats directement auprès de la Banque centrale européenne. Nous l’avons vu avec la Grèce, les Allemands ont traîné les pieds pour aider d’autres européens jugés non rigoureux. Ainsi le modèle économique et social que veut imposer l’Allemagne n'est pas un modèle à suivre, car c'est justement la chute des coûts du travail en Allemagne qui a freiné la croissance européenne depuis une décennie et, par voie de conséquence entraîné la baisse des plus bas salaires en Allemagne, puis l'aggravation de la situation des finances publiques de ses voisins européens.
Les experts de l'ONU s'appuient aussi sur des chiffres européens de l'OCDE pour démontrer que l'Allemagne, loin d'être un modèle vertueux pour ses voisins, est à l’origine de la crise. L’ultralibéralisme allemand et sa politique du coût du travail ont fait de l’euro une monnaie allemande au lieu qu’elle soit une monnaie européenne. Au service des exportations allemandes, l’euro freine les exportations des autres pays d’Europe. Par ailleurs la politique de la Banque centrale européenne, défendue par l’Allemagne, soumet les pays aux agences de notation et aux banquiers, donc à la spéculation financière. Les plans d’austérité et les délocalisations veulent ramener les travailleurs au 19èmesiècle.
L’OIT préconise de privilégier les mesures visant à accroître l’investissement dans l’économie réelle et à favoriser la transition vers des modes de croissance plus écologiques. Pour eux, il est urgent de réformer les règles de la finance, et il faut réorienter les activités du secteur de manière à soutenir l’économie réelle, en particulier les petites entreprises. Il leur paraît souhaitable de mettre en place des socles de protection sociale qui tiennent compte des priorités nationales, ainsi que le préconise le rapport du Groupe consultatif mondial sur le socle de protection sociale (présidé par Mme Michelle Bachelet et intitulé «Le socle de protection sociale pour une mondialisation juste et inclusive). Outre qu’ils constituent des moyens efficaces pour réduire la pauvreté, ces socles sont considérés comme des stabilisateurs économiques soutenant la consommation et la croissance.
Des systèmes de protection sociale bien conçus devraient, au même titre que les politiques de l’emploi, servir de tremplin pour l’emploi. Certains experts considèrent également la mise en place d’un salaire minimum ou le relèvement de ce salaire comme un moyen supplémentaire de réduire les inégalités et de rééquilibrer la croissance.
Pour information, le rapport de l’OIT « Tendances mondiales de l’emploi 2012 - Prévenir une aggravation de la crise de l’emploi » est consultable en français en cliquant ICI
Nous avons relevé un extrait significatif sur ce que préconise l’OIT à l’opposé du modèle allemand :
« De plus en plus d’éléments d’information indiquent la formation d’une boucle de rétroaction négative entre le marché du travail et la macroéconomie, en particulier dans les économies développées : le chômage élevé et la faible croissance des salaires réduisent la demande de marchandises et de services, érodant encore la confiance des entreprises, qui hésitent à investir et à embaucher. Il sera capital de rompre cette boucle négative si l’on veut qu’un redressement durable puisse s’installer. Pour générer de telles hausses durables de la productivité dans bon nombre des pays en développement, il faudra procéder à une transformation structurelle accélérée – en passant à des activités à plus forte valeur ajoutée tout en réduisant l’importance de l’agriculture de subsistance comme source principale de l’emploi ainsi que la dépendance vis-à-vis des marchés des produits de base instables pour les recettes d’exportation. Il faut améliorer encore l’éducation et le développement des compétences, établir des régimes de protection sociale adéquats qui garantissent un niveau de vie de base pour les plus vulnérables et renforcer le dialogue entre les travailleurs, les employeurs et les gouvernements pour générer un large développement reposant sur une distribution juste et équitable des gains économiques. »
Selon l’OIT, dans le monde entier, 200 millions de personnes sont actuellement sans emploi, ce qui est proche du niveau record enregistré au plus fort de la Grande récession. Aujourd’hui, la crise de l’emploi frappe plus durement les catégories de population les plus vulnérables, dans un contexte marqué par la progression du chômage de longue durée, l’augmentation du chômage des jeunes et la montée en puissance de l’emploi informel, déjà élevé. Il s’agit du visage humain de la crise et les pouvoirs publics ne peuvent rester sans réagir. Au-delà de la crise, les dispositifs nationaux de protection sociale minimale ont montré à quel point ils sont utiles pour réduire la pauvreté et les inégalités, ainsi que pour encourager une croissance économique durable et solidaire.
Donc, il est injuste et contreproductif de faire payer la dette aux salariés et aux catégories les plus vulnérables. Il faudra partager les richesses plus équitablement entre le travail et le capital, entre les pauvres et les riches. C’est la seule voie pour sortir durablement de la crise et sauver l’union européenne. L’Europe doit harmoniser sa politique économique et sociale non pas sur le modèle allemand mais en sortant du modèle allemand aux résultats trompeurs véhiculés par les ultralibéraux et les lobbyistes de Goldman Sachs.
Telle est la conclusion que nous pouvons tirer du travail de l’OIT, donc des experts de l’ONU en collaboration avec l’OCDE mais aussi de l’avis de nombreux économistes indépendants. Les chantres de la propagande ultralibérale .nous vantent aussi la discipline des Allemands. Cette discipline les a menés au nazisme après la « Grande récession » du Vingtième siècle venue des Amériques. Avec les Amériques, l’Europe des ultralibéraux nous conduit à une nouvelle grande récession du Vingt et unième siècle.
L’Histoire ne serait-elle qu’un éternel recommencement ? Le travail des historiens ne servirait-il à rien? Doit-on laisser les malheurs du plus grand nombre se répéter en toute connaissance de cause pour que les historiens aient toujours du grain à moudre ? La liberté d’expression inclue-t-elle la propagande, le mensonge, l’infamie et la manipulation médiatique ? A qui profite l’ultralibéralisme ? A 20% de riches qui prennent tous les pouvoirs grâce à un seul : celui de l’argent. Jusqu’où peuvent-ils aller pour conserver tous leurs privilèges ?...
L’Allemagne n’est pas un modèle à suivre. La solidarité qu’elle propose n’est qu’un compromis égoïste au service de sa politique économique et sociale. L’égoïsme ne partage pas. Le Front national est en train de récupérer les déçus de cette Europe ultralibérale mise en faillite par les prédateurs financiers qui spéculent, délocalisent et détruisent les outils de production. C’est une réalité que révèlent les sondages. Marine le Pen fait assaut de populisme et s’est proclamée candidate des invisibles. Le chômage et les violences économiques tuent la démocratie. Adolf Hitler avait été élu en conformité avec la légalité allemande et non par un coup d’état. Il l’a été, comme Mussolini, avec la complicité des industriels et l’approbation de millions de chômeurs qui ont retrouvé des emplois dans l’industrie des armes et l’armée. Où mènent l’ultralibéralisme et la spéculation financière? A la destruction de l’économie réelle. Et après ? L’histoire de la deuxième guerre mondiale nous le rappelle: à la récession, au chômage, à la xénophobie, à l’ultranationalisme, à la dictature, au fascisme ou au nazisme.
Signé: Pidone
Tags : Allemagne, économie, Europe, chômage, OIT, ONU, OCDE
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